Cisjordanie : Israël approuve des milliers de constructions contre l’avis américain
Smotrich estime que l'avancement de plus de 3 000 logements à Maale Adumim, Kedar, et Efrat constituent une "réponse sioniste appropriée" à l’attentat meurtrier
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a annoncé jeudi soir qu’en réponse à une fusillade terroriste meurtrière en Cisjordanie, Israël avancerait les plans de construction de plus de 3 000 logements dans les implantations.
Cette décision ne manquera pas de provoquer une rupture avec l’administration Biden, qui est déjà soumise à de fortes pressions nationales et internationales pour son soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas, et qui considère les implantations israéliennes comme un obstacle majeur à une éventuelle solution à deux États.
Smotrich a déclaré dans un communiqué que la décision d’avancer les plans pour 2 350 nouvelles unités de logement à Maale Adumim, 300 à Kedar et 694 à Efrat a été prise lors d’une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer.
Il s’agit de la dernière démonstration de l’influence du ministre d’extrême droite au sein du gouvernement de Netanyahu, le Premier ministre ne pouvant se passer du soutien de ses partenaires orthodoxes de la coalition pour rester au pouvoir.
« Que ce soit clair pour tous les terroristes qui envisagent de nous attaquer : la moindre agression contre des citoyens israéliens entraînera un coup mortel et la destruction, ainsi que la consolidation de notre emprise éternelle sur l’ensemble de la terre d’Israël », a affirmé Smotrich, qui a décrit cette décision comme « une réponse sioniste appropriée ».
Un responsable israélien a déclaré que le sous-comité de planification de haut niveau – l’organe du ministère de la défense placé sous les auspices de Smotrich – se réunira dans les prochains jours pour poursuivre la construction des implantations.
Plus tôt dans la journée de jeudi, trois Palestiniens ont ouvert le feu près d’un poste de contrôle entre Jérusalem et la ville de Maale Adumim, une implantation en Cisjordanie, tuant un Israélien et en blessant 11 autres.
En réaction à l’attentat terroriste meurtrier perpétré en Cisjordanie, les ministres d’extrême droite ont appelé à un renforcement des restrictions imposées aux Palestiniens.
Ils ont également plaidé en faveur de nouvelles constructions israéliennes en Cisjordanie, à l’instar de ce que font souvent les habitants des implantations en réponse aux attaques terroristes. Toutefois, cette politique est contestée par certains membres du mouvement, qui estiment que cette politique sous-entend que la construction d’implantations n’est pas légitime si elle se fait indépendamment d’un attentat terroriste.
L’administration Biden est depuis longtemps irritée par la politique du gouvernement de Netanyahu concernant la Cisjordanie. L’année dernière, l’approbation d’un nombre record d’implantations et l’expansion de la présence israélienne en Cisjordanie ont conduit les États-Unis à convoquer l’ambassadeur de Jérusalem à Washington pour la première fois depuis plus de dix ans. Les violences non contrôlées perpétrées par les habitants extrémistes des implantations ont été sanctionnés comme jamais auparavant. D’autres sanctions de ce type devraient être annoncées dans les semaines et les mois à venir, ont déclaré des responsables américains au Times of Israel au début de la semaine.
Les responsables ont ajouté que l’administration Biden envisageait également de révoquer la doctrine dite Pompeo, qui soutenait que les implantations « ne sont pas en soi incompatibles avec le droit international ». La politique de 2019 mise en œuvre par le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, a annulé un mémo de 1978 du conseiller juridique du département d’État, Herbert Hansell, qui avait déclaré les implantations illégales.
Un haut responsable américain a spéculé mardi – deux jours avant l’annonce de Smotrich – que la doctrine pourrait être révoquée si Israël prenait des mesures significatives pour étendre son empreinte en Cisjordanie. Il convient de noter qu’Israël a évité de convoquer le sous-comité de planification de haut niveau depuis que la guerre avec le Hamas a éclaté. Il s’est réuni pour la dernière fois en juin 2023, explosant le record du plus grand nombre de logements construits en une année (12 349) en l’espace de six mois.
Dans ce qui pourrait être une tentative visant à adoucir la réaction de Washington, les trois implantations retenues par les principaux ministres israéliens pour la construction – Maale Adumim, Efrat et Kedar – sont toutes situées à l’ouest de la barrière de sécurité en Cisjordanie, dans des zones perçues comme bénéficiant d’un soutien israélien plus consensuel, à la différence des implantations plus isolées situées à des dizaines de kilomètres à l’est de la Ligne verte.
L’ambassadeur britannique en Israël, Simon Walters, a lui condamné vendredi l’annonce de Smotrich.
« L’annonce de projets de construction de plus de 3 000 nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie occupée est profondément préoccupante. La politique du Royaume-Uni est claire », a écrit l’ambassadeur Simon Walters dans un post sur X. « Les colonies sont illégales au regard du droit international et rendent encore plus difficile la progression vers une solution à ce conflit », a-t-il ajouté.
The announcement of plans to build over 3000 new settlement homes in the occupied West Bank is deeply concerning. UK policy is clear. Settlements are illegal under international law and make it harder still to progress towards a solution of this conflict.
— Simon Walters (@simonwaltersuk) February 23, 2024