Netanyahu et Erdogan discutent du potentiel accord avec les Saoudiens
Lors d'un entretien sans précédent, les dirigeants, qui se sont vus en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, ont convenu d'organiser des visites mutuelles
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

NEW YORK — Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a discuté des efforts visant à normaliser les relations entre Israël et l’Arabie saoudite pendant sa toute première rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, mardi.
Une rencontre qui est survenue vingt-quatre heures après qu’Erdogan a confié aux journalistes qu’il soutenait l’initiative prise par les États-Unis de négocier un accord israélo-saoudien, estimant que cela aiderait à apaiser les tensions dans la région.
Netanyahu et Erdogan ont aussi convenu de coordonner des visites mutuelles dans un proche avenir, selon le Bureau de Netanyahu.
Erdogan voudrait se rendre en Israël dans les meilleurs délais pour aller prier à la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, a fait indiqué la Douzième chaîne, sans citer ses sources. Cette prière marquerait le centième anniversaire de la République turque, fondée le 29 octobre 1923.
BM 78’inci Genel Kurul temaslarımız kapsamında İsrail Başbakanı Binyamin Netanyahu ile bir görüşme gerçekleştirdik. İstişarelerimiz ülkemiz ve bölgemiz için hayırlara vesile olsun. pic.twitter.com/fKIgZU9xQo
— Recep Tayyip Erdoğan (@RTErdogan) September 19, 2023
Selon le compte-rendu de la réunion qui a été émis par la Turquie, les deux dirigeants ont évoqué l’évolution des relations israélo-palestiniennes. Erdogan a aussi beaucoup insisté sur la coopération dans les secteurs de l’énergie, des technologies, de l’innovation, de l’intelligence artificielle (IA) et de la cyber-sécurité.
Le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Énergie et le chef des renseignements turcs étaient aussi présents lors de l’entretien.
Erdogan a écrit un post sur X, anciennement Twitter, qui exprimait l’espoir que « nos consultations seront bénéfiques pour notre pays et pour la région ».
L’amélioration des liens entre les deux pays s’est aussi fait ressentir dans le discours prononcé par Erdogan lors de l’Assemblée générale de l’ONU, mardi.

Contrairement aux années précédentes, Erdogan s’est abstenu de condamner Israël et il n’a eu que quelques mots de soutien à l’égard des Palestiniens, les mentionnant presque comme une parenthèse dans son discours.
« Afin que la paix résonne au Moyen-Orient, le conflit israélo-palestinien doit connaître une résolution finale », a-t-il dit. « Nous continuerons à soutenir le peuple palestinien et son combat en faveur de ses droits légitimes, conformément au droit international. »
Sans État palestinien sur la base des frontières de 1967, « il est difficile, pour Israël, de trouver la paix et la sécurité recherchées par le pays dans cette partie du monde », a-t-il ajouté.
« Nous continuerons à demander que le statut historique de Jérusalem soit respecté », a-t-il poursuivi.
Ces propos, qui reflètent l’amélioration des relations entre Jérusalem et Ankara, ont été tenus plusieurs heures avant la rencontre entre Erdogan et Netanyahu qui était organisée à la Maison de la Turquie.
Les années précédentes, Erdogan avait utilisé la tribune pour fustiger Israël pour son traitement des Palestiniens. En 2020, il avait provoqué le départ de la salle de l’envoyé israélien après avoir évoqué « la main souillée qui entre au cœur de Jérusalem, où co-existent les lieux saints des trois grandes religions monothéistes, ne cesse de redoubler d’audace ».
La rencontre de mardi était la toute première entre le dirigeant turc et Netanyahu.

Elle survient dans un contexte de réchauffement des liens entre Israël et la Turquie, après des années d’animosité entre les leaders des deux pays. Le président Isaac Herzog avait été accueilli, au mois de mars dernier, par Erdogan à Ankara – c’était la première visite de haut-rang d’un Israélien en Turquie depuis 2008 – et le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, avait fait le déplacement au mois de février.
L’année dernière, le Premier ministre de l’époque, Yaïr Lapid, avait rencontré Erdogan à New York, à l’automne, pendant l’Assemblée générale de l’ONU.
Netanyahu et Herzog avaient appelé Erdogan au mois de mai pour le féliciter pour sa victoire aux élections présidentielles, recommandant vivement une amélioration continue des relations entre les deux puissances régionales.
Israël avait été pendant longtemps un allié de la Turquie avant l’arrivée d’Erdogan au pouvoir – mais les liens avaient été brisés après le raid israélien contre le navire Mavi Marmara, qui faisait partie d’une flottille qui voulait briser les restrictions navales de Gaza, qui avait entraîné la mort de dix activistes turcs qui avaient attaqué les soldats israéliens qui étaient montés à bord.

Netanyahu et Erdogan avaient échangé des piques et des propos acerbes les années qui avaient suivi, s’accusant notamment mutuellement de génocide. Au mois de juillet 2014, Erdogan avait accusé l’État juif de « conserver en vie l’esprit de Hitler » pendant une guerre avec Gaza.
Les relations s’étaient relativement améliorées entre les deux pays pendant un moment mais Israël et la Turquie avaient rappelé leurs ambassadeurs respectifs en 2018.
Face à un isolement diplomatique croissant et à de fortes difficultés économiques, Erdogan avait commencé à montrer une ouverture en public à un éventuel rapprochement au mois de décembre 2020. Au mois d’août de l’année dernière, les deux pays ont annoncé qu’ils rétablissaient pleinement leurs liens diplomatiques.