Premières conclusions dans l’enquête militaire sur le crash d’hélicoptère à Haïfa
Une lame d'entraînement cassée aurait été à l'origine de l'accident ; les pilotes se seraient évanouis au moment de la chute dans la mer
Une enquête militaire sur le crash d’un hélicoptère, le mois dernier, qui s’est abîmé en mer au large de la côte de Haïfa, a déterminé que l’origine de l’accident a été la cassure d’une lame d’entraînement du moteur gauche qui a entraîné un incendie, provoquant la chute de l’avion, a expliqué vendredi un haut-responsable de l’armée de l’air israélienne.
Selon l’enquête, ce dysfonctionnement a résulté d’une corrosion dont les employés de maintenance ne s’étaient pas rendus compte, la partie en question étant située dans les profondeurs du moteur qui n’entrent pas dans le cadre des contrôles de routine recommandés par le fabricant, Airbus Helicopters, une entreprise française.
« Nous avons appris que, selon le fabricant, c’est la première fois dans le monde entier qu’un tel dysfonctionnement est noté », a commenté le général de l’armée de l’air Amir Lazar auprès des journalistes, vendredi.
Le 3 janvier, l’hélicoptère concerné – un hélicoptère AS565, connu au sein de l’armée israélienne sous le nom « d’Atalef », ou chauve-souris – s’était abîmé au large de la côte de Haïfa, dans le nord du pays. Les deux pilotes, le lieutenant-colonel Erez Sachyani et le major Chen Fogel, avaient été tués mais un troisième officier qui se trouvait aussi à bord, le capitaine Ron Birman, était parvenu à s’extraire de la carlingue et il avait été secouru. Il n’avait été que légèrement blessé.
Mercredi, les conclusions intermédiaires de l’enquête militaire ont été présentées au chef de l’armée de l’air, Amikam Norkin, éclairant davantage les causes du crash meurtrier.
Après cet accident, les fragments de l’hélicoptère qui avaient été retrouvés en méditerranée avaient été envoyés à Airbus Helicopters pour inspection. La firme a depuis déterminé que de la rouille s’était accumulée sur une pièce située à l’intérieur du moteur, entraînant des fissures dans l’aube de turbine qui a finalement cassé sous la pression, à l’intérieur du moteur gauche. Dans la mesure où cette pièce se situe dans les profondeurs du moteur, elle n’est pas contrôlée lors des inspections de routine et elle n’est examinée que lorsque les hélicoptères sont renvoyés au fabricant pour révision totale – ce qui ne survient qu’à l’issue de 1650 heures de vol. L’appareil en question avait été pleinement réexaminé en 2017 et il ne lui manquait que 250 heures de vol avant d’être à nouveau révisé par Airbus Helicopters, ont noté les militaires.
Les fragments de l’aube de turbine cassée ont déclenché un incendie dans le moteur gauche – un incendie qui s’est rapidement propagé dans le moteur droit, remplissant la carlingue de fumée.
Sachyani et Fogel avaient conservé le contrôle de l’appareil, tentant d’éteindre les flammes avec les extincteurs qui se trouvaient à bord tout en essayant de procéder à un amerrissage d’urgence – une procédure rendue possible par la présence d’un système de flottaison dans cet hélicoptère qui est initialement utilisé pour des missions navales.
L’enquête a établi qu’il se s’était écoulé que deux minutes entre le début de l’incendie dans le moteur gauche « et la chute violente de l’appareil dans l’eau », a ajouté Lazar.
« Cela a été un incident très rapide, très violent, très inhabituel », a-t-il ajouté.
L’enquête a déterminé que la force de l’impact avec l’eau, lors de la chute, avait probablement entraîné l’évanouissement de Sachyani et Fogel – ou, tout du moins, que les deux hommes auraient été suffisamment désorientés pour ne plus pouvoir réagir. Ils avaient ensuite été incapables d’enlever leurs ceintures de sécurité ou d’utiliser les réservoirs à oxygène alors que l’hélicoptère commençait à couler. En résultat, les secouristes, arrivés huit minutes après l’accident, les avaient retrouvés morts.
Jusqu’à aujourd’hui, les enquêteurs avaient été dans l’incapacité de déterminer la raison pour laquelle les pilotes n’étaient pas parvenus à s’échapper de l’appareil, contrairement à Birman.
Ces conclusions intermédiaires ont été présentées aux familles de Sachyani et de Fogel, a noté l’armée.
Les investigations ont déterminé que les pilotes étaient restés calmes, aux commandes, pendant le dysfonctionnement et qu’ils avaient eu de bonnes réactions, même si elles ont aussi établi qu’ils n’avaient pas pleinement suivi le protocole dans leur tentative d’éteindre l’incendie. Ainsi, ils n’auraient pas coupé les moteurs avant d’activer le système anti-incendie, ce qui n’a pas permis à ce dernier de fonctionner à une capacité optimale.
Lazar a toutefois ajouté qu’il n’y avait aucun moyen de savoir de manière certaine si l’issue de l’accident aurait été différente s’ils avaient agi autrement et conformément au protocole.
Après l’accident, Norkin avait immobilisé tous la flotte d’hélicoptères AS565 Panther au sol. Ils sont restés depuis hors-service compte-tenu des difficultés rencontrées pour déterminer la cause du dysfonctionnement. Maintenant qu’il a été établi qu’une lame rouillée avait été à l’origine du crash, l’armée de l’air a envoyé tous ses hélicoptères à la révision de manière à garantir qu’ils ne rencontreront pas un problème similaire. Une fois ces contrôles terminés, les appareils devraient progressivement être remis en service.
Lazar a souligné que l’armée de l’air considérait que l’hélicoptère AS565 Panther restait encore « un appareil digne de confiance ».