Daniel Day-Lewis, dans ‘Phantom Thread’, excelle (encore une fois)
Le probable dernier film de l’acteur, joué tout en nuance et en sobriété, a été nominé dans cinq catégories aux Oscars
« Vous pouvez coudre presque tout dans la doublure d’un manteau, » explique Daniel Day-Lewis dans la peau du génial et lunatique Reynolds Woodcock.
Il s’adresse à la jeune femme qui va devenir sa nouvelle muse/modèle/amante, mais cela fonctionne aussi en ce qui concerne le scénario de Paul Thomas Anderson.
« Phantom Thread » est en apparence un film sur le milieu de la haute-couture dans les années 1950 en Angleterre – et tout en étant magnifiquement filmé, ce film tisse tranquillement une autre histoire, plus singulière, discordante, qui se trame sous la surface. Pour être clair, les spectateurs doivent faire un effort pour découvrir une autre grille de lecture.
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Daniel Day-Lewis, l’acteur anglo-irlandais à moitié juif et trois fois oscarisés, prétend que le rôle de Reynolds Woodcock sera son dernier. Ce n’est peut-être pas un rôle aussi flamboyant que, disons, « My Left Foot », « Le dernier des Mohicans », « Gangs of New York », « There Will Be Blood » ou « Lincoln », mais, comme tout dans ce film étrange et subtile, cela va crescendo.
Je peux imaginer un comédien consciencieux se démenant pour rentrer dans l’esprit d’un personnage torturé, tellement froid et avec un accent si particulier. Chez Daniel Day-Lewis, cela atteint la perfection.
Woodcock est un grand artiste, il a pour clientèle la haute société britannique et les princesses du continent. Tous l’idolâtrent et lui, tout en demeurant poli, les voient seulement comme un moyen de parvenir à ses fins.
Sa sœur Cyril (Lesley Manvill) dirige l’aspect commercial de la Maison Woodcock et joue un rôle important pour la santé mentale de Woodcock. Jusqu’à éloigner ses compagnes quand elles deviennent trop intrusives et même l’aider à en entreprendre de nouvelles.
On pourrait penser qu’il y a des scènes coquines, voire lubriques, mais je vous garantis que ce n’est pas le cas (bien que le réalisateur Paul Thomas Anderson soit américain, le film reste très british). Il y a une énergie d’une puissance insoupçonnée qui se révèle quand on plonge dans les méandres, mais rien de trop obscène, ce ne serait pas convenable.
La nouvelle muse, Alma, est jouée par Vicki Krieps, une actrice luxembourgeoise relativement peu connue dont l’accent n’est jamais remis en cause. Reynold la rencontre au pays, dans un hôtel au bord de la mer. Elle est serveuse et lui sert le petit-déjeuner britannique le plus délirant jamais vu dans un film (j’avoue que je suis désormais prêt à tester le toast gallois).
La nourriture, qui remplace si souvent le sexe au cinéma, joue un grand rôle dans « Phantom Thread », comme cette scène sonore du pain grillé raclé d’Alma, des céréales bruyamment mâchées ou du thé aspiré, tous ces sons qui énervent rapidement le génial et furieux Reynolds. La scène où la tension est la plus forte montre des asperges tournées vers le haut, plantées dans une motte de beurre. Je ne suis pas diplômé en psychologie, mais cela doit bien signifier quelque chose, non ?
Quelle est l’histoire de « Phantom Thread » ? Et bien, en apparence, c’est simpliste. Un couturier trouve une nouvelle petite amie. Au début elle l’aime bien, et puis elle réalise qu’il ne la prendra jamais au sérieux à moins qu’elle ne se rende indispensable, sinon dans son travail, du moins dans sa psyché.
Cela peut sembler peu progressiste. Sans révéler l’intrigue, je dirais que certains penseront que les dernières actions d’Alma prouvent qu’elle fait partie d’une institution féminine, alors que d’autres y verront une autre garce d’Hollywood.
Néanmoins, les politiques de sexe, bien qu’intéressantes, sont imbriquées dans un tissu si finement ciselé que je ne suis pas sûr que ces personnages soient totalement représentatifs de leur genre. L’histoire d’amour entre ces deux-là (avec la sœur Cyril en toile de fond) est le genre d’histoire qui ne peut être que cousue à la main.
Le film sortira en salles en France, le 14 février.
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