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Coronavirus : les musiciens relégués à des concerts dans des arrière-cours

Avec les nouvelles directives de plafonnement à 20 personnes pour les concerts, les artistes frustrés déplorent le manque d'options, accusent le gouvernement de discrimination

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Ido Shpitalnik, chef d'orchestre du Jerusalem Street Orchestra, lors du seul concert qu'il a été autorisé à organiser depuis le début de l'épidémie de coronavirus. (Autorisation : Jerusalem Street Orchestra)
Ido Shpitalnik, chef d'orchestre du Jerusalem Street Orchestra, lors du seul concert qu'il a été autorisé à organiser depuis le début de l'épidémie de coronavirus. (Autorisation : Jerusalem Street Orchestra)

Ce fut un été long et stérile pour les musiciens.

Les festivals étant fermés, tout comme les auditoriums, les lieux en plein air, et tout rassemblement de plus de 20 personnes étant interdits, certains artistes se sont efforcés de jouer dans les salons et les arrière-cours des gens.

D’autres ne sont pas sûrs que cela en vaille la peine.

« Il y a de l’incertitude parce que personne ne sait vraiment ce qui se passe », déplore le violoniste Michael Greilsammer. « Personne ne comprend vraiment. On peut profiter d’une salle de sport ouverte, mais pas d’un petit concert. »

Lorsque le gouvernement a annoncé dimanche dernier de nouvelles lignes directrices pour les « capsules » qui diviseraient le public des spectacles en plein air en sous-groupes de 20 personnes maximum, il a été prévu d’organiser mardi une manifestation de milliers de personnes de l’industrie culturelle.

« Il ne s’agit pas seulement de culture, mais de tout un secteur de l’emploi », souligne Eyal Sher, directeur du Festival d’Israël, un événement annuel qui réunit généralement des artistes d’Israël et de l’étranger pour se produire pendant trois semaines dans des lieux à travers Jérusalem. « Il y a 150 000 personnes pour qui c’est leur travail, et ils ont besoin d’une réponse ».

Des Israéliens protestent contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 8 août 2020. ( Yonatan Sindel/Flash90)

Au cours des cinq derniers mois de l’épidémie de coronavirus, les artistes de la scène ont été frustrés par les restrictions qui ne leur permettaient pas de se produire. Aujourd’hui, cependant, on a de plus en plus le sentiment que le gouvernement pourrait restreindre délibérément cette industrie particulière pour des raisons politiques.

« Pourquoi pouvez-vous monter dans un avion pendant 10 heures ou aller dans une salle de sport ou un restaurant, mais pas dans un auditorium », interroge Eyal Sher. « Je ne pense pas qu’il s’agisse de discrimination, mais d’un manque d’unité dans la prise de décision. Nous avons tous le sentiment que quand vous avez une forte influence politique et que vous représentez les ultra-orthodoxes, qui veulent aller à la synagogue, alors vous allez probablement être en mesure de manipuler la décision ».

Les artistes du monde du spectacle ont également établi un lien entre la politique actuelle du gouvernement et l’ancienne ministre de la Culture Miri Regev, une alliée du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui, au cours de son mandat de cinq ans, a cherché à plusieurs reprises à étiqueter les artistes comme étant de gauche et a retiré le soutien financier du gouvernement aux films, pièces de théâtre et spectacles politiques.

Le nouveau ministre de la Culture, Chili Tropper, est très utile, commente Eyal  Sher, mais soit il n’a pas le pouvoir de « taper du poing sur certaines tables et de faire quelque chose, soit il y a juste généralement un grand gâchis ».

La Cène, spectacle joué pendant une manifestation sur la rue Balfour à Jérusalem, le 14 juillet 2020 (Autorisation : Avishag Gaya)

« Je m’en fiche, il suffit de comprendre », s’agace Ido Shpitalnik, chef d’orchestre et fondateur du Jerusalem Street Orchestra, spécialisé dans la démocratisation de la musique classique, se produisant devant des centaines de personnes dans des lieux inhabituels, comme des garages. « C’était censé être notre gouvernement, et il ne fonctionne tout simplement pas », dénonce-t-il. « La pandémie avance lentement, et le gouvernement continue de réagir si rapidement, nous faisant changer complètement nos habitudes de travail, et vous prenez tous vos plans et les jetez et recommencez à zéro ».

Au début du coronavirus, Ido Shpitalnik pensait que son orchestre pourrait organiser des concerts de rue pour les passants, mais il a rapidement abandonné cette idée, étant donné que 14 musiciens constituaient déjà un trop grand nombre pour un rassemblement en plein air.

Lorsque les lieux ont été autorisés à rouvrir en juillet, ils ont rapidement rassemblé leurs forces et se sont produits dans le bâtiment Clal, un centre commercial couvert des années 70 qui possède une excellente acoustique. Mais cela ne s’est produit qu’une seule fois avant que les auditoriums ne soient à nouveau fermés. Son idée suivante était de créer une mini-tournée de cinq concerts de cinq musiciens qui se produiraient chez les gens, mais avec des hôtes qui accueilleraient d’autres fans de l’orchestre alternatif.

« Je pensais que nous le ferions sur des toits, ou des terrasses à Ein Kerem ou dans un grand jardin avec un caroubier frais », explique le chef d’orchestre. « Cela nous permettrait tout de même d’accéder à un public ».

Mais lorsque le gouvernement a fait connaître ses dernières directives, qui prévoient seulement 20 personnes pour les spectacles en plein air, il s’est demandé si cela en valait la peine.

« On entend des choses du jour au lendemain, et on ne sait pas trop comment procéder », commente-t-il, faisant part de ses inquiétudes concernant son budget annuel pour l’année suivante, dont 50 % proviennent des autorités locales et nationales et de la philanthropie.

« Nous n’avons pas la plupart de nos revenus provenant des billets cette année, et je ne veux pas avoir de découvert, car cela nous affectera pour les années à venir », indique M. Shpitalnik. « Je ne peux pas travailler comme ça, et c’est comme ça pour nous tous. »

Un concert du Jerusalem Street Orchestra respectant les directives de distanciation, en juin au Clal Building (Autorisation: Jerusalem Street Orchestra)

Début juin, les salles ont été informées qu’elles pouvaient accueillir jusqu’à 200 personnes assises dans des « capsules », les billets n’étant vendus qu’en prévente en ligne et ne remplissant que 75 % de la capacité d’une salle.

Une dérogation pour 500 personnes, accordée seulement sous certaines conditions par le ministère de la Santé, était également possible.

Pour les musées, c’était une incitation suffisante pour revenir travailler. Pour Eyal Sher du Festival d’Israël, cela signifiait qu’il pouvait monter son festival en septembre, mais sans artistes non israéliens.

Il a également ajouté le festival annuel de jazz, qui se tient généralement en décembre, mais l’a déplacé en septembre, afin d’éviter la deuxième vague de coronavirus attendue en hiver.

Eyel Sher a fait revenir son personnel au travail, même si le gouvernement a de nouveau tout fermé avec la montée des infections à coronavirus. « Nous avions besoin de la continuité de la production et de l’activité artistique », souligne-t-il.

L’artiste Assaf Amdursky a passé les derniers mois à publier à plusieurs reprises sur sa page Facebook contre le gouvernement Netanyahu et son manque d’efforts pour soutenir les arts du spectacle.

« Nous avons une scène noire
Nous avons une pièce de théâtre
Nous avons un public
Nous avons du bruit
Nous avons des tambours
Nous avons l’éclairage
Qu’est-ce que nous n’avons pas ?
La possibilité de gagner un revenu respectable dans les domaines de la musique, du théâtre, de la danse, du cinéma, de l’enregistrement et des mots parlés, de combler les lacunes », a-t-il écrit dans une publication en juillet.

Le guitariste Geva Alon, connu pour ses talents de musicien et pour son folk-rock entraînant, a annoncé qu’il ferait le tour des arrière-cours, des balcons et des salons des gens, en écrivant sur Facebook que les concerts lui manquaient et en ajoutant son adresse e-mail de réservation.

Geva Alon – FREE – live at Macmull Custom Guitars

חברים יקרים, אני ממש מתגעגע אז החלטתי לצאת לדרכים ולהגיע אליכם.אם אתם מעוניינים לארח מופע חצר/מרפסת/חלל אחר ולעמוד בהנחיות, אתם מוזמנים לפנות ולקבל פרטים בטלפון: 03-6203335, או במייל: booking@hamonvolume.com

פורסם על ידי ‏‎Geva Alon‎‏ ב- יום שני, 27 ביולי 2020

Michael Greilsammer et sa femme, l’auteure-compositrice-interprète Shimrit Greilsammer, ont essayé de jouer dans les rues de Jérusalem lorsqu’ils ont été invités par la municipalité en juin dernier, et ont également donné un petit spectacle dans une arrière-cour au début de l’été.

« Personne ne connaît vraiment les directives », indique Michael Greilsammer, « et 20 personnes, ce n’est rien. Vous ne pouvez pas organiser un événement privé parce que personne ne va nous payer une somme importante pour seulement 20 personnes ».

En attendant, Shimrit Greilsammer a continué à enseigner la musique et a composé un nouveau single. Michael Greilsammer a récemment obtenu un diplôme d’enseignant et enseignera la musique l’année prochaine.

« Notre musique est notre vie, nous n’allons pas arrêter », souligne-t-il. « Nous aurions commencé à enseigner de toute façon, car nous avons trois enfants et la plupart des musiciens ont trois ou quatre autres emplois en plus de celui de musicien. Même les plus célèbres font de la télévision. Mais ne pas pouvoir jouer est mauvais pour notre âme et nos revenus ».

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