Israël en guerre - Jour 340

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Analyse

Condamné, Segev serait en tête d’une longue liste de personnalités d’espions

Il n'est pas le seul haut-responsable accusé d'espionnage, mais l'ancien ministre est bien le plus haut-placé dans la hiérarchie - et le seul qui aurait travaillé pour l'Iran

Raphael Ahren

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

La prestation de serment de Gonen Segev à la Knesset, en 1993, à l'âge de 35 ans (Capture d'écran :  Hadashot)
La prestation de serment de Gonen Segev à la Knesset, en 1993, à l'âge de 35 ans (Capture d'écran : Hadashot)

La révélation, lundi, de l’espionnage présumé de l’ancien ministre Gonen Segev au profit de l’Iran a choqué le pays.

Alors qu’il n’a probablement pas transmis à l’ennemi des informations qui porteraient gravement préjudice à la sécurité d’Israël, le simple fait que les services secrets iraniens soient parvenus à recruter un haut-membre du gouvernement de l’Etat juif, quelqu’un qui aurait pu potentiellement être au courant d’informations hautement sensibles, peut être considéré comme une véritable réussite pour la république islamique.

Quelques jours seulement après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la fin du mois d’avril, a révélé avec fierté que le Mossad avait été capable d’obtenir des archives secrètes sur le programme nucléaire iranien lors d’une opération sidérante, le Shin Bet et la police israélienne ont arrêté Segev, « soupçonné d’intelligence avec l’ennemi en temps de guerre et d’avoir espionné au détriment de l’Etat d’Israël » et d’autres crimes, a annoncé le Shin Bet.

Selon l’agence nationale de renseignement en charge du contre-espionnage, Segev a été en contact avec des responsables iraniens depuis 2012 et il s’était rendu à Téhéran à deux occasions pour y rencontrer ses contacts. Que Segev ait fourni – ou non – des informations dignes de ce nom à l’Iran, le simple fait qu’il ait fallu plusieurs années à Israël pour s’en rendre compte pourrait également nuire à sa réputation de puissance en termes de renseignement.

Le Shin Bet a indiqué que Segev avait donné à ses contacts iraniens, entre autres choses, des informations sur « le secteur de l’énergie [d’Israël], sur des emplacements de sécurité en Israël et sur des bâtiments et des responsables de la diplomatie et de la sécurité ».

Seul un site d’information iranien, ISNA, a évoqué la nouvelle, écrivant : « Le régime sioniste est célèbre pour ses dossiers mensongers contre l’Iran et, après la violation de l’accord sur le nucléaire iranien par le gouvernement américain, il a récemment lancé une nouvelle vague d’iranophobie. Les experts ont évalué que ces accusations [contre Segev] entrent dans le cadre de l’initiative de Netanyahu de monter des dossiers mensongers contre l’Iran ».

L’ancien ministre de l’Energie Gonen Segev à la Cour suprême de Jérusalem pour l’appel de sa condamnation à de la prison, le 18 août 2006 (Crédit : Flash90)

Segev, qui a été ministre de l’Energie et des infrastructures entre le mois de janvier 1995 et le mois de juin 1996, est le responsable israélien de plus haut-rang à avoir jamais été accusé d’espionnage contre Israël. Il rejoint une longue liste de hauts-responsables – des députés et des personnalités hauts-placées dans le secteur de la sécurité – qui ont été accusés de trahison à travers les décennies, même si l’homme âgé de 62 ans est le premier à être crédiblement accusé d’avoir travaillé pour l’Iran.

Il y a seulement deux ans, des documents du KGB qui venaient d’être découverts avaient révélé l’existence d’une vaste cellule d’espionnage soviétique en Israël, comprenant les noms de membres de la Knesset, de hauts-gradés de l’armée israélienne, d’ingénieurs, de membres de la communauté des renseignements et d’autres qui avaient travaillé sur des projets classifiés.

Photographie non datée du député Elazar Granot. (Crédit : Herman Chanania/GPO)

Le député Elazar Granot – il avait élu pour deux mandats – qui, dans les années 1980, avait travaillé pour la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense, avait ainsi été recruté par le KGB avant la guerre des Six jours, en 1967, mais le lien avait été rompu lorsque les Russes avaient fermé leur ambassade au sein de l’Etat juif la même année.

Selon les registres détenus par Vasili Mitrokhin, important archiviste au sein du KGB qui avait fui vers le Royaume-Uni avec une valise de documents secrets, les renseignements russes, dans les années 1950, avaient ciblé le parti de gauche au pouvoir en Israël, le Mapam. Moscou était parvenu à s’attacher les services d’au-moins trois parlementaires.

Un autre agent présumé israélien dénoncé par Mitrokhnin répondait au nom de code « Boker » et était un haut-ingénieur au sein d’un projet national top-secret. Un troisième était « Jimmy », qui avait accès à des documents classifiés sur l’industrie aérospatiale israélienne et qui était impliqué dans la fabrication de l’avion Lavi, qui devait connaître une triste destinée. Un autre espion russe faisait partie de l’équipe responsable du tank Merkava.

Peut-être l’espion le plus célèbre avait-il été Marcus Klingberg, vice-directeur de l’Institut israélien de recherche biologique, top-secret, situé à Ness Ziona, au sud de Tel Aviv, et professeur d’épidémiologie à l’université de Tel Aviv.

Le Shin Bet avait arrêté Klingberg, né en Pologne, en 1983 et l’avait accusé d’avoir transmis des informations au KGB sur les activités chimiques et biologiques de l’Etat juif pendant trois décennies. L’homme avait clamé avoir espionné pour des raisons idéologiques, disant qu’il avait le sentiment d’avoir une dette envers l’Union soviétique pour son rôle central dans la défaite des nazis. Il avait passé presque deux décennies en prison et il était mort en 2015, à l’âge de 97 ans.

Un autre dossier de haut-niveau avait été celui de Yisrael Bar, un éminent employé du ministère de la Défense, qui avait été reconnu lui aussi coupable d’espionnage. Né en Autriche, ancien lieutenant-colonel au sein de l’armée israélienne, Bar avait espionné pour le compte de l’Union soviétique dans les années 1960. Il avait été condamné à 15 ans de prison et il était décédé derrière les barreaux.

La communauté israélienne des renseignements a dû également géré des agents doubles.

Shimon Levinson, né à Jérusalem, était colonel dans l’armée israélienne et ancien chef de la section de documentation à l’Administration des renseignements militaires. Dans les années 1960 et 1970, il avait travaillé pour le Shin Bet et le Mossad, à des postes intermédiaires variés. En 1978, il avait pris sa retraite de la communauté des renseignements et avait tenté – en vain – de diriger une entreprise.

En proie à de vives inquiétudes financières, il avait offert au KGB d’espionner Israël au profit de la Russie, offrant aux Soviétiques un grand nombre d’informations classifiées sur les structures des renseignements au sein de l’Etat juif.

« Les informations fournies incluaient les noms et les détails des unités et des sous-unités, les noms de leurs dirigeants ainsi que leurs modus operandi », indique le Shin Bet sur son site internet. « En raison des antécédents variés de Levinson, de sa familiarité avec les informations top-secrètes ainsi que son accès à ces dernières, il a été considéré comme l’un des agents du KGB de plus haut rang en Israël, causant au pays le préjudice le plus grave ».

Après que le Mossad a découvert que Levinson espionnait pour les Russes, il a été attiré en Israël sous un faux prétexte et il a été arrêté en 1991. Il a été condamné à 12 ans de prison – une période où il a partagé une cellule avec Klingberg.

Les leçons de l’affaire de Levinson ont été « tirées et assimilées », avait dit le Shin Bet à l’époque, « contribuant donc à un processus de mise en oeuvre de nouvelles mesures de travail, pour éviter à l’avenir de tels événements ».

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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