Aux côtés d’Abdallah II, Biden souligne le rôle de Jordanie au Moyen Orient
Le président américain, qui accueille pour le monarque pour la 3efois, a réaffirmé son soutien à Amman, gardien des lieux saints de Jérusalem, et redit l’importance du statu quo
Joe Biden a rappelé jeudi au roi Abdallah II de Jordanie, en visite à Washington, son attachement au statu quo concernant l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, a fait savoir la Maison Blanche.
Lors d’un déjeuner à l’abri des caméras, le président américain a « réaffirmé » auprès du roi et du prince héritier Hussein ben Abdallah « l’amitié proche et durable entre les Etats-Unis et la Jordanie »‘, selon un communiqué de l’exécutif américain.
Il s’agissait de la troisième visite d’Abdallah II à la Maison Blanche depuis que M. Biden est entré en fonction, ce qui fait de lui l’invité étranger le plus récurrent de M. Biden. Le roi s’y était déjà rendu en juillet 2021 et en mai 2022.
Il a, lors de cet entretien, souligné « la nécessité de préserver le statu quo historique » autour du mont du Temple par les Juifs et situé dans la Vieille ville de Jérusalem.
En vertu de ces règles, les non-musulmans peuvent se rendre sur le site à des heures précises mais sans y prier – une règle de moins en moins suivie par certains juifs nationalistes qui y prient subrepticement.
Le lieu est administré par la Jordanie mais son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.
Joe Biden a ainsi reconnu « le rôle crucial de gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem » joué par la Jordanie, a ajouté la Maison Blanche dans un communiqué.
« Les deux hommes ont évoqué de possibles opportunités et mécanismes pour abaisser les tensions, en particulier en Cisjordanie », a déclaré la Maison Blanche.
A un moment de fortes tensions dans la région, le président démocrate a réitéré le « soutien fort pour une solution à deux Etats », saluant le rôle du roi Abdallah II et de son pays « comme point de stabilité au Moyen-Orient. »
Joe Biden s’est également entretenu jeudi avec le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani « pour réaffirmer l’engagement des Etats-Unis envers l’Irak et évoquer les affaires de la région », a détaillé la Maison Blanche dans son communiqué.
La Cour royale jordanienne a déclaré, dans un communiqué, qu’« Abdallah avait salué les efforts cruciaux des États-Unis pour rétablir le calme et dessiner un horizon politique susceptible de maintenir ouverte la perspective d’une paix juste et globale, fondée sur la solution à deux États ».
Le mont du Temple, emplacement des deux temples bibliques, est le lieu le plus saint du judaïsme. C’est aussi là que se trouve le troisième sanctuaire le plus saint de l’islam, la mosquée Al-Aqsa.
Les tensions entre Israël, la Jordanie et le monde musulman en général ont repris, sur place, depuis le retour du Premier ministre Benjamin Netanyahu au poste de Premier ministre, fin décembre.
Quelques jours après la prestation de serment du nouveau gouvernement israélien, le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est rendu sur le mont du Temple, au mépris des mises en garde de la Jordanie sur de possibles conséquences diplomatiques.
Ce geste a été condamné par l’ensemble de la communauté internationale et Amman a convoqué l’ambassadeur d’Israël pour manifester son mécontentement.
La Jordanie s’oppose farouchement à tout changement du statu quo qui régit le lieu saint, en vertu duquel les non-musulmans ont accès à l’enceinte, à condition de ne pas y prier.
Ben Gvir fait depuis longtemps campagne pour que les Juifs puissent prier sur le mont du Temple, mais depuis son entrée au gouvernement, il a cessé de lancer ce type d’appel, tout en taxant cette politique de « raciste ».
Netanyahu a rappelé qu’Israël était bien déterminé à maintenir le statu quo sur le mont du Temple.
Les tensions sont remontées d’un cran, quelques semaines plus tard, lorsque la police israélienne a, un temps, empêché l’ambassadeur de Jordanie, Ghassan Majali, de se rendre sur le mont du Temple. Mais les tensions diplomatiques ont été de courte durée.
Les relations de la Jordanie avec Israël se sont sensiblement améliorées du temps du précédent gouvernement, après une période particulièrement difficile, au cours de la décennie passée, avec Netanyahu à la tête du pays.
Signe d’un possible réchauffement en vue, Abdallah II a accueilli Netanyahu à Amman la semaine dernière.
La visite d’Abdallah II à la Maison Blanche s’est effectuée dans un contexte de fortes tensions israélo-palestiniennes, suite à l’opération de Tsahal à Jénine au cours de laquelle neuf Palestiniens armés ont été tués ainsi qu’un civil, et à l’attentat terroriste à Jérusalem-Est qui a coûté la vie à sept civils israéliens.
Au cours de leur entretien, le roi de Jordanie « a souligné la nécessité de mettre fin aux actions israéliennes qui sapent les chances d’une solution à deux États et poussent à l’escalade », a déclaré la Cour de Jordanie.
Abdullah s’est par ailleurs entretenu avec le secrétaire d’État Antony Blinken, le nouveau président Républicain de la Chambre, Kevin McCarthy, et d’autres figures éminentes du Congrès.
Le roi a également rencontré plusieurs dirigeants d’organisations juives de tout premier plan à Washington.
Selon la Cour de Jordanie, le roi a profité de l’occasion pour réitérer bon nombre des messages qu’il a fait passer à Biden, notamment à propos de l’importance pour les deux parties de s’abstenir de toute « mesure unilatérale » de nature à attiser les violences.
Le traité de paix de 1994 entre la Jordanie et Israël a contribué à renforcer le soutien d’Amman à Washington au cours des dernières décennies. Le pays est aujourd’hui le premier bénéficiaire de l’aide bilatérale américaine, avec 1,5 milliard de dollars par an. (Israël est quant-à-elle la première bénéficiaire des aides à la défense avec 3,8 milliards de dollars par an).
Le royaume hachémite peine à sortir de la crise économique exacerbée par la guerre en Ukraine. Le pays a récemment connu une vague de manifestations contre la hausse des prix de l’essence.
Les États-Unis continuent de faire leur possible pour convaincre la Jordanie de prendre une part active au Forum du Néguev, destiné à renforcer la coopération entre les États-Unis, Israël et plusieurs pays arabes entretenant des relations avec l’État juif. Amman s’est jusqu’à présent abstenu de le faire, dans l’attente que l’Autorité palestinienne fasse le premier pas, ce que Ramallah s’est refusé à faire.
Selon un responsable américain, Blinken aurait évoqué la question lors de son entretien avec le chef de l’AP, Mahmoud Abbas, en début de semaine.
Selon cette même source, Ramallah n’aurait pas encore donné de réponse sur ce point.