Barlev reproche au chef de la police ses propos sur les réseaux sociaux
Le ministre de la Sécurité Intérieure a condamné les propos « malheureux » de Shabtai, se « réjouissant qu’Israel garantisse la liberté d’expression »
Le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Barlev, a critiqué jeudi le chef de la police israélienne pour avoir déclaré qu’en période de troubles de l’ordre public, le gouvernement devrait pouvoir bloquer l’accès aux réseaux sociaux.
« Je ne suis vraiment pas d’accord avec lui », a déclaré Barlev à la station Radio 103FM, qui souhaitait connaitre sa réaction aux propos tenus par Kobi Shabtai.
« Ces propos sont inappropriés. Je ne sais pas… dans quel contexte exact il les a tenus, mais dans un pays démocratique, la liberté de la presse s’applique également aux réseaux sociaux. »
Barlev, ministre en charge de la police, a refusé de révéler ce qu’il avait dit à Shabtai à ce sujet, mais a indiqué à la station de radio : « Je dis très clairement que ce n’est pas le rôle du chef de la police de dire de telles choses, même si, de son point de vue, tel ou tel incident est effectivement grave ».
De telles questions, a précisé Barlev, relèvent du ministre de la Sécurité intérieure, du ministre de la Défense et du Conseil des ministres dans son ensemble.
« Je me réjouis qu’Israel garantisse et protège la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
Shabtai a indiqué dans une interview publiée mercredi que, lors des violences arabo-juives de mai 2021, les réseaux sociaux avaient contribué à ce que des civils prennent part aux émeutes, et que leur fermeture, pour un temps limité, était nécessaire, même dans un Etat démocratique.
« Je suis favorable à ce que, dans de telles circonstances, les réseaux [sociaux] soient interrompus », à déclaré Shabtai au Yedioth Ahronoth dans une interview qui sera publiée dans son intégralité vendredi.
« Ce sont les réseaux sociaux qui poussent les gens [dans la rue]. Je parle d’un arrêt généralisé des réseaux. On éteint tout, on ramène le calme, et une fois le calme revenu, on rétablit », a-t-il déclaré, dans un extrait de l’interview publié mercredi.
« Nous sommes un pays démocratique, mais il y a des limites », a ajouté Shabtai.
Face au torrent de critiques provoqué par ces propos, le cabinet du chef de la police a précisé, dans un communiqué publié mercredi, qu’il faisait référence à « un scénario extrême dans lequel la démocratie israélienne et la sécurité de l’État seraient en danger, en cas de soulèvements impliquant par exemple des terroristes sur le sol israélien ».
Cette déclaration ajoute qu’il évoquait le blocage de « ceux qui incitaient au terrorisme et aux manifestations dans le seul but que redoublent les violences ».
Trois personnes ont été tuées, et des centaines d’autres blessées, lors des violences qui ont émaillé des villes à population mixte arabo-juive en mai 2021, l’un des pires épisodes de violences intercommunautaires depuis la fondation de l’État d’Israel.
Un rapport du médiateur de l’État sur ces violences, publié en juillet dernier, a spécifiquement relevé l’incapacité de la police à surveiller de manière appropriée les réseaux sociaux.
Le rapport pointe du doigt le retard de plus de trois ans enregistré dans le déploiement d’un système de surveillance des réseaux sociaux, sous-entendant que lorsque les émeutes ont éclaté, la police ne disposait d’aucun système opérationnel fiable de collecte de renseignements pour les réseaux en ligne.
Les propos de Shabtai ont suscité une forte réprobation des politiciens de gauche comme de droite, qui les ont qualifiés d’antidémocratiques.