Cessez-le-feu : Witkoff parle du « besoin de délais » pour parvenir à un accord sur la prochaine phase
Selon l'envoyé de Trump, tout est prêt si le Hamas accepte de désarmer et quitter Gaza ; la délégation israélienne est partie pour Doha avec la proposition Witkoff ; le Hamas assure faire preuve de "flexibilité"

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Proche-Orient, Steve Witkoff, a déclaré que la démilitarisation et le départ de Gaza du groupe terroriste étaient des conditions préalables dans les avancées vers la conclusion d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
S’exprimant sur Fox News avant de s’envoler pour le Qatar, où il prendra part à des discussions avec Israël et le Hamas, Witkoff a indiqué que le Hamas n’avait « pas d’autre alternative » que de se désarmer et de quitter la bande de Gaza.
« S’ils quittent la bande de Gaza, tous les éléments pour une paix négociée seront sur la table et c’est ce qu’ils devraient faire », a-t-il déclaré.
« Nous avons besoin de délais » pour parvenir à un accord sur la prochaine phase de la négociation, a ajouté Witkoff, qui a noté que les conditions de détention des otages étaient « inacceptables » et « déplorables ».
Il a également remercié le Qatar pour sa médiation, qu’il a qualifiée de « remarquable », ajoutant que l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avaient également fait preuve d’une grande détermination.
La chaîne israélienne N12 a indiqué lundi que le plan Witkoff – que les États-Unis promeuvent sans s’en attribuer le mérite – était à l’ordre du jour des négociations de cette semaine. Selon ce plan, le Hamas libérera 10 otages vivants, parmi lesquels l’américano-israélien Edan Alexander, en échange de 60 jours de plus de cessez-le-feu.
Un membres des autorités israéliennes proche des négociations a déclaré à l’AFP que la délégation israélienne était partie pour Doha lundi. Selon les médias, cette délégation est placée sous la conduite d’un haut responsable de l’agence de sécurité du Shin Bet.

Avant le départ de la délégation, le Forum des otages et des familles de disparus a exigé que le gouvernement donne aux négociateurs « les pleins pouvoirs » pour s’assurer que les 59 derniers otages – 58 d’entre eux kidnappés lors du pogrom commis par le Hamas le 7 octobre – soient libérés en une seule fois.
« L’accord prévoyant le retour de tous les otages est possible et c’est le devoir du gouvernement israélien envers ses ressortissants encore dans les tunnels du Hamas », a déclaré le forum par voie de communiqué.
Le Hamas a assuré lundi faire preuve de « flexibilité » lors des pourparlers avec les médiateurs et attendre avec impatience le résultat des actions entreprises par l’Égypte, le Qatar ou les États-Unis lors des négociations avec Israël.
« Nous avons géré avec souplesse les efforts déployés par les médiateurs et l’envoyé du président américain Donald Trump et nous attendons les résultats des négociations à venir pour convaincre Israël d’accepter de passer à la deuxième phase », a déclaré le groupe terroriste.
Le Hamas a déclaré que les négociations portaient sur la fin de la guerre, le retrait des soldats israéliens de Gaza et la reconstruction de l’enclave.
La première phase de l’accord de cessez-le-feu en trois phases de janvier s’est terminée le 1er mars dernier, sans qu’aucun accord ne soit conclu au sujet des étapes ultérieures susceptibles de garantir la fin définitive de la guerre, mais les deux camps n’ont pour autant pas repris les combats à grande échelle.

Les pourparlers sur les termes d’une possible deuxième phase auraient dû commencer le 3 février dernier, mais Israël a refusé d’y prendre part.
Le Hamas a exigé à plusieurs reprises le passage à la deuxième phase de l’accord – la libération des 24 derniers otages en échange de la fin de la guerre. Il reste en outre 35 corps aux mains du groupe terroriste – 34 corps d’otages capturés le 7 octobre auxquels s’ajoute la dépouille d’un soldat tué en 2014.
Israël et les États-Unis ont activement tenté de conclure un accord pour prolonger la première phase de la trêve et faire libérer d’autres otages sans armistice à la guerre contre le Hamas.
Par ailleurs, Israël « s’est entretenu » avec la Maison Blanche au sujet des propos tenus par l’envoyé américain pour les otages, Adam Boehler, à la télévision américaine et israélienne dimanche, a confié au Times of Israel une source proche du dossier.
Boehler a défendu dimanche ses pourparlers directs avec des responsables du groupe terroriste du Hamas, balayant ainsi les critiques officieuses mais intenses de Jérusalem. Certains propos de Boehler ont agacé les autorités israéliennes, lesquelles ont fait savoir au Times of Israel qu’elles avaient été surprises d’entendre l’envoyé dire que les États-Unis n’étaient « pas des agents d’Israël ».
Certains membres des autrorités israéliennes pensent que Boehler est passé à la télévision pour faire passer un message à Israël. A l’issue de ses interviews sur les principales chaînes de télévision israéliennes et les réunions avec Washington, Boehler a clarifié sur X certaines de ses déclarations.

Illustration de certains de ses faux pas, commis dimanche, Boehler a parfois donné le sentiment de parler des prisonniers de sécurité palestiniens comme des otages, d’avoir qualifié les otages israéliens de « prisonniers », parlé de « l’humanité » des dirigeants du Hamas, reproché à Israël d’avoir accepté les termes de l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas, souligné que les États-Unis n’étaient « pas un agent d’Israël », sans parler de ses contradictions répétées.
Boehler a par ailleurs pris part à des pourparlers directs avec le Hamas qui, bien que destinés à mettre fin à la guerre et garantir le départ du groupe terroriste du pouvoir, ont surtout porté sur la libération d’Edan Alexander ainsi que sur la libération des corps de quatre Américains tués et toujours otages du groupe.
Boehler a déclaré dimanche à CNN qu’un accord pourrait être conclu « dans les semaines à venir » en vue d’obtenir la libération des derniers otages, pas seulement des cinq ressortissants binationaux, américano-israéliens.
Il a ajouté que la « trêve de long terme » était « à portée de main », mais plus tard dimanche, il a déclaré à la chaîne israélienne N12 que Washington se rangerait à toute décision prise par Israël, fût-ce la reprise de la guerre.