D’après une ministre, les propos du cabinet sur les médias sont quasi “fascistes”
Gila Gamliel reproche à Miri Regev de dire que le gouvernement devrait “contrôler” le nouveau diffuseur public

La ministre de l’Egalité sociale Gila Gamliel a critiqué lundi une de ses collègues ministre du Likud pour avoir exprimé un désir de garder le contrôle d’une nouvelle corporation de diffusion publique, l’accusant d’avoir des attitudes à la « limite du fascisme ».
Gamliel s’est exprimée un jour après une orageuse session du cabinet, pendant laquelle les ministres se sont affrontés sur la mise en place de la corporation de diffusion, et Miri Regev, ministre de la Culture et des Sports, a demandé quel était l’intérêt de mettre en place cette corporation « si nous ne la contrôlons pas. »
« Certaines des déclarations d’hier étaient à la limite du fascisme, sans aucun doute », a déclaré Gamliel à la radio militaire. « Nous devrions garder à l’esprit que nous sommes un état démocratique et c’est l’élément principal qui définit notre conduite générale. »
« Dès que vous affirmez que nous, dans le système public, nous mettons en place une corporation publique, et que nous, en tant que gouvernement, nous devons la contrôler ; il est glaçant de penser que ces choses sont dites de nos jours. »

L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon a soutenu les remarques de Gamliel, écrivant sur Twitter que « la ministre a fait preuve de courage politique et publique, et est un phare dans les ténèbres. »
La réforme attendue depuis longtemps de l’Autorité de radiodiffusion d’Israël (IBA) à court d’argent a fusionné dans un projet de formation d’une nouvelle corporation de diffusion, votée en 2014 à la Knesset et soutenue par le ministre des Communications d’alors, Gilad Erdan, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est actuellement ministre des Communications.
Pendant la réunion, Regev, (Likud) qui a demandé la « loyauté » des théâtres et d’autres institutions culturelles qui reçoivent des financements publics, a demandé au cabinet « quel est l’intérêt de cette corporation si nous ne la contrôlons pas ? Le ministre [des Communications Netanyahu] devrait la contrôler. Quoi, nous allons mettre de l’argent dedans et ensuite ils diffuseront ce qu’ils veulent ? »
Gamliel, elle aussi du Likud, a déclaré à ce moment que le gouvernement avait mis en place un diffuseur public, pas un porte-parole, et n’aurait donc pas son mot à dire sur les nominations professionnelles ou le contenu des programmes.
La nouvelle corporation devrait reprendre et étendre l’offre de l’actuel diffuseur public, dont la radio publique israélienne et les chaînes de télévision. Dans le cadre de la loi de 2014, la corporation est exemptée des règles de supervision qui s’appliquent à la plupart des corporations publiques, limitant sévèrement la capacité des politiciens à nommer sa direction ou à interférer avec ses reportages.
Cette indépendance, accordée et requise par la loi, a hérissé le cabinet.
Quand Netanyahu avait annoncé le mois dernier qu’il reporterait le lancement de la nouvelle corporation jusqu’à mi-2017, presque un an après le lancement initialement prévu en septembre 2016, beaucoup ont interprété ce geste comme une tentative pour trouver un moyen de réduire son indépendance.
Netanyahu avait déclaré que les employés de la corporation n’étaient pas prêts logistiquement à émettre à l’automne 2016, mais des députés de gauche et de droite, comme le ministre de l’Education Naftali Bennett, qui dirige le parti HaBayit HaYehudi, ont suggéré que le délai permettait de créer une incertitude sur la direction de la corporation afin de l’affaiblir.
Pendant la réunion du cabinet dimanche, Netanyahu a porté au vote un nouveau projet, soutenu par le ministre des Finances Moshe Kahlon, pour reporter la mise en place de la corporation au 1er janvier 2017, avec une option pour étendre ce délai jusqu’à la fin du mois d’avril.