Elimination de Soleimani : l’armée américaine va en « payer le prix » (Hezbollah)
"C'est l'armée américaine qui les a tués, et c'est elle qui va en payer le prix", a déclaré Hassan Nasrallah
Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a averti dimanche que l’armée américaine allait « payer le prix » pour avoir tué le général iranien Qassem Soleimani et un haut commandant irakien dans une frappe vendredi à Bagdad.
« C’est l’armée américaine qui les a tués, et c’est elle qui va en payer le prix », a mis en garde dans une allocution télévisée le chef du mouvement chiite pro-iranien, haussant régulièrement la voix avec colère.
« Le juste châtiment, (visera, ndlr) la présence militaire américaine dans la région : les bases militaires américaines, les navires militaires, chaque officier et soldat dans la région », a-t-il averti.
Son discours, retransmis sur des écrans géants dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, a été interrompu par les slogans de ses partisans, qui scandaient par moment « Mort à l’Amérique ».
Le chef du Hezbollah a averti qu’il ne fallait pas s’en prendre aux « citoyens américains », c’est-à-dire les civils.
« La bataille, la confrontation, le juste châtiment, c’est pour ceux qui ont exécuté (l’opération) et c’est l’armée américaine qui a mené à bien le meurtre et l’élimination » du général Soleimani et d’Abou Mehdi al-Mouhandis, l’homme de l’Iran en Irak et numéro deux du Hachd al-Chaabi, a indiqué M. Nasrallah.
« Quand les cercueils des soldats et des officiers américains (…) commenceront à revenir aux Etats-Unis, (le président américain Donald) Trump et son administration comprendront qu’ils ont perdu la région », a-t-il ajouté.
L’Iran a directement participé à la création du Hezbollah et leur alliance stratégique se maintient depuis des décennies. Elle s’illustre aujourd’hui par leur engagement commun en Syrie, où ils apportent un soutien militaire crucial au pouvoir de Bachar al-Assad.
Artisan de la stratégie militaire iranienne au Moyen-Orient, le général iranien Qassem Soleimani était à la tête de l’unité Al-Qods, force spéciale des Gardiens de la Révolution iraniens, chargée des opérations extérieures.
Fin de « l’occupation » américaine
Dans son allocution, M. Nasrallah a appelé l’Irak à se libérer de « l’occupation » américaine. Dimanche, le Parlement irakien a demandé au gouvernement de « mettre fin à la présence des troupes étrangères » dans le pays.
« Notre demande, notre espoir, ce qu’on attend de nos frères au Parlement irakien, c’est (…) d’adopter une loi réclamant le départ des forces américaines d’Irak », a lancé M. Nasrallah.
« Si ce n’est pas adopté au Parlement (…), d’après ce que je sais des Irakiens, des factions de la résistance irakienne, les résistants (…) ne vont pas laisser un seul soldat américain en Irak », a-t-il martelé.
Le Hezbollah utilise généralement le terme de « Résistance » pour désigner le mouvement et ses alliés, Iran et Syrie en tête, dans leur lutte contre Israël et la présence militaire des Etats-Unis dans la région, qu’il dénonce comme une puissance impérialiste.
Le chef du Hezbollah a assuré qu’il avait reçu mercredi une visite du général Soleimani, deux jours avant son décès.
Il a indiqué que le général avait quitté jeudi soir l’aéroport de Damas pour se rendre à Bagdad.
Dans un rare entretien diffusé en octobre à la télévision d’Etat iranienne, le général Soleimani avait indiqué qu’il était présent à l’été 2006 au Liban au côté du Hezbollah lors de la guerre avec Israël.
Il a raconté comment, pris sous des bombardements israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth, il a notamment évacué Hassan Nasrallah de la « chambre d’opérations » où il se trouvait, avec Imad Moughniyeh, haut commandant militaire du Hezbollah tué en 2008.
Dimanche, le site internet de la chaîne de télévision du Hezbollah Al-Manar a publié des photos d’une rencontre entre M. Nasrallah et le général iranien, dont une montrant le commandant Soleimani embrassant le front du chef du Hezbollah, sans toutefois préciser la date de ces images.