Beate et Serge Klarsfeld au Festival du film juif de Jérusalem
Un documentaire, "Klarsfeld : Une histoire d'amour", évoquera les exploits passés et les activités de ce couple chasseur de nazis et assoiffé de justice
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
C’est une histoire d’amour et d’activisme stupéfiante qui est racontée dans « Klarsfeld: Une histoire d’amour », un documentaire consacré aux chasseurs de nazis Beate et Serge Klarsfeld qui sera projeté lors du prochain festival du film juif de Jérusalem, en présence du couple.
Ce documentaire de 90 minutes qui a été réalisé par Mike Lerner et Martin Herring sera à découvrir le 19 décembre à 20 heures dans le cadre de ce festival de six jours qui est organisé pendant Hanoukka. Le couple répondra aux réponses du public après la projection.
Le film examine le passé de Beate et de Serge Klarsfeld, ainsi que leurs luttes actuelles qui visent à contrer la vague croissante de fascisme qui semble s’abattre sur l’Europe. Les deux octogénaires n’ont jamais abandonné le combat.
Beate Klarsfeld était née dans une famille de Berlin. Ses parents, s’ils n’étaient pas nazis, avaient toutefois voté pour Adolf Hitler. Son père avait été recruté dans l’infanterie en 1939 et il s’était battu sur le front français avant d’être rapatrié chez lui en raison d’une grave pneumonie.
Adolescente, Beate s’était opposée à ses parents, les confrontant sur leur passé à l’époque du nazisme. Sa transformation avait continué lorsqu’elle avait vécu pendant un an à Paris, travaillant comme jeune fille au pair dans les années soixante, et qu’elle avait commencé à prendre réellement conscience des horreurs de la Shoah. C’est dans la capitale française qu’elle avait rencontré l’avocat et historien français Serge Klarsfeld, dont le père était mort à Auschwitz.
Le couple avait ressenti un besoin profond de combattre et de dénoncer les fascismes. Beate s’était distinguée en giflant le visage du chancelier allemand Kurt Georg Kiesinger, qui avait été un membre du parti nazi, en 1968 – un acte resté célèbre.
Beate Klarsfeld avait aussi aidé à retrouver le criminel de guerre Klaus Barbie en Bolivie en 1972, ce qui avait entraîné sa condamnation à une peine de prison à vie plus d’une décennie plus tard.
Le film évoque ce passé captivant et les activités menées aujourd’hui par le couple, avec par ailleurs des témoignages du président français Emmanuel Macron, d’amis et de membres de la famille, mais aussi de survivants et d’activistes.
Pendant tout le documentaire, Beate et Serge Klarsfeld apparaissent comme un couple aimant, authentique et dévoué – dévoué à l’autre, à leur mariage, à leur famille, avec un engagement sans faille à l’égard de la justice.
La figure de la mémoire de la Shoah en France a récemment provoqué une polémique en France en acceptant une médaille d’un maire d’extrême droite, décision qu’il a justifiée par « l’évolution » de l’élu, Louis Aliot, ancien compagnon de Marine Le Pen.
« L’ADN de tout parti d’extrême droite, c’est l’antisémitisme. Or, je vois qu’il y a une évolution chez certains et je pousse à cette évolution pacifique », a estimé Klarsfeld. Il a dit préférer que « la droite extrême se droitise, évolue vers le camp républicain plutôt que de voir la droite passer du côté de l’extrême droite ».