Ben Gvir défile dans les rues du kibboutz Ayelet Hashahar après avoir été désinvité
Le leader d'Otzma Yehudit a dénoncé les efforts pour le faire taire après que le comité du kibboutz a annulé sa visite ; il a été sommé de "rentrer chez lui"
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Le politicien d’extrême droite Itamar Ben Gvir a fait campagne dans les rues d’un petit kibboutz du nord d’Israël jeudi, après qu’une apparition prévue dans un bâtiment communautaire a été annulée par les membres qui s’opposaient à l’accueil du leader du parti Otzma Yehudit.
S’exprimant à l’aide d’un mégaphone et d’un microphone au milieu des protestations contre sa visite, Ben Gvir s’est insurgé contre ce qu’il a appelé « des efforts pour le réduire au silence » lors d’une incursion dans le bastion relativement libéral d’Ayelet Hashahar.
Le député ultra-nationaliste devait initialement participer à un événement électoral dans le bâtiment communautaire du kibboutz, après avoir été invité par certains membres du kibboutz. Cependant, le conseil d’administration du kibboutz a interdit à Otzma Yehudit d’utiliser le bâtiment.
Ben Gvir s’est quand même présenté, défilant dans les rues du kibboutz avec une horde de gardes du corps, les médias et une vingtaine de partisans brandissant des drapeaux. Il a finalement pris la parole depuis un podium installé à l’extérieur, devant une bannière de campagne.
« Nous avons organisé une conférence ici à la demande de dizaines de membres du kibboutz qui voulaient nous entendre et cela a poussé le comité du kibboutz à essayer de nous faire taire », a déclaré Ben Gvir dans son discours.
« La liberté d’expression est aussi notre liberté », a-t-il déclaré.
« J’ai clairement dit aux gauchistes qu’ils ne nous feront pas taire ; nous porterons Otzma Yehudit partout dans notre pays », a-t-il publié sur Twitter.
https://twitter.com/gwln9/status/1578084032335708170
Le comité directeur d’Ayelet Hashahar a déclaré qu’il avait refusé d’autoriser la tenue de la conférence puisqu’elle était organisée à titre privé et sans coordination avec le comité, affirmant que le kibboutz n’avait pas été préparé à un tel événement.
Comme la majorité des kibboutz, Ayelet Hashachar est de tendance libérale. Lors des dernières élections, près de 75 % des 585 bulletins de vote qui y ont été déposés sont allés aux partis Kakhol lavan et Avoda. Otzma Yehudit n’a reçu aucune voix.
Cette apparition a suscité une vive émotion dans le kibboutz, où un certain nombre de manifestants ont protesté contre sa visite en brandissant des pancartes et en le sommant de « rentrer chez lui ».
Il a rejeté les manifestants, les considérant comme des militants d' »extrême gauche ».
« Ils savent que nous allons gagner parce que le temps est vraiment venu de reprendre les rênes de ce pays », a-t-il déclaré.
La députée Avoda, Merav Michaeli, avait applaudi la décision du kibboutz d’annuler cette visite.
« Le racisme, l’homophobie, et le kahanisme ne peuvent être normalisés ; ce même kahanisme qui a conduit au meurtre de [Yitzhak] Rabin », a-t-elle déclaré.
Dans son discours, Ben Gvir s’est concentré sur des points familiers : le terrorisme agricole – le vol et la destruction de biens et de produits agricoles, souvent par des non-Juifs – ainsi que les règles d’engagement des soldats de Tsahal, qu’il a décrites comme trop strictes.
Ben Gvir se décrit comme un disciple du rabbin extrémiste et ancien député Meir Kahane, dont le parti Kach a été interdit et déclaré groupe terroriste en Israël et aux États-Unis.
Comme feu Kahane, Ben Gvir a également été condamné pour terrorisme, bien qu’il insiste sur le fait qu’il s’est modéré ces dernières années et qu’il n’a pas les mêmes convictions que le fondateur de Kach. Contrairement à Kahane, Ben Gvir affirme qu’il n’est pas favorable à l’expulsion de tous les Arabes d’Israël, mais seulement des « terroristes » ou de ceux qu’il juge « déloyaux ».
Les analystes ont toutefois fait remarquer qu’il qualifie régulièrement de « terroristes » de nombreuses personnalités arabes qui n’ont pas d’antécédents d’activités liées au terrorisme, notamment des législateurs élus et des chefs de parti.
Ben Gvir est le numéro 2 de la liste de HaTzionout HaDatit, qui devrait remporter entre 12 et 14 sièges lors des élections du 1er novembre, se positionnant ainsi pour recevoir un poste de ministre de premier plan si le président de l’opposition Benjamin Netanyahu parvient à former le type de coalition religieuse de droite dure sur laquelle repose sa campagne.
Deux membres du Congrès américain ont récemment exhorté les politiciens israéliens à ne pas légitimer Ben Gvir.
Jeudi, il a répondu à l’un d’eux, le démocrate californien Brad Sherman, un pilier pro-israélien, qu’il devait « vérifier les faits » avant de critiquer ou de boycotter un « allié ».
« Les alliés évitent généralement d’intervenir dans les élections démocratiques des autres. Voici donc une suggestion de la part d’un allié de l’Amérique : gardez vos amis proches et prenez soin de vos ennemis », a-t-il tweeté à Sherman dans un mélange d’hébreu et d’anglais.