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Attentat anti-juif à Buenos Aires : l’Argentine responsable de « manquements » – CIDH

Selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme, l'Argentine a tenté de dissimuler et d'entraver l'enquête sur l'attentat contre l'AMIA, qui a fait 85 morts

Des pompiers et des policiers recherchant des blessés après l'explosion d'une bombe à l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA en espagnol), à Buenos Aires, le 18 juillet 1994. (Crédit : Ali Burafi/AFP/Getty Images via JTA)
Des pompiers et des policiers recherchant des blessés après l'explosion d'une bombe à l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA en espagnol), à Buenos Aires, le 18 juillet 1994. (Crédit : Ali Burafi/AFP/Getty Images via JTA)

La Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a jugé vendredi l’Argentine responsable de manquements dans l’enquête sur l’attentat à la bombe perpétré en 1994 à Buenos Aires contre la mutuelle juive l’AMIA qui a fait 85 morts.

« L’Argentine est responsable de ne pas avoir adopté de mesures raisonnables pour prévenir l’attentat » et « de ne pas s’être acquittée de son devoir d’enquêter avec la diligence requise et dans un délai raisonnable sur l’attentat et sa dissimulation », a déclaré dans son arrêt la CIDH, dont le siège est à San José, au Costa Rica.

Le 18 juillet 1994, une camionnette piégée a fait exploser le siège de l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), tuant 85 personnes et en blessant 300 autres, dans un attentat qui reste impuni à ce jour.

L’État argentin « avait connaissance d’une situation de risque réel et immédiat pour les sites identifiés à la communauté juive et n’a pas adopté de mesures raisonnables pour éviter ce risque », selon la décision de la CIDH lue par sa présidente, la juge Nancy Hernández.

Avant l’AMIA, l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait été la cible en 1992 d’un attentat qui a fait 29 morts et 200 blessés et qui reste lui aussi à ce jour impuni.

L’Argentine compte la plus grande communauté juive d’Amérique latine, avec quelque 300 000 membres.

Des pompiers marchant dans les décombres de l’ambassade d’Israël après un attentat terroriste à Buenos Aires, en Argentine, le 20 mars 1992. (Crédit : /Don Rypka/AP)

« Près de trente ans après l’attentat, on ne sait toujours pas clairement ce qui s’est passé, qui étaient les responsables, ni les raisons pour lesquelles l’État a utilisé son appareil judiciaire pour dissimuler et entraver l’enquête », ajoute la CIDH.

Le 12 avril, la justice argentine a statué que les attentats meurtriers contre l’ambassade d’Israël et la mutuelle juive avaient été commandités par l’Iran, un jugement qualifié « d’historique » par la communauté juive locale.

La CIDH ordonne cependant notamment à l’Argentine de rouvrir les enquêtes pour « identifier, juger et punir » les responsables et d’établir la vérité sur ce qui s’est passé.

L’Iran a nié toute implication et a toujours refusé que les huit anciens responsables inculpés, dont le général Vahidi et l’ex-président Ali Rasfanjani, soient interrogés.

En 2013, la présidente argentine de l’époque Cristina Kirchner avait signé un protocole d’accord avec l’Iran pour créer une « commission de la vérité » destinée à enquêter sur l’attentat.

Cet accord a été ratifié par le Congrès argentin, mais jamais par le Parlement iranien. Il avait été fustigé par les dirigeants de la communauté juive en Argentine, qui ont accusé Kirchner de couvrir les auteurs de l’attentat. Une enquête judiciaire ouverte à ce sujet en 2015 s’est conclue par un non-lieu en 2021.

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