Bressler dit à Gotliv de retirer ses accusations « complotistes » sur ses liens avec le Mossad
La cheffe du mouvement de protestation dit que les accusations infondées de la députée du Likud la liant au 7 octobre sont "un ramassis de mensonges grossiers et calomnieux"
Dans une lettre de son conseiller juridique rendue publique dans la presse israélienne vendredi, Shikma Bressler, chef de file du mouvement de protestation contre la réforme judiciaire, a exigé de Tally Gotliv (Likud) qu’elle revienne sur son accusation virant à la « théorie du complot délirante » à l’encontre des opposants à la refonte judiciaire, et a appelé la législatrice à renoncer à son immunité parlementaire.
« Vous (Gotliv) publiez des fabrications sur notre cliente depuis des mois », accusent les avocats de Bressler dans la lettre, faisant référence aux allégations non étayées de Gotliv selon lesquelles le chef du Mossad, David Barnea, aurait rencontré la leader du mouvement de protestation quelques jours avant l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier.
Cette allégation a été démentie avec force par le Mossad déjà par le passé, et encore cette semaine lorsque Gotliv l’a réitérée.
Dans la lettre publiée vendredi, Bressler qualifie ces allégations de « ramassis de mensonges grossiers et calomnieux » et ajoute qu’elle juge « intolérable et impardonnable » qu’elles aient été formulées par une représentante officielle du gouvernement.
Elle a également appelé Gotliv à renoncer à son immunité parlementaire afin que des poursuites puissent être engagées contre elle pour diffamation.
Les dernières publications de Gotliv comprenaient une capture d’écran d’un article provenant d’un site marginal connu pour ses tendances complotistes, dont le titre affirmait que Barnea « avait reçu un message des Américains indiquant qu’ils avaient intercepté des conversations entre le mari de Shikma Bressler du Shin Bet et Yahya Sinwar » quatre jours avant les massacres perpétrés par le groupe terroriste du Hamas, au cours desquels des milliers de terroristes ont tué près de 1 200 personnes et pris plus de 250 otages, pour la plupart des civils. Sinwar est le principal dirigeant du Hamas à Gaza.
Dans sa lettre, l’activiste reproche également à la députée du Likud d’avoir « fait du partenaire [de Bressler] une cible facile pour les théories conspirationnistes que vous avez choisi de répandre ».
À la suite de la série de publications sur les réseaux sociaux, le chef du Mossad a publié une lettre au ton très ferme contre Gotliv, l’accusant de mettre en danger la vie du personnel des services de sécurité et de leurs familles en publiant leurs données personnelles.
« La sécurité nationale ne peut pas être utilisée comme un outil dans une tentative stupide d’attirer l’attention du public », a écrit Ronen Bar, affirmant que Gotliv avait enfreint le droit pénal et le droit civil avec ses publications.
Il a également accusé la députée du Likud d’avoir « sciemment et intentionnellement » porté atteinte à la sécurité nationale et a déclaré qu’en raison de ses actions, les services de sécurité avaient été contraints de consacrer davantage de temps et de ressources à la protection de leurs membres.
La première fois que la législatrice du Likud a évoqué la thèse conspirationniste d’une rencontre entre Barnea et Bressler remonte au 3 octobre dernier.
« C’est une bonne chose que je bénéficie de l’immunité et que les ordonnances judiciaires ne s’appliquent pas à moi », avait écrit Gotliv à l’époque, en demandant : « Quelqu’un peut-il expliquer cette réunion ? Elle n’est pas anodine, sinon elle ne ferait pas l’objet d’un embargo. »
À l’époque, le Mossad avait également démenti cette affirmation en la qualifiant de « fake news ».
Depuis son entrée à la Knesset à la suite des élections de novembre 2022, Gotliv s’est forgée une réputation autour de ses déclarations incendiaires, accusant par exemple l’armée israélienne et le Shin Bet de « travailler pour les terroristes« .
Le Mossad a démenti les informations qui le liaient aux manifestations de masse contre les projets du gouvernement visant à affaiblir le système judiciaire, notamment les documents des services de renseignement américains divulgués en avril qui prétendaient montrer que de hauts responsables de l’agence d’espionnage avaient contribué à attiser les protestations. À l’époque, l’agence de renseignement avait qualifié ces informations de « complètement fausses et absurdes ».
Bressler, physicienne émérite, est devenue l’une des figures les plus visibles et les plus éloquentes du mouvement national de protestation qui s’est développé au cours de l’année écoulée contre les projets du gouvernement visant à remanier le système judiciaire, ce qui, selon les critiques, saperait la démocratie en Israël.