Canada : l’antisémitisme baisse, mais la violence augmente
Un rapport du B’nai Brith s’inquiète du degré de violence des actes antisémites au Canada
TORONTO – Les actes antisémites ont légèrement baissé au Canada en 2013 par rapport à l’année précédente, mais les actes de vandalisme et le niveau de violence ont augmenté « de manière significative », selon le B’nai Brith Canada.
L’audit annuel de l’organisation sur les actes antisémites, publié le 11 avril, montre qu’à l’échelle du Canada, 1 274 incidents ont été enregistrés en 2013, soit une baisse de 5,3 % par rapport à 2012.
Si les harcèlements sont passés de 1 013 en 2012 à 872 en 2013, ce qui représente une baisse de presque 14 %, les actes de vandalisme ont augmenté de
21,6 % (388 en 2013 contre 319 l’année précédente) et les actes violents sont passés de 13 à 14.
De crainte « qu’ils ne soient considérés comme des tracas
insignifiants », l’audit précise que 113 des 872 incidents classés dans la catégorie ‘harcèlement’ « ont consisté en des menaces explicites de violence contre des individus, des familles, des entreprises ou des institutions. »
Selon le rapport, un peu plus de la moitié des incidents (741 actes) a eu lieu « comme c’est le cas généralement » dans l’Ontario, la province la plus peuplée du Canada. En deuxième position, vient le Québec (250 actes).
En ce qui concerne les actes de vandalisme, une « forte hausse » a été enregistrée dans la région de Montréal ainsi que dans les provinces de l’Atlantique alors qu’une baisse a été constatée dans l’Ouest canadien.
Le rapport ajoute que 434 des incidents enregistrés sont des cas de haine sur Internet, ce qui représente une baisse par rapport à 2012 (521 incidents) et 2011 (528 incidents).
Si une baisse générale des actes antisémites « est toujours la bienvenue, les actes révèlent la nature persistante de l’antisémitisme au Canada », peut-on lire dans l’audit. Le document note que les actes antijuifs ont augmenté de presque 50 % au cours de la dernière décennie.
Mais les chiffres « ne sont qu’une partie de l’histoire » a affirmé Frank Dimant, le PDG du B’nai Brith Canada.
« Ce que nous entendons chez les appelants, c’est un sentiment de crainte parmi les Canadiens. Si les chiffres de cette année sont en légère baisse, la haine des Juifs a tellement viré en un discours normatif qu’elle n’est plus perçue comme quelque chose de mal. »
Le B’nai Brith a également émis plusieurs recommandations : faire de la négation de la Shoah un crime haineux à part entière dans le code pénal ; interdire l’adhésion à des groupes haineux conformément aux obligations internationales du Canada ; s’assurer que les victimes de crimes haineux soient entendues lors de poursuites pénales ; et prendre des mesures pour lutter contre le cyber harcèlement, notamment les expressions de haine et de discrimination.