Au mont du Temple, ZAKA se charge d’un nouveau devoir sacré
L'ONG ultra-orthodoxe, qui prend en charge les dépouilles des victimes d'accidents de la route, a créé un groupe de bénévoles, craignant davantage d'attaques sur le lieu saint
L’organisation de réponse d’urgence ultra-orthodoxe ZAKA a formé une unité spéciale de Kohanim, ou Juifs issus de la classe des prêtres, pour gérer les suites de tout attentat terroriste potentiel meurtrier perpétré sur le mont du Temple à Jérusalem, a-t-elle annoncé.
De nombreux rabbins, dont le Grand rabbinat israélien, interdisent aux Juifs de monter sur le mont du Temple, déclarant que les Juifs d’aujourd’hui ne peuvent pas atteindre la pureté nécessaire pour leur permettre de se rendre sur le lieu le plus saint du judaïsme. ZAKA, groupe de bénévoles qui prend en charge les dépouilles et les corps déchiquetés des victimes des accidents de la route ou des attentats terroristes, s’est conformé à ce jugement émis par le grand rabbinat, entre autres.
Selon la loi juive, il y a certaines zones du mont du Temple, ce lieu où se serait dressé le saint des saints, qui ne restent accessibles qu’aux Kohanim. Cette règle est exempte de toute nécessité de pureté et signifie que tandis que le grand rabbinat décourage l’entrée des Juifs sur le mont du Temple, dans le cas d’une situation d’urgence, les Juifs de la classe des prêtres sont les plus aptes à intervenir parce qu’ils ne commettent pas par leur présence le péché inutile d’entrer dans des secteurs interdits.
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Dans le chaos qui a immédiatement suivi l’attentat terroriste du 14 juillet au cours duquel deux gardes-frontières israéliens ont été tués, les services d’urgence de Jérusalem se sont livrés à leurs tâches post-attentat habituelles. Mais l’organisation ZAKA n’était jamais intervenue auparavant sur le mont du Temple.
Dans une téléconférence d’urgence qui avait eu lieu directement après l’attentat, les rabbins de ZAKA avaient décidé, à titre exceptionnel, d’envoyer un seul bénévole qui s’était immergé dans un mikveh – ou bain rituel – pour prendre en charge les dépouilles des policiers, Haiel Sitawe, 30 ans, et Kamil Shnaan, 22, ainsi que celles des trois terroristes, qui avaient été tués sur les lieux de l’attaque. Ils ont plus tard convoqué le conseil des rabbins de ZAKA pour déterminer une règle plus permanente.
Même si les équipes des services d’urgence du Croissant rouge sont également intervenues sur le mont du Temple après l’attentat, la police israélienne a fait appel à ZAKA pour gérer les dépouilles dans la mesure où les forces de l’ordre retiennent généralement les corps des terroristes jusqu’à ce que les familles acceptent d’organiser des funérailles modestes et discrètes. Dans ce cas précis, les dépouilles ont été rendues deux semaines après l’attentat en raison d’une ordonnance émise par la haute-cour de justice.
ZAKA, formé en 1989, prend en charge toutes les dépouilles humaines conformément à la loi juive ou halakha, même si le défunt n’est pas Juif lui-même. Dans le cas de l’attentat du mont du Temple, par exemple, aucun des corps n’était juif – les policiers étaient druzes et les terroristes des musulmans.
Dans le secteur des nombreuses autres organisations de réponse d’urgence israéliennes – police, pompiers, Magen David Adom, United Hatzalah et autres – la particularité de ZAKA est la prise en charge des dépouilles avec un accent mis sur l’adhésion à la Halakha. Le judaïsme a des règles très strictes en ce qui concerne la prise en charge des morts, exigeant notamment une présence constante ou une garde pour veiller le corps et le commandement d’enterrer toutes les parties du corps ensemble, ce qui oblige parfois les bénévoles de ZAKA à chercher et à collecter des restes humains sur les scènes d’attentats terroristes ou d’accidents.
Même si les bénévoles de ZAKA sont également formés aux premiers secours et peuvent administrer des soins indispensables au maintien en vie lorsque c’est nécessaire, leur première mission est de nettoyer et de s’occuper des dépouilles des personnes décédées de causes non-naturelles. Ils interviennent sur environ 30 incidents mortels par semaine, majoritairement sur des accidents de la route, a précisé le directeur de l’organisation Yehuda Meshi-Zahav.
ZAKA est l’acronyme hébreu « d’identification des victimes de catastrophes ». Ses bénévoles répondent également en cas de catastrophes internationales, comme cela a été le cas du séisme au Népal de 2015, et ils interviennent lorsque des Israéliens meurent à l’étranger.
La création de la nouvelle unité bénévole de Kohanim a été le résultat de rencontres intensives entre le conseil rabbinique de ZAKA, avec à sa tête le rabbin Avigdor Nebenzahl, ancien rabbin de la Vieille Ville de Jérusalem. Il a conclu que l’importance d’ôter rapidement les impuretés, dont les dépouilles de défunts, du mont du Temple, prenait le dessus sur un jugement de base interdisant aux Juifs de visiter la zone, ainsi que sur une loi interdisant aux Kohanim d’entrer en contact avec des morts.
Dans le cas d’un attentat futur sur le mont du Temple, les membres de l’équipe de bénévoles devront répondre à des exigences particulières avant d’entrer dans le complexe. Ils ne devront pas porter de chaussures (ou des chaussures en tissu). Ils devront amener le minimum d’équipement, et entrer et sortir par le chemin le plus court.
De nombreux Juifs religieux, suite au jugement du grand rabbinat, ne montent pas sur le mont du Temple en raison de leur incapacité à atteindre la pureté nécessaire et de l’incertitude des lieux, là-bas, qui leur sont autorisés. D’autres Juifs ne souscrivent pas à cette croyance et visitent le site.
« Ce sont des questions de poids qui se posent sur les interdictions les plus sévères de la loi juive, leur violation entraînant la punition du karet [excommunication divine] », a commenté Meshi-Zahav. « Il était donc très important pour l’organisation ZAKA d’avoir des directives claires pour les bénévoles qui soient conformes à la loi juive ».
ZAKA a précédemment interdit aux Kohanim de se porter volontaire au sein de l’organisation parce qu’il leur est interdit, selon une règle, de toucher les défunts ou d’entrer dans les cimetières.
L’organisation ZAKA recrute des bénévoles vivant aux abords de la Vieille Ville de Jérusalem pour cette nouvelle unité. Ils étudieront les commandements pertinents sur le mont du Temple et seront formés en conséquence. Ils seront ainsi prêts dans le cas d’un potentiel attentat terroriste meurtrier.
D’autres organisations d’urgence n’ont pas les mêmes politiques concernant les bénévoles juifs qui sont des Kohanim.
« Les Kohanim sortent régulièrement pour répondre aux urgences et si quelqu’un sur les lieux déclare qu’une personne est morte, on peut demander à ce que les Kohanim partent d’abord », dit Raphael Poch, porte-parole de l’organisation United Hatzalah.
Il dit que ses services ne demandent pas aux bénévoles s’ils sont Kohanim, même si de nombreux Kohanim ont des questions à poser à ce sujet durant leur formation. Il ajoute qu’il relève de la responsabilité du bénévole de s’exprimer, voire de quitter les lieux s’il ne préfère pas se trouver dans un lieu où une mort est déclarée.
Les morts sur le mont du Temple sont très rares. Selon le porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld, la dernière fois où un homme est décédé sur le mont du Temple remonte aux émeutes de 1990. Des fidèles musulmans, venus nombreux, avaient jeté des pierres et du matériel de construction en direction des Juifs qui priaient sur le mont du Temple durant Souccot, lorsque l’endroit était comble. Les gardes-frontières israéliens avaient tiré dans la foule et tué 20 musulmans, en blessant 100 autres. Environ une douzaine de Juifs avaient été blessés.
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