Gallant fustige les attaques de membres de la coalition contre l’armée
Le ministre de la Défense a dénoncé des agressions "dangereuses, scandaleuses" après que Tally Gotliv, du Likud, a dit que les militaires "travaillent pour les terroristes"
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant (Likud), a riposté dimanche aux membres de la coalition qui s’en sont pris avec vivacité, ces derniers mois, à l’armée et aux responsables de la sécurité, disant que leurs propos « scandaleux » nuisaient à Tsahal.
« Ces derniers jours, des responsables élus – notamment des ministres et des députés de la Knesset – se sont permis de faire des déclarations mensongères, sans fondement et irresponsables au sujet de l’armée, au sujet de ses commandants et de ses soldats », a dit Gallant lors d’une cérémonie de remise des prix militaire, qui récompensait les soldats aux agissements exceptionnels.
« Ce sont des propos scandaleux qui mettent en péril le plus grand atout de l’État d’Israël, Tsahal », a-t-il continué lors de cet événement qui était organisé au siège de l’armée israélienne à Tel Aviv.
« Vous, commandants, soldats de l’armée et membres des forces de sécurité qui consacrez vos vies à la sécurité du pays et à la protection de ses citoyens, vous méritez d’être soutenus et ceux qui tentent de vous discréditer méritent d’être condamnés », a continué Gallant.
Se référant aux tensions nationales qui entourent le plan de réforme radicale du système de la justice israélien, il a ajouté que « c’est le bon endroit pour exprimer toute mon appréciation de l’armée et de son chef, le chef d’état-major Herzi Halevi, ainsi que de l’état-major tout entier, pour les tâches sécuritaires qu’ils accomplissent et pour leur prise en charge ferme et résolue des difficultés sociales qui agitent Tsahal ».
« Même en ce moment, et peut-être tout particulièrement en ce moment, il est important que nous conservions l’armée en tant que telle et que nous la placions au-dessus et au-delà de toutes les querelles – nous n’avons pas d’autre armée sur laquelle nous appuyer », a-t-il ajouté.
Ces paroles ont été prononcées par Gallant après que Tally Gotliv, députée du parti du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a accusé, vendredi, l’armée et l’agence de sécurité du Shin Bet « de travailler pour les terroristes ».
Gotliv avait fait cette affirmation alors qu’elle prenait la défense du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui s’était disputé avec Netanyahu, vendredi, concernant la politique gouvernementale mise en œuvre à l’égard des prisonniers palestiniens. Ben Gvir avait insisté sur le fait que de nouvelles règles entourant les visites des familles – autorisées à venir voir leur proche incarcéré une fois tous les deux mois – étaient dorénavant en vigueur, Netanyahu lui disant qu’aucune décision de ce type n’avait été prise.
« C’est bien de savoir que l’armée et le Shin Bet travaillent pour les terroristes et pour les prisonniers sécuritaires. L’État profond tout entier s’oppose au ministre Ben Gvir », avait écrit Gotliv dans une publication parue sur X, le réseau social anciennement connu sous le nom de Twitter.
De son côté, le bureau de Netanyahu avait condamné des propos « scandaleux ». Gallant avait indiqué qu’il considérait que les déclarations de Gotliv étaient « graves », notant qu’ils équivalaient à « piétiner le drapeau national » et il avait exigé « des excuses immédiates » de la part de la députée.
Gotliv suscite très régulièrement la controverse et elle a été récemment à l’origine d’une défaite humiliante, pour la coalition, lors d’un vote. Elle avait alors refusé de se plier à la discipline du parti.
D’autres législateurs – notamment issus du Likud, de Hatzionout HaDatit et d’Otzma Yehudit, à l’extrême-droite, mais aussi le propre fils de Netanyahu, Yair – s’en prennent de manière répétée aux responsables de la Défense depuis plusieurs mois après que l’armée a condamné les violences commises par les partisans du mouvement pro-implantation dans des villes et villages de la Cisjordanie.
Les responsables de l’armée ont aussi été attaqués pour avoir averti que le mouvement de protestation lancé par des milliers de réservistes – qui ont cessé de se présenter au service en signe d’opposition au plan de refonte du système judiciaire avancé par le gouvernement – portait atteinte à l’état de préparation de l’armée.