Ben Gvir voudrait le ministère de l’Éducation, en plus de la Sécurité intérieure
Le député d'extrême-droite doit rencontrer Netanyahu lundi ; Smotrich aurait demandé le portefeuille de la Défense ou celui des Finances
Le député extrémiste Itamar Ben Gvir demanderait que le ministère de l’Éducation soit placé entre les mains de sa faction Otzma Yehudit – en plus de sa revendication du portefeuille de la Sécurité intérieure – dans le cadre des négociations de coalition informelles qui devraient commencer lundi. Il va rencontrer dans la journée le chef du parti du Likud, Benjamin Netanyahu.
Avant le scrutin de la semaine dernière, qui a été remporté par le bloc des partis de droite et religieux de Netanyahu, Ben Gvir avait publiquement affirmé qu’il réclamerait le poste de ministre de la Sécurité intérieure, le ministère en charge de la police.
Selon la chaîne publique Kan, Ben Gvir demandera également qu’un membre de sa faction obtienne le portefeuille de l’Éducation et que le tronc commun, dans les écoles laïques israéliennes, soit soumis à un réexamen de manière à approfondir les études d’histoire et de patrimoine juifs.
De son côté, la Treizième chaîne a indiqué que Ben Gvir devrait aussi appeler à imposer des conditions de détention plus strictes aux prisonniers sécuritaires – qui sont, dans leur grande majorité, des Palestiniens qui ont été condamnés pour terrorisme – quand il rencontrera Netanyahu.
Netanyahu a lancé les négociations informelles sur la formation de son prochain gouvernement dimanche, même si le mandat pour ce faire ne lui a pas encore été officiellement remis par le président Isaac Herzog. Il a rencontré les leaders des deux factions de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni et Yitzhak Goldknopf et le leader du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich.
Smotrich aurait fait part de son intérêt pour les portefeuilles de la Justice ou de la Défense, même si la Douzième chaîne a indiqué, dimanche soir, que pendant une réunion qui a eu lieu dans la journée, Smotrich avait réclamé les ministères de la Défense ou des Finances.
Le reportage a ajouté que Smotrich avait soutenu la demande de Ben Gvir d’être nommé ministre de la Sécurité intérieure.
Kan a fait savoir que Smotrich avait aussi appelé à adopter une clause de contournement « élargie » qui permettrait à la Knesset de passer outre les jugements rendus par la Haute-cour par une majorité simple, qui ne nécessiterait pas le vote de 61 députés. La chaîne a toutefois ajouté que Netanyahu et ses alliés ultra-orthodoxes sont opposés à une telle mesure.
Smotrich et Ben Gvir ont annoncé, dimanche, qu’ils négocieraient en tant que bloc uni, tentant de mettre un terme aux rumeurs qui ont laissé entendre que Netanyahu pourrait tenter de diviser leur liste d’alliance en deux partis distincts.
Dans un communiqué conjoint, Smotrich et Ben Gvir ont dit avoir convenu de mettre en place « un bloc conjoint, avec le soutien total des deux partis » – HaTzionout HaDatit et la faction de Ben Gvir, Otzma Yehudit – « sur le sujet de l’entrée dans la coalition ». Les leaders ont indiqué que les deux formations « n’entreront pas l’une sans l’autre dans la coalition. Plus d’un demi-million d’électeurs ont voté pour nous et en faveur du changement – et nous avons des engagements à leur égard ».
Suite aux élections de la semaine dernière, les rumeurs laissant entendre que Netanyahu pourrait chercher à intégrer Smotrich, membre de l’extrême-droite, et ses députés dans le gouvernement tout en laissant Ben Gvir, plus radical, dans l’opposition sont allées bon train.
Au cours des campagnes électorales passées, Netanyahu avait estimé que Ben Gvir – qui a été reconnu coupable d’incitations à la violence, qui a régulièrement sorti une arme à feu pendant des affrontements et qui a dit qu’il encouragerait les citoyens arabes à émigrer – n’obtiendrait pas de poste au cabinet. Depuis, le chef du Likud a fait volte-face, affirmant que le député provocateur pourrait obtenir une fonction ministérielle dans son prochain gouvernement.
De leur côté, les responsables américains ont indiqué lors de réunions à huis-clos qu’ils boycotteront probablement Ben Gvir si ce dernier devait avoir une place au cabinet et de nombreux groupes juifs de la diaspora ont tiré la sonnette d’alarme face à l’ascension de l’extrême-droite et, en particulier, face à la perspective d’un Ben Gvir entrant au cabinet.
Netanyahu est probablement inquiet face à la réaction potentielle des États-Unis et de ses autres alliés occidentaux s’il doit accorder un poste éminent à Ben Gvir et en particulier un fauteuil au cabinet de sécurité.
Si Smotrich ou Ben Gvir obtiendront ce qu’ils ont demandé reste pour l’instant indéterminé.
Selon des informations parues dans les médias israéliens, le portefeuille de la Justice devrait probablement revenir à Yariv Levuin, du Likud. La candidature de Smotrich ne serait par ailleurs pas d’actualité à la tête du ministère de la Défense, un ministère qui devrait revenir à Yoav Gallant, du Likud. Si Smotrich a apparemment fait part de son intérêt pour le ministère des Finances, les derniers propos tenus par des responsables du Likud laissent penser qu’il pourrait obtenir le poste de ministre de l’Éducation.
Ben Gvir devrait livrer une bataille féroce pour obtenir la fonction de ministre de la Sécurité intérieure, et il est difficile de dire si les négociateurs du Likud pourront trouver un accord avec le député extrémiste pour éviter de lui donner cette fonction.
Toutefois, les négociations n’ont commencé aujourd’hui que de manière informelle, et aucun poste, aucune nomination, n’ont été confirmés ou promis pour le moment.
La course pour des places au cabinet se renforce aussi dans les rangs du Likud, avec la Douzième chaîne qui a fait savoir, dimanche soir, que des députés qui n’ont pas été identifiés voulaient présenter un projet de loi qui autorisera le député David Bitan, qui appartient au parti, de devenir ministre malgré ses mises en examen pour corruption.
Bitan a nié que de telles propositions de loi soient envisagées, disant à la chaîne en réponse que lorsqu’il désirait obtenir quelque chose, il le faisait ouvertement.
Tandis qu’un membre de la Knesset mis en examen peut servir au poste de Premier ministre – comme c’est le cas de Netanyahu, qui a déjà été chef de gouvernement alors qu’il était inculpé – il est interdit à un député sous le coup d’une inculpation de devenir ministre, conformément à un jugement qui avait été rendu par la Haute-cour dans les années 1990.
De plus, la Douzième chaîne a diffusé un enregistrement d’Israel Katz, un membre éminent du parti, qui affirme avoir formé une faction de « loyalistes », au Likud, qui forceront Netanyahu à lui donner le poste de ministre des Finances, une fonction qu’il a déjà occupée. Il a indiqué vendredi avoir soumis cette demande à Netanyahu.
Dans l’enregistrement, qui a été réalisé au cours d’une réunion privée, Katz dit que Netanyahu « offre des rôles à deux types de personnes : celles qu’il veut et celles à qui il doit offrir un rôle ». Il ajoute qu’il est « beaucoup plus facile » d’obtenir un portefeuille ministériel en forçant la main de Netanyahu.
Il ajoute qu’il est une personnalité majeure du Likud – une personnalité plus importante, dit-il, que son adversaire Nir Barkat – et qu’il doit ainsi être considéré comme le candidat naturel à la tête du Trésor.
Mais allant encore plus loin, Katz déclare qu’il « a une faction » au sein du Likud qui soutiendra sa demande, précisant qu’elle comprend les députés Bitan, May Golan, Nissim Vaturi et Hanoch Milvitzky.
Le bureau de Netanyahu a émis une réponse forte citant des proches non-identifiés du leader du Likud.
« Netanyahu ne se laisse pas impressionner par les menaces. Ceux qui le menacent resteront sur la touche, ils n’obtiendront pas de poste ministériel ».
Golan a pris ses distances face à Katz dans un communiqué, niant appartenir à une « faction » au sein du Likud.
Katz a déclaré, de son côté, que ces paroles avaient été prononcées « dans le cadre d’une conversation privée qui a été enregistrée en violation avec toutes les normes. » Il a ajouté être « heureux » de répondre aux critères lui permettant de devenir ministre, notant qu’il faisait confiance « au jugement de Netanyahu » concernant la désignation de ces derniers.
Pour sa part, le député Avi Maoz, chef du parti Noam anti-LGBT, qui s’est aussi présenté aux élections dans le cadre de la liste d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, a indiqué dimanche qu’il mènerait ses propres négociations distinctes.
Un porte-parole de Maoz a refusé d’entrer dans le détail des demandes soumises par Noam pour intégrer le gouvernement, disant que le parti « ne mène pas de négociations par le biais des médias ».
Le bureau du président Herzog a indiqué, dimanche, qu’il commencerait à consulter les chefs de parti mercredi à sa résidence de Jérusalem – des discussions qui seront diffusées en direct au public. Il devrait ensuite charger officiellement Netanyahu de former le prochain gouvernement.
La victoire décisive du Likud et de ses partis alliés, lors du scrutin de la semaine dernière, a fait de Netanyahu un choix clair.
Son bloc a remporté 64 sièges à la Knesset, forte de 120 membres, et il devrait former une alliance avec les partis ultra-orthodoxes du Shas et de Yahadout HaTorah, ainsi qu’avec l’alliance d’extrême-droite HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit.
Amy Spiro et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.