Dana et Carmel Bachar, 48 ans et 15 ans: Une mère et son fils inhumés côte à côte
Tous deux ont été assassinés au kibboutz Beeri, le 7 octobre
Comme cela a été le cas de nombreuses autres familles israéliennes, le 7 octobre, le seul moyen de se défendre pour la famille Bachar – dont l’habitation est située dans le kibboutz Beeri – a été de se refugier derrière la porte de la pièce blindée et la maintenir fermée alors que les terroristes tentaient d’y pénétrer de force.
Quand l’attaque avait commencé, la famille Bachar — Avida, le père ; Dana, la mère ; Carmel, 15 ans, le fils et Hadar, 13 ans, la fille – s’étaient réfugiés dans la pièce blindée de leur maison. Les hommes armés du groupe terroristes étaient entrés dans l’habitation, donnant l’ordre à la famille de sortir de la pièce. Quand Avida avait essayé de garder la porte fermée, les terroristes avaient ouvert le feu et ils avaient blessé Avida et Carmel.
S’exprimant depuis l’hôpital Soroka où il était encore alité presque dix jours plus tard, Avida a expliqué devant les caméras de la Douzième chaîne comment Hadar, qui était seulement légèrement blessée, avait fait face à la situation, passant frénétiquement différents appels sur trois téléphones – au Magen David Adom, à tous ceux qui, pensait-elle, pourraient apporter une aide quelconque – alors que les hommes armés mettaient le feu à la porte et que la fumée commençait à envahir la pièce.
Ensuite, les terroristes avaient lancé des grenades dans la pièce. Deux avaient explosé. Ils avaient aussi tiré sur Dana, qui a alors perdu conscience et est décédée.
« J’ai dit à ma fille : ‘Ta mère ne souffre plus’, » a raconté Avida, allongé dans son lit d’hôpital.
Hadar et Avida ont finalement été secourus et évacués vers l’hôpital Soroka. Les médecins n’ont pas eu d’autre choix que d’amputer une jambe à Avida.
Dans un tweet publié le 16 octobre, Almog Boker, correspondant de longue date de la Treizième chaîne dans le sud d’Israël, a déclaré que « Dana Bachar, qui avait élevé tous les bébés du Kibboutz Beeri, a été assassinée avec son fils par les nazis du Hamas au Kibboutz Beeri. Les derniers mots de Carmel ont été : ‘Je veux être enterré avec ma planche de surf’. »
דנה בכר שגידלה את כל התינוקות של קיבוץ בארי, ובנה כרמל נרצחו על ידי המחבלים הנאצים של חמאס בקיבוץ בארי.
המשפט האחרון של כרמל היה: "אני רוצה שתקברו אותי עם הגלשן שלי".
יהי זכרו ברוך. pic.twitter.com/vaXg6JGFPH— almog boker (@bokeralmog) October 16, 2023
Dans le montage photo qui accompagne la publication, Carmel apparaît en maillot de bain mouillé, dans les vagues, auprès d’autres surfeurs israéliens, sur une plage ; sur des photos d’identité, en train de s’amuser en compagnie de ses amis ; sur un selfie pris sur un sentier de randonnée ou étreignant ses être chers dans une habitation familiale. Dana prend les traits d’une mère aimante sur les photos d’un monde différent, institutrice dans une crèche, avec le même sourire qu’elle affichait quand elle saluait les parents, chaque matin.
Le fils aîné du couple, Rotem, a écrit sur Facebook en évoquant Dana que « être ton fils, c’était traverser le kibboutz et voir des dizaines d’enfants qui étaient passés entre tes mains et qui étaient devenus des êtres humains étonnants. Etre ton fils, c’était savoir comment prendre un bébé dans ses bras, comment l’endormir, comment le nourrir, comment l’étreindre, comment l’aimer, comment le respecter ».
Dans sa publication, Rotem a raconté l’enthousiasme de sa mère lorsqu’elle apercevait une femme enceinte – qui l’ignorait peut-être elle même – se souvenant qu’elle lui murmurait alors à l’oreille : « Regarde-là, elle attend un bébé, on peut le dire, elle irradie ». Elle ne se trompait jamais.
Il a décrit une mère qui aura élevé ses enfants – et ceux du kibboutz – avec énormément d’implication. Il s’est rappelé qu’elle accordait toujours toute son attention à ceux qui lui parlaient et qu’elle apportait de la lumière, et de l’amour, partout où elle allait.
« Ima, je pourrais en dire tellement davantage à ton sujet mais je ne veux pas tout résumer, ce n’était pas le moment pour toi, tu étais si jeune. Tu n’as pas suffisamment vécu pour voir les enfants de Carmel, les enfants de Nofar, ceux de Hadar ou les miens », a-t-il poursuivi dans son post.
Dana, 48 ans, a été inhumée à côté de son fils de 15 ans au kibboutz Shiller, presque deux semaines après le massacre. Sur les photos des funérailles, une planche de surf est posée sur le cercueil de l’adolescent.
Anat Shemla a évoqué sur Facebook sa rencontre avec Carmel quand ce dernier avait pris part à une initiative entreprise par le kibboutz Beeri et par le club nautique « Mifrasim » de Herzliya. Le projet avait rassemblé treize jeunes du kibboutz qui avaient pris part à des cours de voile pendant une année entière. A la fin du programme, l’équipe avait fait un voyage en bateau de cinq jours, direction Chypre, aller-retour.
Elle s’est souvenue d’un jeune homme curieux, toujours soucieux d’apporter son aide, avec un sourire joyeux. Elle s’est aussi rappelé qu’il « aimait avoir toujours ses mains sur la barre, pas seulement un moment, mais pendant des heures, dans la tempête, ou quand il faisait froid ou noir. Je jetais un œil pour voir si tu allais bien et tu me souriais instantanément, tu m’apaisais. Tu n’avais que 15 ans mais nous savions tous que tu étais quelqu’un sur lequel nous pouvions compter ».