Au Kosovo, un Israélien arrêté à Chypre pour trafic d’organes
Plus de 30 prélèvements de reins et transplantations ont été faits illégalement dans la clinique Medicus ; 6 autres Israéliens sont suspectés
Un ressortissant israélien soupçonné d’avoir été au Kosovo le cerveau d’un réseau international de trafic d’organes a été arrêté à Chypre, à la demande de Pristina, a-t-on appris samedi de source policière kosovare.
« Le suspect dont les initiales sont M.H. a été arrêté il y a quelques jours à Chypre (..) sur la base d’un mandat d’arrêt international », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police kosovare, Baki Kelani.
Selon la presse locale, il s’agit de Moshé Harel, recherché depuis 2010 par le Kosovo et inculpé également en 2015 à Tel Aviv, avec six autres Israéliens pour leur appartenance présumée à un réseau international de trafic d’organes et de greffes illégales au Kosovo, en Azerbaïdjan, au Sri Lanka et en Turquie.
En 2013, un tribunal européen au Kosovo avait condamné cinq médecins kosovars à des peines allant jusqu’à huit ans de prison pour trafic d’organes au Kosovo, une affaire remontant à 2008 et dont les ramifications se sont étendues à travers l’Europe, l’Amérique du Nord et jusqu’au Proche-Orient.
La Cour suprême du Kosovo a annulé en 2016 ce verdict et ordonné un nouveau procès qui est en cours.
Selon le parquet, plus de 30 prélèvements de reins et transplantations ont été faits illégalement dans la clinique Medicus, près de Pristina, fermée en 2008 lorsque le scandale a éclaté.
Les donneurs, recrutés en Europe ou en Asie centrale, se voyaient promettre chacun quelque 15 000 euros tandis que les receveurs d’organes étaient prêts à débourser chacun jusqu’à 100 000 euros pour une telle intervention chirurgicale, selon la même source.
L’acte de l’accusation désignait également Moshé Harel comme étant le cerveau du réseau, alors qu’un médecin turc, Yusuf Ercin Sonmez, toujours en fuite, était soupçonné d’avoir effectué les greffes d’organes dans la clinique.
Dans un rapport publié en 2011 sur un présumé trafic d’organes organisé pendant la guerre au Kosovo (1998-99) par la guérilla indépendantiste kosovare, le rapporteur du Conseil de l’Europe, Dick Marty, avait évoqué un lien entre ce trafic d’organes lors du conflit et le « cas contemporain » de la clinique Medicus.
Dick Marty avait mis en cause notamment l’ex-chef de la guérilla Hashim Thaçi, actuel président du Kosovo, ce que l’intéressé a vivement démenti.
Un tribunal spécial composé de juges et de procureurs internationaux, mis en place à la Haye à la suite du « rapport Marty », devrait annoncer prochainement ses premières inculpations.