Cannes-Torcy : père juif, fratrie en Israël, un converti à l’islam aux fréquentations antisémites
La justice reproche à Michaël Amselem d'avoir acheté du salpêtre et laissé son ADN sur un minuteur, le tout destiné à la fabrication d'une bombe à "poser chez des militaires ou des sionistes"

Mère catholique, père juif non-pratiquant mais fratrie partie vivre en Israël, Michaël Amselem, 27 ans, a raconté mardi devant la cour d’assises de Paris sa conversion à l’islam et sa rencontre avec des membres de la filières jihadiste de Cannes-Torcy, dont le chef est décrit comme ouvertement antisémite.
« Quand j’étais petit, je portais déjà Dieu dans mon cœur. Alors, quand ma vie a commencé à tourner vinaigre, je me suis remis à lui parler. Peut-être que j’avais une forme de rejet du judaïsme, une partie de ma famille était partie [en Israël], le catholicisme ne m’intéressait pas, du coup je me suis tourné vers l’islam », a expliqué à la cour l’accusé, qui comparaît libre.
Vingt hommes de 23 à 33 ans, originaires de Torcy (Seine-et-Marne) et de Cannes (Alpes-Maritime) sont poursuivis devant la cour d’assises spéciale chargée de juger les crimes terroristes : dix sont en détention provisoire, sept sont libres sous contrôle judiciaire et trois sont en fuite.
Michaël Amselem fait partie du groupe des « cannois » qui se retrouvait à la mosquée Al Madina.
Parmi les éléments retenus contre lui figure sa radicalisation avec l’un de ses amis d’enfance Victor Guevara, et leur cohabitation à Cannes avec Jérémie Louis-Sidney, considéré comme le chef du groupe.
Ce dernier a été abattu par des tirs de riposte des policiers venus l’arrêter lors du premier coup de filet lancé contre cette cellule. « Il avait la haine des Juifs et pensait que le combat de Mohamed Merah [terroriste toulousain qui a tué Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Gabriel Sandler, Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo et Jonathan Sandler ont été tués entre le 11 et le 19 mars] était légitime », ont rapporté des membres du groupe.

« Aujourd’hui, je ne suis plus musulman », a assuré à la barre Michaël Anselem, athlétique et cheveux ras, qui s’est dit déçu par la fausseté des discours sur « le respect » de certains camarades et « refroidi par cette affaire ».
« C’est horrible de vouloir tuer des gens. Je ne crois pas que la violence soit une solution », s’est défendu l’accusé qui dit avoir quitté le groupe quand il s’est dit : « C’est chaud ».
La justice lui reproche d’avoir acheté du salpêtre et laissé son ADN sur un minuteur retrouvés dans un box avec une cocotte-minute, le tout destiné à la fabrication d’une bombe à « poser chez des militaires ou des sionistes », selon un des cadres du groupe.
Amselem explique sa conversion par un manque de repères. « En tant que converti, on est plus vulnérable parce qu’on veut en faire plus. Les islamistes vous montrent les plus beaux fruits pour vous attirer […], vous manger le cerveau. »
Qu’en pensaient ses parents ? « Je leur ai dit que je m’intéressais à l’islam mais on n’en a jamais vraiment parlé. Ils considéraient que c’était mon choix », a-t-il affirmé.