Danino : laisser les députés se rendre au mont du Temple était une « erreur »
Le député Moshé Feiglin affirme être utilisé comme un « bouc émissaire » pour couvrir les déficiences sécuritaires
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Selon le chef de la police Yohanan Danino, les députés avivent les tensions en se rendant au mont du Temple, et le procureur général Yehuda Weinstein a commis une erreur en leur autorisant l’accès au site.
Danino a réprimandé les membres de la Knesset qui appellent à une modification du statu quo, en vertu duquel les fidèles non-musulmans peuvent visiter le lieu saint, sans toutefois y prier.
« J’ai interdit à Feiglin [Likud] de se rendre au mont du Temple mais le procureur général ne m’a pas soutenu. C’est une erreur de permettre l’entrée à ceux qui représentent un symbole d’éventuel changement de statu quo », a déclaré Danino dans un discours à la Conférence de Sderot.
Danino a fait ces déclarations après des semaines d’émeutes et d’attentats à Jérusalem et ailleurs, déclenchés en partie par des craintes palestiniennes que les députés israéliens modifient le statu quo sur le site, appelé Haram al-Sharif ou Al-Aqsa par les musulmans.
Pourtant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis à maintes reprises qu’Israël n’avait aucune intention de le faire.
Malgré sa critique apparente du procureur général, le commissaire de police a déclaré plus tard qu’il ne voulait pas le critiquer.
Danino pestait plutôt contre le « calendrier » de la droite.
« Nous observons, la plupart du temps après les élections, que les membres de la droite radicale s’emparent du mont du Temple pour en faire un sujet de leur ordre du jour. Nous les avons avertis et avons déclaré qu’il faut laisser le mont du Temple tranquille – les membres de la Knesset ne comprennent pas ce qu’ils attisent. »
« Evidemment, tous les appels à changer le statu quo ne sont suivis d’aucune mesure pratique, mais les déclarations elles-mêmes agitent le monde musulman », explique-t-il.
Le commissaire de police a souligné que la position du gouvernement depuis 1967, en vertu de laquelle la police veille à ce que les non-musulmans ne soient pas vus en prière, ne sera pas modifiée.
Répondant aux remarques du chef de la police, Feiglin, visiteur régulier du site sensible, a défendu ses droits et accusé le chef de la police pour son échec à contenir la violence dans la capitale.
« Danino faillit dans son devoir de protéger Jérusalem et d’assurer la sécurité des citoyens, et essaie à présent de trouver un bouc émissaire et des excuses à son échec », a écrit le député sur sa page Facebook.
« Je prie sur le mont du Temple, conformément à la loi, tous les mois depuis ces 15 dernières années. C’est le droit légal, moral, national et religieux de chaque Juif. J’exhorte Danino à se concentrer sur la sécurité des résidents de Jérusalem et des citoyens israéliens et à passer moins de temps dans des panels et des conférences pour éviter ses responsabilités », a ajouté Feiglin.
Le site – le plus saint dans le judaïsme, et le troisième plus saint selon l’islam – est une source de tensions accrues entre Israéliens et Palestiniens, qui ont conduit en un peu plus d’un mois à un certain nombre de violents affrontements, actes de terrorisme palestiniens, et tentative d’assassinat d’un militant juif du mont du Temple.
Depuis la tentative d’assassinat le 30 octobre de Yehuda Glick, qui défend la prière juive sur le site, au moins trois politiciens – Feiglin, Tzipi Hotovely (Likud) et Shuli Moalem-Refaeli (Habayit Hayehudi) – se sont rendues sur le site, affirmant que c’est leur droit démocratique et dénonçant le double standard pour les fidèles juifs et musulmans.
Tzipi Hotovely a reçu des menaces de mort suite à sa récente visite au mont du Temple. La sécurité autour de sa maison et ses trajets a été renforcée, a rapporté la Deuxième chaîne mardi soir.
Hotovely est maintenant escortée par un garde armé 24h/24, selon le rapport, après que la police l’ait déclarée « individu menacé ».
Selon les termes du traité de paix israélo-jordanien, le mont du Temple reste sous tutelle jordanienne via les autorités du Waqf, qui contrôlent ce lieu saint au niveau administratif.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.