Ce qu’a dit le chef de la diplomatie marocain sur le supposé accord avec Israël
L'accord présumé impliquerait un soutien israélien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, de la coopération internationale et des Marocains résidant à l’étranger, a réagi ce mardi au supposé accord en cours de pourparlers entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël, qui impliquerait une reconnaissance américaine et israélienne de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange d’un soutien du Maroc au plan de paix israélo-palestinien de l’administration américaine et d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël.
Lors d’une réunion de la commission des Affaires étrangères de la chambre des conseillers, Abdelilah Halouti, secrétaire général de l’Union nationale du travail au Maroc, a posé la question suivante au ministre : « Quel crédit accorder aux thèses parues sur le site d’information américain, Axios, au demeurant des plus crédibles, et avançant l’idée d’un soutien américain définitif, qui serait en gestation, à la marocanité du Sahara, en échange d’une normalisation des relations avec Israël ? »
Sans nier cet éventuel accord, le ministre a répondu en indiquant que « la tradition marocaine en matière de diplomatie s’interdisait toute réponse à des informations émanant d’un média, et qui ne serait pas d’ordre officiel », a rapporté le site d’information Le360.
Il a ajouté que la position du Maroc « sur la question de la Palestine demeurait constante » et affirmé que « les plus hautes autorités palestiniennes avaient approuvé la réaction du royaume au ‘deal du siècle’ de Donald Trump ».
Fin janvier, après la révélation du plan de paix israélo-palestinien de l’administration Trump, le Maroc, par la voix de Nasser Bourita, avait réagi en saluant « les efforts constructifs de paix déployés par l’administration américaine actuelle en vue de parvenir à une solution juste, durable et équitable au Proche-Orient ».
Le responsable avait expliqué « qu’au vu de l’importance de cette vision et de son ampleur, le royaume examinera ses détails de manière très attentive ». « L’acceptation par les parties des différents éléments est fondamentale pour la mise en œuvre et la durabilité de ce plan », avait-il ajouté.
Prenant soin de ne pas froisser l’administration américaine jugée plutôt imprévisible, il expliquait « souhaiter qu’une dynamique constructive de paix soit lancée, en vue d’une solution réaliste (…), satisfaisant les droits légitimes du peuple palestinien pour un État indépendant, viable et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale. »
« Le royaume considère que le statut de Jérusalem doit être préservé » et « la décision finale doit faire l’objet de discussions entre les parties, conformément à la légalité internationale », expliquait-il également.
Le Maroc faisait ainsi cavalier seul au Maghreb, alors que le parlement tunisien avait dénoncé le plan comme « raciste » et qui « impose la souveraineté de l’occupation israélienne ». Des manifestants tunisiens ont réclamé le « boycott des tueurs d’enfants » mardi.
Le Ministère des Affaires étrangères algérien l’avait lui défini comme une « prescription du droit du peuple palestinien » et avait réitéré son « soutien indéfectible et permanent à la cause palestinienne ».
En décembre, la Douzième chaine israélienne avait rapporté que Netanyahu espérait se joindre au secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo lors de son voyage au Maroc, mais que l’idée avait été refusée par les Marocains, qui ont même refusé de discuter de la question de la normalisation des relations.
La semaine dernière, selon le site français Intelligence Online, l’armée marocaine aurait pris possession de trois drones de reconnaissance fabriqués par Israël et vendus au royaume chérifien via la France. Une information qui n’a pas pu être confirmée.