Culte primitif : Des preuves de rites préhistoriques il y a de cela 35 000 ans dans le nord d’Israël
Les chercheurs parlent de la découverte d'un complexe rituel dans la grotte de Manot comme d'une « grande première » au Moyen-Orient
Les chercheurs affectés aux fouilles de grottes préhistoriques, dans le nord d’Israël, parlent de « grande première » au sujet de la découverte de traces de l’un des premiers cultes communautaires – découverte qui « illustre le rôle de tels centres rituels dans l’évolution des sociétés humaines », peut-on lire dans un communiqué de presse publié mardi.
La découverte porte sur un « complexe rituel » datant d’environ 35 000 ans, situé dans la grotte de Manot, site de Galilée occidentale très fréquenté par les hommes préhistoriques.
Situé à l’écart de la zone principale de la grotte, dans « les grandes profondeurs », ce complexe rituel présente une bonne acoustique naturelle et est « entouré de stalagmites impressionnantes qui dessinent une entrée ». En son centre, on trouve « un rocher isolé, d’une taille impressionnante, porteur de gravures géométriques semblables aux motifs d’une carapace de tortue », expliquent les chercheurs.
Cette découverte « améliore notre compréhension des conditions de vie des hommes préhistoriques, du monde symbolique qui était le leur et de la nature des cultes et rites qui unissaient ces communautés anciennes , en plus de constituer une « avancée considérable dans notre compréhension des sociétés humaines » et de « révéler le rôle central des rituels et des symboles dans la formation de l’identité collective et le renforcement des liens sociaux », poursuit le communiqué de presse.
Un article consacré à la découvertes et intitulé « Early human collective practices and symbolism in the Early Upper Paleolithic of Southwest Asia [NDLT : Pratiques collectives humaines précoces et symbolisme au début du Paléolithique supérieur dans l’Asie du Sud-Ouest] », a été publié cette semaine dans la revue à comité de lecture PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America), de la main du Dr Omry Barzilai (Université de Haïfa et Autorité des antiquités d’Israël), du professeur Ofer Marder (Université Ben-Gurion), du Dr. José-Miguel Tejero (Université de Barcelone) et du Prof. Israel Hershkovitz (Université de Tel Aviv).
Le complexe rituel de la grotte de Manot est la « toute première trace » de ce type de lieu au Moyen-Orient et « l’une des premières de cet ordre dans le monde », estiment les auteurs.
La pièce maîtresse de cette découverte est une roche gravée, « délibérément placée dans une niche, dans la partie la plus profonde et la plus sombre de la grotte. Le dessin en forme de carapace de tortue… laisse penser qu’il s’agissait d’un totem ou d’une figure mythologique voire spirituelle », explique Barzilai.
« L’emplacement bien particulier de ce rocher, loin des zones d’activité quotidienne au niveau de l’entrée de la grotte, indique qu’il s’agissait d’un objet de culte », poursuit-il.
Les gravures faites dans la roche ont été numérisées à l’aide d’« un microscope confocal unique » qui « a permis de confirmer sans doute possible qu’elles étaient bien l’œuvre de la main de l’homme », soulignent les chercheurs.
La zone située autour de la roche creusée en forme de carapace de tortue contenait des cendres, ce qui « confirme l’usage du feu pour éclairer l’espace rituel, probablement avec des torches ». Des tests ont par ailleurs permis d’établir que le lieu possédait « une bonne acoustique naturelle, de nature à faire vivre une expérience auditive unique aux participants aux activités communautaires – prière, chants et danse », précisent les chercheurs.
« Ce lieu doté d’un « véritable équipement audiovisuel » et organisé autour d’un objet rituel (la tortue) est une découverte sans précédent », la toute première preuve de l’existence de rituels communautaires au Levant », explique le professeur Hershkovitz.
Pour les tribus préhistoriques, « l’obscurité véhiculait des qualités sacrées et cachées, symboles de renaissance et de renouveau » : il n’est donc « pas surprenant que les chasseurs préhistoriques aient choisi de conduire leurs rituels dans la partie la plus sombre de la grotte de Manot », poursuit-il.
La création de tels lieux rituels a été « au cœur du développement et de l’institutionnalisation de l’identité collective », phase de transition entre des « petits groupes de chasseurs-cueilleurs isolés, unis par les liens du sang, et de grandes sociétés complexes », explique Hershkovitz.
La datation de ce complexe rituel (entre 35 000 et 37 000 ans) correspond à ce que l’on qualifie de culture aurignacienne, phase préhistorique marquée par la première installation d’humains en Europe et l’existence de peintures rupestres, sans oublier l’utilisation d’objets symboliques.
À l’entrée de la grotte de Manot, les chercheurs ont découvert une « couche particulièrement riche » datant de cette période, contenant « des outils en silex, en os et en bois de cerf ainsi que des perles de coquillage », ajoutent les chercheurs.
Les habitants de la grotte de Manot devaient surtout en occuper l’entrée, qui bénéficiait d’un éclairage naturel. La grotte descendait profondément sous terre et disposait d’une cheminée naturelle intérieure située à une dizaine de mètres.
Le complexe rituel décrit dans cet article a été découvert à une cinquantaine de mètres de l’entrée, derrière plusieurs rangées de stalagmites.
Les chercheurs ont également découvert un bois de cerf complet dans une petite chambre, à côté du complexe rituel. « Ces bois servaient de matière première à la fabrication d’outils… Le fait d’avoir placé ce bois de cerf dans une chambre cachée proche de ce lieu rituel est probablement lié aux activités rituelles de cette grotte », estime Barzilai.
Les chercheurs ont établi une carte en 3D du complexe, qui permet de voir « une séparation claire entre le complexe rituel et les zones d’activité quotidienne à l’entrée de la grotte », preuve selon eux de « l’importance de ce lieu et de la nécessité de séparer les zones d’activités quotidiennes », explique l’Autorité des antiquités d’Israël.
Depuis sa découverte en 2008, la grotte de Manot a été étudiée par des équipes multidisciplinaires de l’Autorité des antiquités d’Israël, de l’Université de Tel Aviv et de l’Université Ben Gurion.
Le lieu abrite des vestiges d’activités humaines et de la succession de plusieurs cultures préhistoriques différentes. Citons parmi les découvertes faites précédemment un crâne humain vieux de 55 000 ans, plus vieux reste humain moderne hors d’Afrique, ou encore des dents humaines datant d’il y a 40 000 années.
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