Biden dit avoir mis en garde Netanyahu en octobre 2023 : « Vous ne pouvez pas piloner Gaza »
Le président sortant ne croit pas que « [s]on ami » Netanyahu ait retardé les négociations à des fins politiques, ajoutant qu'il devait tenir compte des "intérêts légitimes" des Palestiniens

Le président américain sortant Joe Biden s’est souvenu jeudi, à l’occasion d’une interview, d’une conversation avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu peu de temps après le pogrom commis par le Hamas le 7 octobre 2023, au cours de laquelle il aurait dit au Premier ministre israélien : « Vous ne pouvez pas bombarder ces communautés ».
Dans une interview à MSNBC, il a déclaré que Netanyahu lui avait répondu que les États-Unis avaient eux-mêmes employé des bombes nucléaires dans des zones civiles pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Je lui ai alors dit : ‘Mais c’est la raison pour laquelle nous avons créé l’ONU’ », se souvient Biden.
« Ce après quoi il a présenté un argument légitime – son point de vue – et dit : ‘Ecoutez, ce sont eux qui ont tué mon peuple’ », a déclaré Biden, ajoutant qu’il ne croyait pas que Netanyahu ait fait trainer les négociations en vue d’un cessez-le-feu avec le groupe terroriste à des fins purement politiques.
« Je crois que, dans sa position, il faut beaucoup de courage pour s’opposer à cette coalition qui pourrait très bien en terminer avec lui dès demain », a déclaré le président américain sortant.
Biden a ajouté que Netanyahu devait « trouver le moyen de prendre en compte les intérêts légitimes » des Palestiniens de façon à garantir la viabilité à long-terme d’Israël.
Biden: And I said, “Bibi, you can't be carpet bombing these communities.” And he said to me, “well, you did it, you carpet bombed.” Not his exact words, but “you carpet bombed Berlin. You dropped a nuclear weapon.” pic.twitter.com/S0loEkO0aJ
— Acyn (@Acyn) January 17, 2025
« Il est irréaliste de penser qu’Israël pourrait se maintenir à long terme sans tenir compte de la question palestinienne… », a ajouté Biden.
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, sera investi lundi.
« Je n’ai pas arrêté de rappeler à mon ami – car c’est bien un ami, quand bien même nous ne soyons plus très d’accord ces derniers temps, avec Bibi Netanyahu – qu’il devait trouver le moyen de prendre en compte les intérêts légitimes de cet important groupe de personnes, les Palestiniens, qui n’ont nulle part ailleurs pour vivre de manière indépendante. »
Les relations de Biden et Netanyahu ont été particulièrement difficiles lors de leur mandat commun.
Les deux hommes ont beau se connaitre depuis des dizaines d’années, la Maison Blanche a vivement critiqué le Premier ministre pour s’être allié à des personnalités provocatrices d’extrême droite, fin 2022, et a manifesté de profondes inquiétudes face au projet de refonte judiciaire de 2023.

Biden est le premier président américain à s’être rendu en Israël en temps de guerre, en atterrissant à Tel Aviv le 18 octobre 2023 pour témoigner de sa profonde solidarité avec le pays et son peuple. Mais ces douze derniers mois, les deux dirigeants ont publiquement fait état de leurs désaccords sur la guerre et les négociations en vue de la libération des otages.
En privé, Biden aurait traité Netanyahu de « trou du cul » et de « putain de menteur », et dit à son entourage professionnel qu’il était « une mauvaise personne », selon le livre du journaliste américain Bob Woodward.
Netanyahu, pour sa part, a critiqué le jugement et les politiques de l’administration Biden – notamment en matière de livraisons d’armes et en réaction aux critiques des actions militaires israéliennes – à des moments cruciaux de la guerre, affirmant que les conseils de Biden s’étaient à plusieurs reprises avérés peu pertinents.

La guerre a commencé le 7 octobre 2023, lorsque des terroristes dirigés par le Hamas se sont introduits en territoire israélien pour y commettre un pogrom qui a coûté la vie à 1 200 personnes et fait 251 otages.
Selon les autorités sanitaires de Gaza dirigées par le Hamas, plus de 46 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes lors des combats dans la bande de Gaza : toutefois, ce bilan est invérifiable et ne fait manifestement pas le distinguo entre civils et hommes armés.
En novembre dernier, Israël revendiquait la mort de 18 000 hommes armés lors des combats, auxquels s’ajoutent un millier de terroristes tués sur le sol israélien le 7 octobre.
Israël explique avec constance faire le maximum pour limiter les pertes civiles, tout en rappelant que le Hamas utilise les civils de Gaza comme des boucliers humains en livrant des combats depuis des zones civiles – maisons, hôpitaux, écoles et mosquées.
Côté israélien, le bilan humain de l’offensive terrestre contre le Hamas à Gaza et le long de la frontière avec la bande de Gaza s’élève à 407 morts.