Concert d’insultes lors de la conférence sur « l’apartheid » à la Knesset
La réunion, accueillie notamment par Mossi Raz de la coalition, a tourné à la foire d'empoigne entre l'extrémiste de droite Itamar Ben Gvir et les députés arabes et de gauche
Un événement qui était organisé mardi à la Knesset et qui était intitulé « 54 ans après : de l’occupation à l’apartheid » a tourné à la foire d’empoigne entre députés d’extrême-droite et législateurs arabes et de gauche.
L’événement avait été coorganisé par la parlementaire Aida Touma-Sliman de la Liste arabe unie, qui siège dans l’opposition, et Mossi Raz du Meretz, un parti qui a intégré la coalition du Premier ministre Naftali Bennett.
Il était acquis que l’implication de Raz provoquerait une levée de boucliers dans la coalition, qui a été formée sur l’acceptation réciproque que les partis de droite et de gauche éviteraient les questions controversées de manière à ne pas faire de vagues. Parmi les députés de droite venus à l’événement figurait Abir Kara, du parti Yamina de Bennett.
Au cours de l’événement, des représentants de groupes de défense des droits de l’Homme variés et de gauche ont présenté des rapports sur la situation en Cisjordanie depuis 1967. Parmi les organisations : BTselem, Adalah, La Paix maintenant, Yesh Din, Gisha, Breaking the Silence et Human Rights Watch.
L’extrémiste de droite issu du Parti sioniste religieux Itamar Ben Gvir était présent dans la salle et a hurlé des insultes à plusieurs députés arabes, qualifiant Touma Sliman et Mossi Raz de « terroristes », de « soutiens du terrorisme » et lançant les mêmes accusations virulentes aux parlementaires de la Liste arabe unie Ofer Cassif et Ahmad Tibi.
Cassif a riposté en lui disant : « Ferme-la, ordure, fasciste, raciste. »
« Aida, vous ne condamnez rien lorsqu’un soldat est tué », a crié Ben Gvir en s’adressant à Touma-Sliman. « Vous êtes une terroriste, je vais renoncer à mon immunité parlementaire et vous allez me poursuivre, je vous le dis. On va vous apprendre ce que c’est que la démocratie. »
Amichai Chikli, député rebelle appartenant au parti Yamina de Bennett, avait estimé que cet événement était « scandaleux » – et il avait fait parvenir lundi un courrier demandant au conseiller juridique du Parlement israélien ainsi qu’au bureau chargé des événements d’empêcher la participation d’organisations qui, selon lui, œuvrent contre Israël dans l’arène internationale.
« C’est un acte de sabotage politique grave et il est insupportable qu’un tel événement puisse se dérouler dans l’enceinte même de la Knesset », avait écrit Chikli.
Chikli avait déclaré être particulièrement inquiet de la présence de Human Rights Watch (HRW), l’un des groupes de défense des droits de l’Homme les mieux connus dans le monde. Il avait estimé que l’organisation œuvrait à délégitimer Israël et qu’elle ne devait pas être autorisée à participer à la conférence. Omar Shakir, directeur du groupe pour la région d’Israël, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, qui avait été expulsé du territoire israélien en 2019 suite à une longue bataille judiciaire – le pays l’avait accusé de soutenir le boycott de l’État juif – a pris la parole lors de l’événement en visioconférence.
Les autorités avaient indiqué à l’époque que l’expulsion de Shakir avait été la première suite à l’adoption d’une loi, en 2017, qui avait permis l’expulsion d’étrangers soutenant le boycott d’Israël. L’initiative avait été condamnée par les instances internationales, l’ONU s’émouvant d’un « espace offert au travail des défenseurs des droits de l’Homme en diminution » dans le pays et dans les territoires palestiniens.
Quand Shakir a commencé à parler par vidéoconférence lors de la conférence de mardi, Ben Gvir a explosé : « Comment peut-on le laisser parler ici, à la Knesset ? »
Au début de l’année, HRW avait déclaré qu’Israël était coupable des crimes « d’apartheid « et de persécution en raison de ses politiques à l’égard des Palestiniens dans ses propres frontières et dans les territoires palestiniens. L’État juif avait rejeté ces accusations.