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Bezeq : Des textos révèlent qu’une juge et un enquêteur se sont coordonnés

Les deux responsables incriminés ont été écartés de l'Affaire 4000 après qu'une discussion a montré l'évocation des périodes de détention des suspects avant les audiences

La magistrate Ronit Poznansky-Katz (Crédit : Judiciary of Israel)
La magistrate Ronit Poznansky-Katz (Crédit : Judiciary of Israel)

Une magistrate dans l’enquête de corruption lancée sur Bezeq et un enquêteur sur le dossier ont évoqué et coordonné les décisions portant sur les périodes de détention des suspects incriminés dans des messages écrits avant l’audience, a montré une discussion sur l’application de messagerie instantanée WhatsApp obtenue par la Dixième chaîne.

Dans ce « chat », diffusé dimanche, l’enquêteur de l’Autorité des titres israélienne Eran Shacham-Shavit affirme à la juge Ronit Poznansky-Katz que les responsables en charge de l’affaire comptent libérer certains suspects détenus dans le cadre de l’enquête et maintenir d’autres en détention pendant quelques jours de plus.

« Tentez d’avoir l’air surprise », écrit-il.

« Je prends mon air surpris », répond-elle.

Dans une autre discussion, Shacham-Shavit écrit que, concernant les suspectes “Stella (Handler) et Iris (Elovitch), nous demanderons demain quelques jours de plus ».

« On demandera trois jours, mais vous pouvez véritablement, vraiment en accorder deux », explique-t-il.

L’enquêteur de l’Autorité des Titres israélienne Eran Shacham-Shavit (Capture d’écran : YouTube)

« Continuez à tout me révéler mais il faudra que j’ai l’air vraiment, vraiment surprise », répond encore la juge.

La conversation a eu lieu avant les audiences concernant les détentions préventives des suspects, pendant lesquelles ces derniers peuvent présenter leurs arguments avant que le juge ne prenne une décision sur leur sort.

Stella Handler, chairwoman of cable company HOT (photo credit: Moshe Shai/Flash90)
Stella Handler (Crédit : Moshe Shai/Flash90)

Une réponse initiale apportée par la cour semble défendre cette discussion préalable entre les deux responsables, disant que « l’usage du terme ‘coordination’ est inapproprié. Le juge connaît bien le dossier et ce, depuis le début. La décision de la justice est en tout cas prise dans la salle d’audience, après que les deux parties se sont exprimées et conformément aux matériels et aux nécessités de l’enquête ».

Toutefois, suite à la publication de la discussion, la présidente de la Cour suprême Esther Hayut et la ministre de la Justice Ayelet Shaked ont ordonné l’ouverture d’une enquête sur Poznansky-Katz.

Poznansky-Katz a été écartée des audiences prévues dans le dossier lundi, le président de la cour des magistrats ajoutant que la juge a été placée immédiatement en congé et qu’elle ne prendra plus part aux délibérations jusqu’au terme d’une enquête.

Shacham-Shavit a été lui aussi écarté du dossier et mis en congé. L’Autorité des titres israélienne a juré d’enquêter sur ses agissements.

Le département de la Justice a fait savoir dans un communiqué que le procureur général Avichai Mandelblit et le procureur de l’Etat Shai Nitzan considéraient que l’incident « contrevient aux principes de base exigés de la part des responsables des poursuites ».

L’Affaire 4 000 porte sur des soupçons que l’actionnaire principal du géant des télécommunications Bezeq, Shaul Elovitch, aurait donné l’ordre au site d’information Walla, qui lui appartient, d’assurer une couverture positive des actions du Premier ministre et de sa famille en échange de l’avancement par Netanyahu de régulations à son profit.

Shaul Elovitch lors de la prolongation de sa détention provisoire dans l’affaire 4000 au tribunal de Tel Aviv, le 22 février 2018. (Flash90)

Suite à la diffusion du reportage de la Dixième chaîne, les avocats de tous les suspects dans le dossier ont indiqué qu’ils réclameraient une libération anticipée de leurs clients. Une audience est prévue lundi matin.

Les réponses politiques à la révélation de ces discussions ont été rapides et furieuses.

Le ministre de la Défense Avigdor Liberman a demandé la suspension immédiate de la juge. « Nous ne devons pas permettre que l’opinion publique perde confiance dans le système des tribunaux », a-t-il écrit sur Twitter.

Le chef de Yesh Atid, Yair Lapid, a qualifié l’incident « d’affligeant » et a déclaré qu’il montrait « le mépris de la justice et le mépris envers l’opinion publique ».

Le leader de l’Union sioniste, Avi Gabbay, a déclaré : « Un juge qui coordonne des arrestations avec un procureur n’a pas sa place dans un tribunal », mais il a ajouté que cet incident n’influait en rien sur les soupçons nourris envers Netanyahu : « Aucune conduite de la part d’un magistrat – aussi honteuse puisse-t-elle être – ne peut les atténuer ».

Le président de l’Union sioniste Yoel Hasson s’est dit lui aussi atterré. « La confiance publique dans le système judiciaire est le saint des saint », a-t-il tweeté. « Le droit à des procédures normales pour tous les suspects est la base. L’enquêteur comme la juge doivent être écartés de leurs postes dès ce soir ».

Le ministre du Tourisme Yariv Levin (Likud) a dit pour sa part que « s’il est clairement établi que des civils ont été envoyés en détention en raison d’un processus dans lequel des décisions ont été prises préalablement à une audience, il s’agira de l’un des délits criminels les plus graves ».

Le député Bezalel Smotritch du parti HaBayit HaYehudi a également appelé la suspension des deux responsables et il a demandé la libération immédiate de tous les suspects de l’Affaire 4000. « Nous ne devons pas donner la moindre chance au fait que la liberté d’un individu soit ôtée à travers un processus inapproprié », a-t-il déclaré.

Dans la matinée de dimanche, une source proche de l’enquête a fait savoir au Times of Israel que Netanyahu serait interrogé vendredi dans le dossier, peut-être même « après lecture de ses droits » au titre de suspect.

L’enquête de l’Affaire 4 000 a connu la semaine dernière des rebondissements suite à l’arrestation d’un certain nombre de conseillers de haut-rang de Netanyahu et de cadres de Bezeq.

Shlomo Filber, le directeur-général du ministère des Communications qui a été suspendu, confident de Netanyahu de longue date, a signé mardi dernier un accord pour devenir témoin de l’accusation. Il pourrait incriminer le Premier ministre dans le dossier. Filber a vu sa détention provisoire prolongée mercredi de 15 jours et il devrait rester dans un lieu tenu secret pendant ces deux semaines alors que la police continuera à l’interroger.

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