Malgré le coronavirus, « the show must go on », pour les organisateurs d’événement
De Bach au jazz, et de Koolulam au Festival d'Israël, les organisateurs israéliens travaillent sur les changements et retards de dernière minute et les annulations
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
La crainte du coronavirus ayant restreint les voyages dans le monde entier et entraîné l’interdiction de grands rassemblements, des rencontres sportives aux concerts, le calendrier israélien des concerts et des festivals commence à en ressentir les effets.
Mais pour les organisateurs de la plupart des concerts, du rock et de la pop au classique, l’objectif reste le même : faire en sorte que le spectacle se poursuive, à terme.
Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune annulation de la part des grands artistes qui prévoient de venir ce printemps et cet été, notamment Morrissey en mai, les Red Hot Chili Peppers en juin et Iron Maiden en mai, ont déclaré les promoteurs.
Les événements de Morrissey et Iron Maiden, qui se déroulent dans des lieux plus petits, sont conformes aux règles du ministère de la santé concernant les rassemblements de moins de 5 000 participants, a déclaré un porte-parole du promoteur Shuki Weiss.
Mais de nombreux organisateurs sont aux prises avec des annulations d’artistes européens ou envisagent des problèmes futurs.
Le Festival d’Israël de Jérusalem, qui se tiendra du 4 au 20 juin, et qui comprendra des dizaines de concerts, de spectacles de danse et d’œuvres scéniques, est maintenu, mais beaucoup de détails restent inconnus pour le moment, indique le metteur en scène Eyal Sher.
« Tout change très rapidement, d’un jour à l’autre », décrit Eyal Sher.
Au 10 mars, Israël comptait 58 cas confirmés de Covid-19, la plupart d’entre eux étant des personnes revenant de l’étranger. Les autorités sanitaires ont imposé un régime de quarantaine strict à de nombreux Israéliens revenant de plusieurs pays européens et asiatiques, et ont interdit l’entrée de non-résidents arrivant de différents pays.
Bien qu’Eyal Sher n’ait apporté aucun changement aux dates du festival, il a déjà reporté une conférence de presse prévue pour le 24 mars, au cours de laquelle les directeurs du festival devaient donner les détails et les dates des représentations à la presse locale.
Pour l’instant, il estime que la conférence de presse et la vente des billets auront lieu après Pessah, vers le 19 avril.
« Il est clair que personne ne veut acheter de billets pour un événement de 50 ou 500 personnes en ce moment », reconnait M. Sher. « Les spectateurs pourraient demander à être remboursés parce qu’ils sont en quarantaine, ou un acteur ne pourra pas venir parce qu’il est en quarantaine ».
Le festival de cette année comprend un groupe d’Italie, qui compte plus de cas que partout ailleurs en dehors de la Chine et a été placée dans sa totalité en quarantaine. Deux groupes français et trois groupes espagnols ont également vu des centaines de cas de Covid-19.
Israël a interdit l’entrée sur son sol aux non-résidents qui se trouvaient en Italie au cours des 14 derniers jours et n’autorise les personnes venant de France ou d’Espagne que si elles peuvent se mettre en quarantaine pendant 14 jours.
« Si le festival avait lieu aujourd’hui, ils ne pourraient pas venir », commente Eyal Sher.
La logistique d’un festival de trois semaines qui se déroule dans plusieurs endroits de Jérusalem complique les choses. L’organisateur pense à des équipes d’éclairage qui pourraient tomber malades, et à des concerts qui se tiendraient dans la piscine du Sultan juste à l’extérieur des murs de la Vieille Ville, qui peut accueillir 6 000 personnes, et sont considérés comme un trop grand rassemblement selon les règlementations sanitaires actuelles.
Il y a les visas à obtenir pour les artistes en visite, les livraisons de décors, les réservations d’hôtel pour les artistes et la location de chaises, mais pour l’instant, a déclaré Eyal Sher, il attend patiemment.
« Nous avons le luxe de savoir que ça n’a pas lieu avant juin, mais il y a la possibilité que cela soit reporté ou annulé », a-t-il dit. « Si cela se produit, cela signifie que nous serons tous dans une situation terrible, donc tout est proportionnel à cela. »
Koolulam, l’initiative de musique sociale qui avait vendu les billets de sa tournée « Spring Unplugged » dans quatre endroits en Israël du 17 mars au 30 avril, a décidé de « suspendre » la tournée pour le moment, a fait savoir Michal Shahaf, l’un des co-fondateurs de Koolulam.
Ils prévoient de reprogrammer les dates et ont proposé soit d’honorer les billets aux nouvelles dates de concert, soit de rembourser les acheteurs, selon le site web de Koolulam.
Une représentation prévue vendredi dernier au Hangar 11 de Tel-Aviv avec Avraham Tal et Netta Barzilai a été annulée depuis que la chanteuse a dû entrer en confinement après un récent voyage en Espagne.
I was I madrid for less Then 16 hours Wich is sad, but I ate 3 magical Doughnuts and took 3 pictures outside my hotel so I’m totally fine.@emilionaranjof ????
פורסם על ידי Netta Barzilai נטע ברזילי ב- יום שלישי, 3 במרץ 2020
D’autres spectacles à venir ont déjà changé et se sont déplacés, certains artistes ayant été mis en quarantaine et d’autres n’ayant pas pu se rendre en Israël.
Le festival de San Remo, qui devait accueillir deux chanteurs italiens et avoir lieu les 10 et 11 avril, a été reporté aux 2 et 3 septembre.
L’Orchestre philharmonique d’Israël a dû trouver un remplaçant pour le percussionniste autrichien Martin Grubinger, qui devait se produire du 11 au 14 mars. Il a donc choisi le clarinettiste finlandais Osmo Vänskä, qui interprétera un concerto de Mozart.
Ce dernier était déjà en Israël lorsque les nouvelles restrictions concernant les voyages en provenance d’Autriche ont été annoncées par le ministère de la Santé, a déclaré une porte-parole de l’orchestre philharmonique.
Jusqu’à présent, celui-ci n’a annulé aucun de ses prochains concerts, mais a modifié son programme lorsque cela s’est avéré nécessaire.
En guise de geste pour les mélomanes en quarantaine, l’orchestre diffusera un concert en direct le mercredi 11 mars à 20 heures, sur le site Internet de l’IPO, depuis l’Auditorium Charles Bronfman, sous la direction d’Osmo Vänskä. Le programme inclut Bach-Skrowaczewski : Toccata et Fugue en ré mineur ; le concerto pour clarinette de Mozart et Sibelius : Symphonie no. 5.
Un autre festival de musique classique, le festival Bach in Jerusalem de l’Orchestre baroque de Jérusalem avec David Shemer, poursuivra ses concerts du 14 au 20 mars, mais avec des interprètes différents.
La violoniste et chef d’orchestre polonaise Martyna Pastuszka a accepté de participer aux principaux événements du festival Bach, prévu du 17 au 19 mars à Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa. Elle sera rejointe par le bassiste israélien Oded Reich, actuellement en quarantaine et qui devrait être libéré à temps.
Les organisateurs du festival ont appris mercredi dernier que les artistes français et allemands ne pourraient pas venir, a déclaré sa présidente Gili Alon-Bitton.
« Il nous a fallu environ 15 minutes pour nous ressaisir », relate-t-elle. « Mais nous faisons de la musique et c’est ce que nous savons faire et c’est ce que nous continuerons à faire jusqu’à ce que nous n’y soyons plus autorisés ».
Vendredi, un nouveau programme qui incluait la musicienne polonaise Martyna Pastuszka et le soliste israélien Reich voyait le jour.
« Je sais que certains membres du public sont inquiets, mais nous sommes heureux de pouvoir donner le concert principal », a indiqué Gili Alon-Bitton. « Et nous avons d’autres choses en réserve si Pastuszka doit abandonner à cause de l’aggravation de la situation du coronavirus en Pologne ».
Au centre de musique Felicja Blumental de Tel Aviv, qui accueille le festival international de musique Felicja Blumental au musée d’art de Tel Aviv du 16 au 21 mars, la directrice Avigail Arnheim a dû trouver un nouvel orchestre lorsque son ensemble suisse a annulé il y a dix jours, avec un soliste français et des musiciens israéliens venus d’Allemagne.
« Que faire, que faire ? », s’interroge-t-elle. « C’est un an et demi de travail, de préparation, de collecte de fonds, nous devions trouver quelque chose qui puisse combler ce vide. »
Avigail Arnheim et son équipe ont rapidement trouvé des remplaçants pour le festival, qui célèbre la musique classique, ethnique et le jazz. Ils ont trouvé la plupart de leurs nouveaux musiciens sur la scène israélienne locale, et elle espère qu’un groupe portugais pourra encore venir.
« Nous voulons que le festival se poursuive, nous ne voulons pas l’annuler, même si le public est inquiet », commente-t-elle. « Nous pensons que ça peut encore marcher, et personne ne doit s’inquiéter du contraire ».