Avec « Big Love », Netta Barzilai espère répandre la lumière après une année d’obscurité
La pop star aux sonorités joyeuses parle de son dernier album, le premier en anglais depuis le 7 octobre, après un long moment de réflexion
La compositrice et interprète Netta Barzilai, réputée pour ses costumes scintillants, ses paroles brillantes et ses mélodies pop visionnaires, a sorti jeudi « Big Love », sa première chanson en anglais depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, avec un son et un ton radicalement novateurs pour cette ex-gagnante de l’Eurovision.
« Il s’agit pour moi de mots qui étaient auparavant impossibles à écrire », explique Barzilai au Times of Israel. « Ma musique est très vibrante, joyeuse et drôle, c’est mon univers. J’ai une espèce d’énergie galactique, violette et argentée, et je ne voulais pas que l’obscurité la contamine. Mais quand on connaît un tel chagrin, c’est ce qui ressort. »
Le 7 octobre de l’an dernier, Barzilai devait faire la première partie de Bruno Mars, 15 fois lauréat d’un Grammy Award, pour son deuxième spectacle à guichets fermés à Tel Aviv, au parc Yarkon.
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Au fil de la journée, à mesure que l’ampleur de l’attaque terroriste du Hamas est apparue, Barzilai se rappelle avoir progressivement compris que non seulement le spectacle était annulé mais qu’un désastre d’une ampleur inattendue était en train de se produire dans le sud d’Israël.
« Rien ne nous a préparés à ce désastre », souffle Barzilai. « Le lendemain, mon père et moi étions dans la voiture en train de livrer du sucre et de la farine aux bases militaires. »
Les semaines suivantes, avec de nombreux musiciens, Barzilai s’est produite dans des refuges et a gardé des enfants dont les familles étaient évacuées ou dont les parents enterraient des proches.
Son compte Instagram est devenu le panneau d’affichage des disparus : elle a publié des photos des disparus et des numéros des personnes à contacter.
Son tout nouveau titre, « Big Love », sorti sur le label S-Curve, revient sur la douleur et la peur, ses sentiments des derniers mois. Il lui a fallu du temps pour se sentir à nouveau prête à affronter le monde et aussi savoir quel message elle souhaitait faire passer.
On connaît surtout Barzilai et son « Toy », le titre qui lui a valu de remporter le concours Eurovision de la chanson 2018 sous les couleurs d’Israël. Elle était sur le point de sortir un nouveau single et un nouvel album, bien différents, avec une tournée à guichets fermés aux États-Unis à la clef lorsque la guerre a éclaté.
« Je ne voulais rien créer cette année, mais je n’ai pas non plus le choix de cacher ou non ce qui fait ma lumière en cette période », confie Barzilai.
Elle a sorti un album en hébreu cet été, « HaKol Alay », son premier album entièrement en hébreu après s’être principalement illustrée sur des titres en anglais ces dernières années.
« Big Love » est son premier titre en anglais depuis le début de la guerre, sur la base d’une mélodie qu’elle avait trouvée avant la guerre.
Il lui a été inspiré par son séjour à Malte, quelques jours avant l’attaque du 7 octobre, lorsqu’elle a participé à la toute première Gay Pride de l’île. Au moment de monter sur scène, vêtue d’une « grosse boule de paillettes », comme elle le dit, des drapeaux palestiniens se sont levés dans les premiers rangs du public.
Elle n’a pas voulu réagir, préférant se concentrer sur l’événement et la célébration de la pride.
« Je suis une chanteuse qui chante l’amour, alors je me suis dit : ‘Je leur envoie de l’amour’, je n’arrêtais pas de me dire intérieurement ‘Je t’aime, je t’aime, je t’aime’ », se rappelle Barzilai. « Cela m’a vraiment aidée. L’amour est un mécanisme de survie qui m’aide énormément. »
L’amour l’a aussi aidée, ces douze derniers mois, alors qu’elle pleurait la mort de toutes ces victimes, et notamment de Yotam Haim, batteur de heavy metal et frère de Tuval Haim, le batteur qui accompagne Barzilai depuis longtemps.
Yotam Haim a été pris en otage le 7 octobre dans le kibboutz Kfar Aza. Les premiers mois de sa captivité, Barzilai, Tuval Haim et d’autres batteurs ont enregistré une version a capella de « My Boy Come Back to Me », avec une rythmique produite par les batteurs tapant du pied sur le sol.
« C’est l’un des moments à la fois les plus forts et les plus impuissants de cette année », confie-t-elle. « Puissance et impuissance, ce sont les émotions clés qui m’ont menée cette année. »
Le 15 décembre, Yotam Haim et ses co-otages Alon Shamriz et Samer Talalka ont été accidentellement abattus par des soldats de Tsahal à Gaza après avoir échappé à leurs ravisseurs, agité un drapeau blanc et appelé à l’aide en hébreu.
Ce sont des moments comme celui-là qui ont fait germer les paroles de « Big Love », explique Barzilai.
« Ces paroles ont défibrillé mon cœur », explique Barzilai, qui a également chanté lors de plusieurs funérailles ces douze derniers mois. « Quand vous êtes dans un tel chagrin, c’est ce qui ressort. »
« Si j’avais la lune et les étoiles, je vous les donnerais oui oui
Si je pouvais chanter et arrêter la guerre, je le ferais pour toi oui oui
Défibriller ton cœur et te ramener d’entre les morts
Je vais passer en revue tes rêves et les remettre dans ta tête
Tu n’as pas idée de la puissance de ceux qui se battent pour toi, ouais, ouais »
Il y aura d’autres chansons que « Big Love », et Barzilai en est ravie.
« Je voulais juste sortir ça », glisse-t-elle. « Je voulais en finir avec ça et y puiser de la force. »
Barzilai s’est entretenue avec le Times of Israel jeudi matin, après avoir dit au revoir à son nouveau petit ami, un réserviste en partance pour la frontière nord pour combattre le Hezbollah au Liban. Il sera absent pendant 40 jours et impossible à contacter tant qu’il sera au Liban.
« Israël accorde d’autant plus de valeur et d’importance à la vie humaine que nous nous sentons proches de la mort », affirme-t-elle. « Nous sommes ici parce que nous n’avons pas d’autre choix. »
Elle se dit reconnaissante d’être entourée de personnes si bien intentionnées et désireuses de s’entraider.
« Israël est une terre brisée, mais pleine de bonnes âmes qui veulent réellement vivre en paix », conclut-elle. « J’en suis convaincue. »
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