Charlottesville : la communauté juive a renforcé sa sécurité avant le rassemblement d’extrême-droite
Le rabbin de la congrégation dit que la synagogue n’était pas intimidée, mais que la mesure a été jugée nécessaire pour assurer la sécurité des fidèles
La communauté juive de Charlottesville, en Virginie, a embauché pour la première fois de son histoire des gardes de sécurité avant le rassemblement d’extrême-droite qui s’est terminé par une attaque mortelle contre des manifestants anti-racisme.
Le rabbin Tom Gutherz de la congrégation Beth Israël a dit dimanche au quotidien Haaretz que cette mesure avait été jugée nécessaire avant samedi, quand James Fields, suprématiste blanc de 20 ans, a tué Heather Heyer, 32 ans, et blessé 20 autres personnes en fonçant avec une voiture dans un groupe de militants protestant contre le rassemblement d’extrême-droite prévu dans la ville ce jour-là.
« Nous devions embaucher des gardes de sécurité à cause des évènements, a dit Gutherz. Nous étions tristes, mais nous n’avions pas le choix. »
La synagogue a organisé ses activités normalement samedi, a dit Gutherz. « Il était évident que nous ne laisserions pas cela nous intimider ; ces personnes ne peuvent pas nous éloigner de nos synagogues », a-t-il dit en parlant des activistes d’extrême-droite.
Dimanche, Michael Signer, le maire de Charlottesville, qui est juif, a accusé le président américain Donald Trump de certaines des manifestations de haine vues dans sa ville, où des milliers de manifestants ont scandé des slogans racistes, notamment contre les Juifs et les Noirs.
« Regardez la campagne qu’il a menée, a dit Signer à CNN. Regardez tous les clins d’œil intentionnels, d’une part, à tous ces suprématistes blancs, ces nationalistes blancs… et regardez d’autre part tous ses échecs à s’opposer, à condamner, à dénoncer, son silence, comme nous l’avons vu hier. Ce n’est pas difficile. »
Samedi, le président a condamné la haine et les violences « de nombreuses parties », mais ne s’est pas adressé spécifiquement aux suprématistes blancs, dont les tentatives d’organiser un important rassemblement à Charlottesville ont poussé le gouverneur de l’état de Virginie, le démocrate Terry McAuliffe, à déclencher l’état d’urgence.
Des affrontements contre des manifestants antiracisme ont fait plus de 30 blessés.
Trump a été critiqué par des démocrates et des républicains pour ne pas avoir condamné explicitement les nationalistes blancs, les néo-nazis et d’autres organisations racistes dans les propos qu’il a tenus dimanche depuis son golf du New Jersey.
Le vice-président Mike Pence a lui condamné ces organisations en s’adressant à des journalistes depuis Cartagena, en Colombie. « Nous n’avons aucune tolérance pour la haine et la violence, les suprématistes blancs, les néo-nazis ou le KKK [Ku Klux Klan] », a dit Pence.