Conflit Israéliens-Palestiniens : Ce qu’ont dit Guterres, Urrego, Abdallah II et Biden
Les dirigeants ont appelé à une solution basée sur deux États pour deux peuples ; le dirigeant colombien a critiqué l'hypocrisie de la part des superpuissances, qui défendent l'Ukraine mais pas les Palestiniens
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a donné mardi le coup d’envoi de la 78e Assemblée générale en déclarant notamment dans son discours que « l’escalade de la violence et l’effusion de sang dans les Territoires palestiniens occupés a de terribles répercussions sur les civils ».
Il énumérait plusieurs conflits en cours dans le monde et appelé à ce que des efforts de paix soient menés.
« Les actions unilatérales s’intensifient et minent la possibilité d’une solution à deux Etats », a-t-il ajouté, en soulignant qu’il s’agissait de la meilleure façon de faire la paix entre Palestiniens et Israéliens.
Le président colombien Gustavo Petro Urrego a lui consacré une bonne partie de son discours à dénoncer ce qu’il a décrit comme une hypocrisie de la part des superpuissances, qui défendent l’Ukraine mais pas les Palestiniens.
« Les raisons qu’ils invoquent pour défendre Zelensky sont les raisons qui devraient être invoquées pour défendre la Palestine », a-t-il déclaré. Il a également ajouté qu’il fallait mettre un terme aux guerres pour sauver la planète de la crise climatique.
Urrego, politiquement aligné à gauche et ancien militant du mouvement de guérilla urbaine M-19, a déclaré que « les puissances mondiales aident à mener une guerre en particulier parce cela les arrange, dans leurs stratagèmes, et qu’ils oublient de mettre un terme aux autres guerres, parce que cela n’arrangeait pas ces puissances ».
« Quelle est la différence entre l’Ukraine et la Palestine, je vous le demande », a-t-il interrogé.
« Le moment de mettre fin à ces deux guerres n’est-il pas venu ? », a-t-il demandé, avant de proposer deux conférences de paix aux Nations unies, « l’une sur l’Ukraine, l’autre sur la Palestine ».
« Non pas qu’il n’y ait pas d’autres guerres dans le monde, il y en a dans mon pays, mais parce que juste avec celles-ci, nous mettrions fin à l’hypocrisie comme pratique politique », a-t-il estimé.
Après que le président américain Joe Biden a fait l’éloge d’un accord de principe qui permettrait de relier l’Inde à l’Arabie saoudite via la Jordanie et Israël, et ce, en dépit de l’absence d’avancement de la solution à deux Etats, le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré pour sa part que le Moyen-Orient souffrirait tant que le conflit israélo-palestinien ne serait pas résolu.
« Aucune architecture pour la sécurité et le développement régional ne peut reposer sur les cendres de ce conflit », a-t-il déploré.
Abdallah II a également semblé réprimandé la communauté internationale qui a suspendu ses efforts pour parvenir à la paix israélo-palestinienne.
« Où allons-nous ? Sans idée claire sur le futur des Palestiniens, il sera impossible de converger vers une solution politique à ce conflit », a ajouté le roi hachémite sous un tonnerre d’applaudissements.
« Le report de la justice et la paix a causé des cycles de violence sans fin », a-t-il dit en évoquant le nombre de Palestiniens tué cette année.
« Comment peut-on croire en la justice internationale quand la construction dans les implantations, les saisies de terres et les démolitions de maisons se poursuivent ? », a-t-il demandé.
Evoquant la question sensible de Jérusalem, le monarque a rappelé le rôle de son pays en tant que gardien des lieux sains musulmans et chrétiens en Israël.
« La Jordanie reste engagée à préserver l’identité de la ville », a-t-il dit, « mais préserver Jérusalem comme une ville de foi et de paix pour l’islam, le christianisme et le judaïsme relève de notre responsabilité à tous ».
Abdallah II a également affirmé qu’augmenter le financement de l’UNRWA, l’organe onusien controversé chargé de venir en aide aux réfugiés palestiniens, permettrait d’éloigner les jeunes palestiniens de l’extrémisme et du terrorisme.
Contrairement aux années précédentes, le président turc Recepp Tayyip Erdogan n’a pas condamné Israël et n’a que brièvement exprimé son soutien aux Palestiniens durant son discours aux Nations unies.
« Afin que la paix résonne au Moyen-Orient, le conflit israélo-palestinien doit parvenir à une solution », a-t-il dit. « Nous continuerons à soutenir le peuple palestinien et leur futur état dans leur lutte pour leurs droits légitimes au regard du droit international. »
Sans un Etat palestinien basé sur les frontières de 1967, « il sera difficile pour Israël de trouver la paix et la sécurité qu’il chercher dans cette partie du monde », a-t-il ajouté.
« Nous continuerons à chercher la paix par respect pour le statut historique de Jérusalem », a-t-il ajouté, avant de parler des Balkans.
Ce discours, qui reflète l’amélioration des relations entre Jérusalem et Ankara, a eu lieu quelques heures avant une rencontre entre Erdogan et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à New York.
Les années précédentes, Erdogan avait profité de la tribune offerte par l’ONU pour condamner Israël avec virulence sur le traitement des Palestiniens. En 2020, l’ambassadeur israélien avait même quitté la pièce lorsque le président turc avait déclaré que « la main sale qui touche Jérusalem dans son intimité, où les lieux saints des trois grandes religions coexistent, augmente constamment son impudence ».
L’année d’avant, il avait brandi une carte pour accuser Israël d’élargir ses frontières.
Biden a appelé à la formation de « nouveaux partenariats ». Il a déclaré que ce projet sera « une source d’opportunités pour les deux continents. Cela fait partie de nos efforts visant à bâtir un Moyen-Orient plus durable et plus intégré ».
« Cela prouve comment la normalisation et les relations économiques entre Israël et ses voisins est porteur d’un impact positif et concret, alors même que nous continuons inlassablement à soutenir une paire juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, deux Etats pour deux peuples », a-t-il ajouté.