Attaques des Houthis anti-Israël : Maersk et Hapag-Lloyd suspendent leurs traversées
40 % du commerce international transite par le détroit de Bab al-Mandab ; Une coalition menée par Washington devrait être annoncée la semaine prochaine
Le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé avoir ordonné vendredi à ses navires de ne plus passer par un détroit stratégique pour le commerce international en mer Rouge visé par des attaques menées par des Houthis pro-Iran.
« À la suite de l’incident qui a visé Maersk Gibraltar hier et d’une nouvelle attaque contre un porte-conteneurs aujourd’hui, nous avons demandé à tous les navires Maersk de la région qui doivent passer par le détroit de Bab al-Mandab d’interrompre leur voyage jusqu’à nouvel ordre », selon un communiqué adressé à l’AFP.
Le détroit de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique, est stratégique pour le transport maritime car 40 % du commerce international transite par ce passage.
Les Houthis, proches de l’Iran, avaient prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en guise de soutien au mouvement terroriste islamiste palestinien Hamas.
Ils ont affirmé vendredi avoir mené « une opération militaire » contre deux porte-conteneurs de l’armateur suisse MSC après avoir revendiqué jeudi une attaque contre le porte-containers de Maersk.
« Les récentes attaques contre des navires commerciaux dans la région sont alarmantes et constituent une menace importante pour la sécurité des marins », déplore Maersk qui se dit « profondément préoccupé ».
Le géant danois ajoute qu’il tente « d’assurer au mieux la stabilité des chaînes d’approvisionnement de nos clients » et de « minimiser l’impact » de cette décision.
Par ailleurs, interrogé sur les conséquences de ces attaques en Mer rouge, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane s’est dit « préoccupé par le risque d’escalade » dans la région, lors d’une conférence de presse à Oslo.
« Notre région est très complexe et nous n’avons pas besoin que d’autres conflits éclatent. Nous espérons donc que nous pourrons éviter toute nouvelle escalade dans notre région », a-t-il ajouté.
Quelque 20 000 navires circulent chaque année sur cette route maritime reliant la Méditerranée à l’Océan Indien.
« Les attaques des Houthis contre des navires marchands civils en Mer Rouge doivent s’arrêter immédiatement », avait déclaré pour sa part la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock au cours d’une conférence de presse à Berlin.
« Non seulement ces attaques mettent en danger la sécurité d’Israël mais elles menacent également le transport maritime international », a-t-elle ajouté, tandis qu’un porte-conteneurs attaqué appartient à l’armateur allemand Hapag-Lloyd.
Dans ce contexte, Hapag-Lloyd a aussi annoncé la suspension de ses traversées au moins jusqu’à lundi.
« Hapag-Lloyd interrompt tout le trafic de porte-conteneurs à travers la mer Rouge jusqu’à lundi. Nous déciderons ensuite pour la période ultérieure », a déclaré le groupe dans un communiqué transmis à l’AFP. Un bâtiment de l’armateur « a fait l’objet d’une attaque, alors qu’il naviguait près de la côte du Yémen », selon l’armateur allemand.
En visite en Israël, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a dénoncé « une menace concrète pour une libre navigation » en mer Rouge.
« Les Etats-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace », a-t-il ajouté à Tel-Aviv, après avoir rencontré des responsables israéliens.
Le président israélien Isaac Herzog s’est prononcé en faveur d’une coalition dirigée par les États-Unis pour protéger la mer Rouge des rebelles Houthis du Yémen.
Cette coalition, qui devrait être officiellement annoncée la semaine prochaine, serait composée d’alliés américains et européens et viserait à protéger le transport maritime international des attaques des Houthis. Israël ne devrait pas fournir de navires à cette coalition, selon des responsables israéliens.
Le ministre iranien de la Défense, Mohammed Reza Ashtiani, avait mis en garde mercredi contre un éventuel déploiement de forces multinationales en mer Rouge, qu’il considère comme sa zone d’influence. « S’ils prennent une décision aussi irrationnelle, ils seront confrontés à des problèmes extraordinaires », a-t-il déclaré à l’agence officielle ISNA.
Ces dernières semaines, les Houthis ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique.
Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.
Les Houthis ont affirmé vendredi que les bateaux ne seront pas visés au large du Yémen s’ils répondent à leurs directives, mais que les navires à destination des ports israéliens « seront empêchés de naviguer en mer d’Arabie et mer Rouge jusqu’à l’entrée de la nourriture et des médicaments dont nos frères de la bande de Gaza ont besoin ».
Selon Mohammed Albasha, spécialiste du Moyen-Orient au centre d’analyse américain Navanti Group, les derniers incidents montrent toutefois que « les Houthis sont prêts à viser tout ce qui est associé à Israël », quelques soient les liens.
Ce mouvement politico-militaire, qui contrôle une grande partie du Yémen, appartient, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, à ce qu’ils nomment « l’axe de la résistance » contre Israël, soutenu par l’Iran.