Budapest demande la démission d’un commissaire européen accusé d’avoir taxé Orban d’“antisémitisme”
Le Premier ministre hongrois avait accusé George Soros d'être un “spéculateur financier américain attaquant la Hongrie”
Budapest a demandé vendredi la démission du vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans après que celui-ci a jugé empreints d’ « antisémitisme » des propos du Premier ministre hongrois Viktor Orban visant le milliardaire américain George Soros.
« Le premier vice-président de la Commission européenne devrait démissionner des ses fonctions après avoir accusé le Premier ministre et le gouvernement hongrois d’antisémitisme », a déclaré le ministère des Affaires étrangères hongrois dans un communiqué.
Ces accusations sont « injustes et inacceptables », a déclaré le chef de la diplomatie hongroise, Péter Szijjarto, soulignant que son pays avait « mis en place une politique de zéro tolérance en matière d’antisémitisme ».
Dans une interview parue jeudi dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit, Timmermans avait été invité à réagir à des propos tenus fin avril en sa présence par Orban devant le Parlement européen.
Visé par une procédure européenne d’infraction contre sa loi sur les universités étrangères, qui cible en particulier l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée à Budapest par Soros, le dirigeant hongrois avait accusé ce dernier d’être un « spéculateur financier américain attaquant la Hongrie ».
Interpellé à ce sujet par Die Zeit, selon qui ces propos ont des « accents clairement antisémites », Timmermans confie dans l’interview : « j’ai compris cela exactement de la même façon que vous et cela m’a indigné. »
« Le fait que l’antisémitisme existe encore en Europe est terrible ! », ajoute-t-il, expliquant n’avoir « pas réagi » durant le débat au Parlement pour ne pas créer un esclandre qui aurait occulté les discussions de fond.
Interrogée vendredi sur cette nouvelle polémique entre Bruxelles et Budapest, une porte-parole de l’exécutif européen a expliqué que Timmermans avait interprété les propos d’Orban comme « une provocation ».
« Il faudrait se retenir d’utiliser des expressions ambiguës à l’avenir afin qu’aucun malentendu ne puisse en découler », a-t-elle ajouté.
Szijjarto a quant à lui assuré vendredi que les critiques adressées par Budapest au milliardaire américain n’avaient « absolument rien à voir avec les origines ou la religion de George Soros ».
« Nous avons fait plus que quiconque pour protéger l’Europe et la communauté juive vivant en Europe », a estimé le ministre en faisant allusion à la politique anti-migratoire controversée du gouvernement hongrois.
Régulièrement épinglé pour ses attaques contre la société civile et pour ses penchants autoritaires, Orban a récemment qualifié Soros d’ « ennemi public » en raison des valeurs libérales que ce dernier promeut via son université et des ONG qu’il finance.