Israël en guerre - Jour 530

Rechercher
Interview

Ben Gvir regrette de ne pas être au gouvernement pendant le mandat de Trump

L’ex-ministre critique Netanyahu pour n’avoir pas suivi l’appel de Trump à déplacer les Gazaouis et dit avoir résisté aux pressions de Biden sur les armes, les prisons et le mont du Temple

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben-Gvir, assiste à la remise d'armes aux membres d'un groupe de bénévoles de sécurité à Ashkelon, en Israël, le 27 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)
Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben-Gvir, assiste à la remise d'armes aux membres d'un groupe de bénévoles de sécurité à Ashkelon, en Israël, le 27 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)

Le mois dernier, en dévoilant sa proposition controversée visant à placer la bande de Gaza sous contrôle américain, le président Donald Trump a affirmé vouloir « faire le ménage dans tout cela » et « relocaliser les gens de manière permanente » dans d’autres pays.

Depuis, Trump et ses collaborateurs ont progressivement atténué les termes du plan, tout en évitant d’affirmer explicitement que les Palestiniens souhaitant rester à Gaza en auraient la possibilité.

À cet égard, l’approche américaine semble aller encore plus loin qu’une initiative similaire défendue avant même le 7 octobre, qui prônait « l’encouragement à la migration volontaire des habitants de Gaza ».

Face aux critiques assimilant ces appels à un nettoyage ethnique, Ben Gvir a tenu à préciser que son initiative n’avait rien de contraignant.

Le chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit s’est également abstenu de suggérer que son plan visait à déplacer l’ensemble de la population de Gaza, qui compte environ deux millions d’habitants, contrairement à Trump, qui a décrit son projet comme une transformation de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient ».

Cependant, dans une interview accordée mercredi au Times of Israel, Ben Gvir a insisté sur le fait qu’il était sur la même longueur d’onde que Trump.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (G) et le président américain Donald Trump (D) s’expriment lors d’une conférence de presse conjointe dans la East Room de la Maison Blanche, le 4 février 2025. (Crédit : La Maison Blanche/Wikipedia)

« Je ne pense pas qu’il y ait de réelle différence entre ce que je dis et ce que vous dites », a déclaré Ben Gvir, assis derrière son bureau au Parlement à Jérusalem.

Le président d’Otzma Yehudit a reproché au Premier ministre Benjamin Netanyahu de freiner la mise en œuvre de ce projet, expliquant ainsi la décision de son parti de quitter le gouvernement après plus de deux ans.

« Je suis d’accord avec Trump. J’aimerais que le Premier ministre d’Israël se range du côté de Trump », a-t-il déploré. Netanyahu a adopté la proposition du président américain de reprendre Gaza, mais l’ex-ministre du Cabinet estime que son ancien chef de gouvernement ne passe pas à l’action.

Des Palestiniens vivant parmi les décombres de leurs maisons détruites lors de la guerre entre Israël et le Hamas, dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, le 23 février 2025. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

« Le Hamas ne laissera personne partir »

Alors que le ministre de la Défense, Israel Katz, a annoncé la création d’une nouvelle direction au sein de son ministère pour faciliter le départ « volontaire » des Palestiniens de Gaza, Ben Gvir a qualifié cette initiative de pure façade, affirmant qu’Israël « n’encourage » pas activement cette émigration.

Le parti Otzma Yehudit, qui détient sept sièges à la Knesset, a quitté la coalition le 19 janvier après que Netanyahu a accepté un accord de libération d’otages et de cessez-le-feu avec le Hamas. Selon l’ancien ministre de la Sécurité nationale, cet accord aurait compromis ses efforts encourageant les Palestiniens à quitter Gaza, en permettant au groupe terroriste au pouvoir de se réorganiser et d’intimider la population, la dissuadant ainsi de partir.

« Tant qu’Israël ne contrôlera pas la bande de Gaza, le Hamas ne laissera personne sortir ni même s’exprimer », a-t-il déclaré, appelant Tsahal à reprendre immédiatement l’offensive et à bloquer l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave.

Une telle approche, selon lui, mettrait fin à la libération d’otages avant d’entrer dans la deuxième phase de l’accord, qui prévoit la libération d’une vingtaine d’otages encore en vie.

Ben Gvir a toutefois affirmé que si Israël reprenait le contrôle total de Gaza, davantage d’habitants choisiraient de partir.

« Si vous leur donnez le choix, je pense que beaucoup préféreront quitter Gaza », a-t-il avancé. « J’imagine que cela pourrait commencer avec 100 000 personnes, puis 200 000, suivies de 400 000 et 300 000 autres », a-t-il spéculé.

Palestiniens fuyant la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 28 mai 2024. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Bien qu’aucun pays ne se soit publiquement proposé pour accueillir des Palestiniens à ce jour, Ben Gvir affirme que « ce sera bon pour eux » lorsqu’un nouvel emplacement sera trouvé, présentant cette relocalisation comme une initiative humanitaire, à l’image de Washington.

« Une vie meilleure ne dépend pas nécessairement de l’endroit où vous vous trouvez aujourd’hui », a déclaré au début du mois Steve Witkoff, envoyé de Trump au Proche-Orient. « Une vie meilleure, c’est avoir de meilleures opportunités, des conditions financières plus favorables et des perspectives d’avenir plus prometteuses pour vous et votre famille. Cela ne se réalise pas en installant une tente dans la bande de Gaza, entouré de 30 000 munitions qui peuvent exploser à tout moment. »

Interrogé sur le risque que cet argument puisse être retourné contre les Israéliens, dont beaucoup revendiquent un lien historique avec toutes les terres situées entre le Jourdain et la mer Méditerranée, Ben Gvir balaie l’idée d’un revers de main.

« C’est une autre histoire. Dans le cas d’Israël, il s’agit de notre terre… Cette terre n’a jamais appartenu aux Arabes », affirme le législateur ultranationaliste.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, participant à un rassemblement appelant à se réinstaller à Gaza, non loin de la frontière entre Israël et Gaza, le 21 octobre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

« Nous disons les choses telles qu’elles sont »

La démission de Ben Gvir est intervenue un jour avant l’investiture de Trump, ce qui signifie que les deux hommes ne se sont pas croisés en tant que représentants officiels de leurs gouvernements respectifs.

Le président d’Otzma Yehudit regrette cette occasion manquée : « J’ai le sentiment que nous aurions pu travailler ensemble – moi, en tant que ministre, et lui, en tant que président des États-Unis. »

« Je suis convaincu que Trump m’apprécierait beaucoup si nous avions l’occasion de parler », poursuit-il. « Parce que je dis les choses telles qu’elles sont, tout comme lui… Les gens aiment ça aux États-Unis, et ils aiment ça en Israël aussi. »

Ben Gvir a affirmé au début du mois qu’il serait prêt à réintégrer le gouvernement si Netanyahu mettait en œuvre le plan de relocalisation proposé par Trump.

« Si Israël transférait dès maintenant des centaines de milliers de Gazaouis dans le cadre d’une opération visant à encourager l’émigration, je ne doute pas que cela changerait la donne », a-t-il déclaré mercredi.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir dirigeant une réunion de faction de son parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de la Knesset, à Jérusalem, le 18 novembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Contourner Biden

Le mandat de Ben Gvir en tant que ministre de la Sécurité nationale a coïncidé avec celui de l’ancien président américain Joe Biden, dont l’administration a boycotté le ministre, estimant que lui accorder une légitimité reviendrait à cautionner ses positions ultranationalistes.

Pour la première fois, Ben Gvir a confirmé que l’administration Biden avait bloqué pendant plusieurs mois le transfert de fusils d’assaut destinés à son ministère au cours de la guerre.

Il affirme avoir cherché à armer les équipes de sécurité locales à travers le pays, mais Washington aurait craint que ces armes ne soient distribuées à des résidents d’implantations et utilisées de manière inappropriée lors d’événements politiques.

Face aux restrictions américaines, Ben Gvir explique avoir contourné le problème en se tournant vers des fabricants israéliens. « En fin de compte, j’ai réussi… [et] les États-Unis ont été un peu perdants, car nous avons acheté ces armes ailleurs. »

Il a révélé également avoir subi des pressions – bien qu’indirectes – de la part de l’administration Biden pour améliorer les conditions de détention des prisonniers de sécurité dans les prisons sous la supervision de son ministère.

« Aujourd’hui, les prisons israéliennes ressemblent davantage aux prisons américaines. Avant, c’était des colonies de vacances », a déclaré Ben Gvir, ajoutant qu’il n’avait pas tenu compte des objections américaines à ce sujet.

Certains des prisonniers sécuritaires libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu en cours sont apparus émaciés et ont dénoncé des abus systématiques de la part des gardiens israéliens.

L’administration Biden a également tenté d’intervenir contre les changements instaurés par Ben Gvir facilitant la prière juive sur le mont du Temple, en violation du statu quo qui régit ce site hautement sensible.

« Les responsables de Biden voulaient contacter le commandant du district de police… mais j’ai refusé qu’il les rencontre sans moi. C’est moi qui fixe la politique sur le mont du Temple. Pas le commandant du district, ni personne d’autre », a affirmé Ben Gvir.

Interrogé sur un éventuel soutien de Netanyahu face aux pressions de l’administration Biden, l’ancien ministre a simplement secoué la tête en signe de dénégation.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.