Certains opposants au projet du mur Occidental ne sont pas satisfaits de son gel
Pour les archéologues, l’extension de la zone de prière pluraliste pourrait nuire aux antiquités ; les militantes religieuses féministes opposées à l’accord ne sont pas ravies de sa suspension

La décision du gouvernement de suspendre un projet de création d’un espace de prière pluraliste au mur Occidental n’a que peu satisfait les deux groupes non orthodoxes qui s’étaient opposés à la proposition initiale : les archéologues, et les militantes religieuses qui voulaient en obtenir plus que ce que le compromis permettait.
Dimanche, le gouvernement a suspendu un projet approuvé en janvier 2016 pour créer une zone de prière pluraliste, suite à des appels des alliés ultra-orthodoxes de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour annuler l’accord. Le projet aurait permis la mise en place d’un pavillon pour la prière pluraliste – il n’existe pour l’instant qu’une plate-forme temporaire – placé sous la supervision commune de représentants de tous les grands courants du judaïsme.
Le gouvernement a indiqué que, malgré la suspension de l’accord, il continuerait à étendre l’espace de prière situé à l’arche de Robinson, au sud de la place principale du mur Occidental, ce qui a ravivé les préoccupations des archéologues pour les dégâts qui pourraient être faits aux objets antiques qui y sont présents.
« Il est impossible que la seule solution trouvée le soit aux dépens d’un tel site patrimonial », a déclaré le Dr Eilat Mazar, archéologue de l’Institut d’archéologie de l’université hébraïque, qui a fouillé de nombreux sites autour des murailles de la Vieille Ville.
Naftali Bennett, ministre de l’Education, avait ouvert la plate-forme en 2013, quand il était ministre des Affaires religieuses, en partie en raison des pressions des associations juives non orthodoxes, comme les Femmes du Mur.

La plate-forme, qui devait n’être que temporaire, avait déjà exaspéré certains archéologues.
Un groupe d’archéologues de Jérusalem avait demandé l’année dernière à Netanyahu de supprimer immédiatement la plate-forme et de trouver un autre moyen, affirmant que le site était « le couronnement de l’archéologie de Jérusalem. »
« C’est le seul endroit où l’on peut toucher et voir les pierres immenses qui sont tombées pendant la destruction du deuxième Temple de Jérusalem. Les pierres qui sont tombées du mur Occidental dans la rue originelle qui était utilisée par un nombre immense de pèlerins », a dit Mazar lundi.
Il n’y a pas de fouille archéologique en cours sur le site où devait être étendue la section égalitaire.
« Les débris, la destruction de ce qui a déjà été dévoilé, mais la destruction est cachée sous une sorte de rampe, a-t-elle dit. Vous perdez le sentiment qui existait quand on voyait le mur Occidental et les pierres immenses qui en sont tombées. »

La plate-forme masque certaines des magnifiques maçonneries de l’ancien Temple, ainsi que des trésors d’autres périodes archéologiques trouvées sur la zone.
Le comité affirme que la plate-forme a été construite en violation des directives archéologiques et sur la construction.
Le grand-père de Mazar, Benjamin Mazar, était l’archéologue qui a supervisé les fouilles de la zone où se trouve aujourd’hui la plateforme. Neuf archéologues ont signé la pétition demandant à Netanyahu de la démanteler.
L’Autorité israélienne des antiquités (IAA) a refusé de s’exprimer sur les nouveaux développements concernant la décision de Netanyahu de geler l’accord. Pendant une session de la Knesset consacrée à l’examen de la plate-forme le 22 novembre 2016, Yisrael Hasson, le directeur de l’IAA, avait lui aussi déploré la construction de la plate-forme.
« Convertir le site en espace de prière empêchera toute préservation et gestion adéquate des découvertes », avait dit Hasson pendant une réunion de la commission de l’Education de la Knesset.
Hasson avait cependant ajouté que si le gouvernement décide d’étendre la section pluraliste, l’IAA voulait être impliquée afin de minimiser les dégâts.
Les militantes religieuse non orthodoxes qui s’étaient initialement opposées à l’accord du mur Occidental ont indiqué qu’elles étaient partagées.

« Il est difficile de savoir quoi penser, parce que, bien sûr, nous nous sommes toujours opposées à l’accord et nous n’en voulions pas », a dit Cheryl Brikner Mack, l’une des dirigeants de l’association des Femmes du Mur Originales.
Les Femmes du Mur Originales se sont séparées de l’association des Femmes du Mur parce que l’association avait finalement décidé de soutenir l’accord du mur Occidental.
« Mais ce que nous ne voulons pas, c’est l’abandon des droits des femmes au Kotel [le mur Occidental] lui-même, a ajouté Mack. D’une part, il semble y avoir un statu quo, mais d’autre part, il est très irrespectueux des mouvements non orthodoxes. Que nous soyons orthodoxes ou pas, nous soutenons tous les mouvements non orthodoxes et nous soutenons la reconnaissance de leurs droits, donc il est difficile de savoir comment répondre à cela. »

Bennet a déclaré lundi que la décision du gouvernement de geler l’accord était malheureuse, mais n’était pas une catastrophe.
Il a déclaré que cette semaine, le gouvernement allait allouer cinq millions de dollars pour l’extension promise de la zone de prière dans ces prochains mois. Ce ne sont que les autres aspects du projet, dont la construction d’une entrée commune à toutes les zones de prière et la gestion commune du site par tous les courants du judaïsme, qui ont été gelés.
« Le message principal adressé aux Juifs du monde entier est ‘nous vous voulons’, a dit Bennett. Le Kotel est ouvert à tous les Juifs du monde, et restera ouvert à tous les Juifs du monde. »
L’équipe du Times of Israël et des agences ont contribué à cet article.