Ben Gvir accuse la police de ne pas avoir su gérer la manifestation à Tel Aviv
Le ministre de la Sécurité nationale veut des directives permettant aux policiers d'arrêter chaque manifestant bloquant la route ou arborant des affiches "incitatives"
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré lundi que la police devait commencer à sévir contre les manifestants anti-gouvernement qui bloquent les routes. Il aurait également l’intention de publier de nouvelles directives autorisant la police à étendre largement les arrestations de manifestants.
Ben Gvir a accusé la police d’être excessivement douce envers les manifestants qui ont récemment tenu des rassemblements contre le gouvernement à Tel Aviv.
« Je suis en faveur des manifestations, mais toute personne qui bloque les routes et qui se déchaîne doit être arrêtée », a déclaré Ben Gvir lors d’une réunion de sa faction, Otzma Yehudit, à la Knesset.
Samedi soir, des milliers d’Israéliens ont participé à un grand rassemblement anti-gouvernemental contre les projets de réforme du ministre de la Justice, Yariv Levin, visant à la très controversée refonte du système judiciaire israélien.
Ben Gvir a estimé que la police avait pris des gants avec les manifestants de Tel Aviv. Tout en assurant que « la liberté d’expression est autorisée », Ben Gvir a insisté sur le fait que « les règles d’une manifestation à Tel Aviv doivent être les mêmes pour celles d’une manifestation à Jérusalem – les mêmes règles pour les militants de gauche que de droite ».
En décembre 2021, Ben Gvir avait déclaré lors d’une réunion d’une commission de la Knesset que « bloquer les routes n’a rien de terrible ». « Dans les démocraties, il arrive que l’on bloque des routes. »
Ben Gvir va tenter d’établir mardi de nouvelles directives pour la police, pour les autoriser à arrêter toute personne qui bloque les routes, de même que ceux qui affichent des signes jugés « incitatifs », tels que des comparaisons faites avec les nazis, a rapporté lundi la chaîne publique israélienne Kan.
Lundi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait reproché au chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, d’avoir appelé à une intensification des manifestations contre le projet de réforme judiciaire sans condamner les pancartes qui, lors du rassemblement de samedi soir, mettaient su le même plan le gouvernement et le ministre de la Justice et les nazis.
« Quelqu’un qui ne condamne pas la comparaison du ministre de la Justice à un nazi et du gouvernement d’Israël au Troisième Reich, est celui qui plante les graines du désastre », a accusé le Premier ministre.
Un haut responsable de la police a nié l’existence d’une politique de « deux poids, deux mesures », mais a déclaré à la Douzième chaîne que la police de Jérusalem utilisait parfois des tactiques plus musclées en raison de la nature plus combative des manifestations dans la capitale, contrairement à Tel Aviv, où les organisateurs parviennent généralement à un accord avec la police pour bloquer les routes pendant une courte période avant de se disperser.
Au cours du précédent gouvernement Netanyahu, la police a régulièrement utilisé des canons à eau contre des manifestants anti-gouvernement à Jérusalem, suscitant de vives condamnations. La police a continué d’utiliser ces puissants canons à eau contre les manifestants ultra-orthodoxes et contre les émeutiers palestiniens, ainsi que contre les manifestants de droite qui bloquaient les routes menant à la capitale.
En 2020, Nurit Litman, alors Procureure générale adjointe, avait ordonné que les personnes qui bloquent les routes ne soient pas arrêtées, à moins qu’elles ne ferment une artère principale pendant une période prolongée. Elle avait souligné la différence entre le blocage délibéré et prolongé des routes et le débordement spontané sur les voies de circulation lors d’une manifestation.
Depuis qu’il est devenu ministre, Ben Gvir, un activiste d’extrême-droite condamné à maintes reprises pour incitation au racisme et soutien au terrorisme, a cherché à avoir une main plus lourde dans la politique quotidienne de la police, une tâche qui relève normalement du chef de la police.
Ben Gvir a acquis une certaine notoriété avant l’assassinat d’Yitzhak Rabin lorsque, au cours d’une interview télévisée, il avait fièrement brandi l’insigne qu’il avait arraché de la Cadillac de Rabin en déclarant : « Nous atteindrons aussi Rabin ».
Ses détracteurs craignent qu’il ne se serve de la police comme d’une arme contre ses ennemis politiques.