Loi sur le Désengagement : L’envoyé israélien convoqué au Département d’État US
Mike Herzog a été convoqué pour une réunion avec Wendy Sherman, qui lui a fait part de ses préoccupations concernant l'abrogation de la Loi sur le Désengagement de 2005
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’administration Biden a convoqué l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis au Département d’État pour une réunion imprévue mardi. « Il s’agit d’un geste rare de la part de l’administration Biden visant à intensifier sa protestation contre l’adoption par la Knesset d’une loi qui permettra la réinstallation de zones évacuées dans le nord de la Cisjordanie », a déclaré un responsable américain au Times of Israel.
Un communiqué publié par les Etats-Unis après la réunion de l’ambassadeur Mike Herzog avec la secrétaire d’Etat adjointe Wendy Sherman indique que le fonctionnaire américain a « fait part de la préoccupation des Etats-Unis » concernant les aspects de la Loi sur le Désengagement de 2005 que la Knesset a annulés, y compris l’interdiction d’établir des implantations dans le nord de la Cisjordanie.
Les deux diplomates ont également « discuté de l’importance pour toutes les parties de s’abstenir d’actions ou de discours susceptibles d’attiser les tensions à l’approche des fêtes du ramadan, de Pâque et de Pessah », a déclaré le Département d’État, dans une référence apparente à l’affirmation du ministre des Finances Bezalel Smotrich, en début de semaine, selon laquelle le peuple palestinien est une « invention » – une affirmation que les États-Unis et d’autres pays ont condamnée lundi. Au début du mois, Smotrich avait également appelé à « anéantir » une ville palestinienne, propos qui ont suscité des critiques de la part des États-Unis. Il s’est ensuite excusé.
L’ambassade d’Israël à Washington a refusé de commenter la réunion.
Alors que le communiqué du Département d’État ne qualifie pas la réunion de mardi de convocation formelle ni d’humiliation de Herzog, une source familière de l’affaire a déclaré au Times of Israel que c’était effectivement la raison de la réunion.
C’est la première fois depuis plus de dix ans qu’un envoyé israélien à Washington reçoit une telle convocation, ce qui marque une nouvelle détérioration des relations entre l’administration Biden et le gouvernement Netanyahu, partisan d’une ligne radicale.
Quelques heures plus tôt, le porte-parole adjoint du département d’État, Vedant Patel, avait ouvert le point de presse quotidien par une longue déclaration condamnant le vote de la Knesset révoquant certaines parties de la Loi sur le Désengagement, arguant que cette décision « provocante » allait à l’encontre des engagements pris par Israël à l’égard des États-Unis.
La loi, qui a fait l’objet des dernières lectures en plénière dans la nuit de mardi à mercredi, abroge les clauses de la Loi sur le Désengagement qui interdisaient aux Israéliens de se rendre dans la zone où se trouvaient les avant-postes illégaux de Homesh, Ganim, Kadim et Sa-Nur, ouvrant ainsi la voie au retour des résidents d’implantations. Ces quatre communautés ont été les seules « implantations » de Cisjordanie à avoir été démantelées lors du désengagement de Gaza, il y a près de 18 ans.
Patel a déclaré que les États-Unis étaient « extrêmement préoccupés » par ce vote au Parlement israélien, notant que l’un des quatre avants-postes [considérés comme illégaux jusqu’à présent] auxquels la loi ouvre la porte à la réinstallation, Homesh, a été construit sur des terres palestiniennes privées.
« Nous avons été clairs sur le fait que l’expansion de la présence juive est un obstacle à la paix et à la réalisation d’une solution à deux États. Cela inclut certainement la création de nouvelles implantations, la construction ou la légalisation d’avant-postes, ou l’autorisation de construire sur des terres palestiniennes privées situées au cœur de la Cisjordanie ou adjacentes à des communautés palestiniennes – toutes choses qui seraient facilitées par ce changement de législation », a déclaré Patel.
« La loi représente une contradiction évidente avec les engagements pris par le gouvernement israélien envers les États-Unis », a-t-il poursuivi, rappelant une lettre que le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, avait envoyée au président américain de l’époque, George W. Bush, il y a une vingtaine d’années, dans laquelle le Premier ministre s’engageait à évacuer les quatre avant-postes illégaux de peuplement du nord de la Cisjordanie afin de laisser la place à une plus grande contiguïté territoriale palestinienne dans la région. En échange, Bush avait reconnu par écrit la nécessité de procéder à des échanges de territoires dans le cadre d’un futur accord de paix entre Israéliens et Palestiniens, permettant ainsi aux blocs des avant-postes situés plus près de la Ligne verte de rester sous le contrôle d’Israël.
Patel a déclaré que la loi adoptée par la Knesset n’était pas conforme aux engagements pris par Israël vis-à-vis de Bush, aux engagements pris par le gouvernement israélien actuel vis-à-vis de l’administration Biden et aux engagements pris par Israël vis-à-vis des pays participants au sommet régional de Charm el-Cheikh dimanche dernier, au cours duquel Jérusalem et Ramallah ont convenu d’agir afin de désamorcer les tensions.
« Il y a deux jours, Israël a réaffirmé son engagement à cesser toute discussion sur de nouveaux avant-postes pendant quatre mois et à cesser d’autoriser la construction pendant six mois », a déclaré Patel. « Dans un contexte de tensions accrues, les changements législatifs annoncés aujourd’hui sont particulièrement provocateurs et vont à l’encontre des efforts déployés pour rétablir un certain calme à l’approche du ramadan, de Pâque et de Pessah. »
« Les États-Unis encouragent vivement Israël à ne pas autoriser le retour des résidents d’implantations dans la zone couverte par la législation », a déclaré Patel. « Il est d’autant plus préoccupant qu’un texte législatif aussi important ait été adopté avec seulement 31 voix sur une assemblée comptant 120 membres. »