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David Horowitz, ancien gauchiste radical devenu figure de la droite américaine, meurt à 86 ans

Militant des Black Panthers dans le Berkeley des années 1960, l’écrivain et activiste passé à droite a été accusé de sectarisme pour ses attaques virulentes contre l’islam

L'activiste politique David Horowitz s'adresse aux participants du sommet « Défendre le rêve américain » de la Fondation Americans for Prosperity à Orlando, en Floride, le 30 août 2013.(Crédit : Phelan M. Ebenhack/AP)
L'activiste politique David Horowitz s'adresse aux participants du sommet « Défendre le rêve américain » de la Fondation Americans for Prosperity à Orlando, en Floride, le 30 août 2013.(Crédit : Phelan M. Ebenhack/AP)

JTA – David Horowitz, ex-radical de la contre-culture des années 1960 devenu figure de proue de la droite américaine, connu pour avoir dénoncé ce qu’il qualifiait « d’efforts de la gauche radicale et de ses alliés islamistes pour détruire les valeurs américaines », est décédé mardi des suites d’un long cancer. Il avait 86 ans.

Son décès a été annoncé par le David Horowitz Freedom Center, le groupe de réflexion qu’il avait fondé avec Peter Collier en 1988.

Juif agnostique autoproclamé qui écrivait en 2016 n’avoir jamais mis les pieds en Israël, Horowitz s’est pourtant imposé comme l’un des critiques les plus virulents du parti démocrate, qu’il accusait de « renforcer les ennemis d’Israël », et plus spécifiquement, l’Iran, les Frères musulmans, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, l’État islamique (EI) et le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Engagé dans la lutte contre l’islamisme après le 11 septembre, il a élargi ses attaques à l’islam lui-même, écrivant notamment que « qualifier l’islam de religion pacifique est risible », ou encore qu’il s’agit « d’une religion problématique et source de violence ». Ces propos lui ont valu d’être qualifié « d’antimusulman » par le Southern Poverty Law Center et l’Anti-Defamation League (ADL).

Ayant soutenu très tôt la candidature de Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016, Horowitz a fustigé avec virulence les conservateurs qui refusaient d’appuyer le promoteur immobilier et vedette de la télé-réalité devenu candidat. Dans un essai polémique publié cette même année par le média ultraconservateur Breitbart News, il accusait l’écrivain juif conservateur William Kristol, ainsi que d’autres membres du mouvement « Never Trump », de « tenter d’affaiblir le seul parti qui protège les Juifs de l’anéantissement, et l’Amérique de ceux qui veulent la détruire ».

Ces dernières années, Horowitz a défendu certaines des mesures les plus controversées du premier mandat de Trump, notamment l’interdiction d’entrée sur le sol américain pour les ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, ainsi que la politique de séparation des enfants migrants de leurs parents à la frontière. Stephen Miller, conseiller principal de Trump et architecte de ces mesures, se revendiquait comme l’un des disciples d’Horowitz.

En 2017, anticipant les orientations ultérieures de l’administration Trump, le Freedom Center fondé par Horowitz a lancé une campagne contre les « universités sanctuaires », accusées de ne pas signaler les migrants sans papiers aux autorités.

Horowitz a affûté son approche combative de l’activisme en tant que leader de la Nouvelle Gauche, un mouvement politique ardent né dans les années 1960, dont l’université de Californie à Berkeley constituait l’épicentre.

Titulaire d’un master d’anglais obtenu à Berkeley en 1961, il y est retourné en 1968 pour y devenir co-rédacteur en chef du magazine radical Ramparts. Cette publication prônait la révolution « par tous les moyens nécessaires », s’opposant à la guerre du Viêt Nam et soutenant divers régimes d’extrême gauche.

Le rédacteur en chef du magazine Ramparts, David Horowitz, répond à des questions lors d’une conférence de presse à Berkeley (Californie), le 18 juillet 1972. (Crédit : Sal Veder/AP)

Horowitz fut également un sympathisant et proche collaborateur des Black Panthers, groupe radical issu du mouvement Black Power. Selon son propre témoignage, sa rupture avec la gauche s’est produite en 1974, après la disparition et l’assassinat de Betty Van Patter, une amie qu’il avait recommandée pour un emploi auprès des Panthers. Il a toujours soupçonné ces derniers d’être responsables d’un crime jamais élucidé.

« Ma vie de gauchiste a commencé lors d’un défilé du 1er mai en 1948, j’avais neuf ans, et elle a duré plus de vingt-cinq ans, jusqu’en décembre 1974, lorsqu’un meurtre commis par mes camarades politiques a mis fin à ma carrière radicale », écrivait-il en 1986.

À la fin des années 1970, il remet en question son marxisme. Comme d’autres « red diaper babies  » (il est né dans le Queens de parents juifs membres du parti communiste), il se détourne d’un mouvement qu’il juge aveugle face aux violences de l’extrême gauche.

En 1984, il vote pour Ronald Reagan et cosigne un éditorial dans le Washington Post dans lequel il attaque ses anciens camarades pour leur soutien au dictateur cubain Fidel Castro ainsi qu’aux Sandinistes, un mouvement révolutionnaire de gauche au Nicaragua.

En 1988, il fonde avec Collier le Center for the Study of Popular Culture, rebaptisé plus tard David Horowitz Freedom Center. Le think tank développe notamment une base de données de militants présumés de gauche, le blog Jihad Watch, et un magazine dénonçant les excès du « politiquement correct » sur les campus universitaires.

Après le 11 septembre 2001, le centre concentre ses activités sur la lutte contre le terrorisme islamiste. Il cible les groupes étudiants pro-palestiniens comme les Étudiants pour la justice en Palestine et accuse certains professeurs de Berkeley d’inciter à l’antisémitisme. En 2016, le centre lance une campagne d’affichage qualifiant les militants pro-palestiniens de « haineux des Juifs » et d’alliés des terroristes.

Les affiches ayant suscité des critiques, un groupe universitaire pro-Israël financé par feu le magnat des casinos Sheldon Adelson a été contraint de publier une déclaration indiquant qu’il avait accordé une subvention « modeste » au centre, mais qu’il n’avait pas financé la campagne.

Farouche critique des Palestiniens, Horowitz estimait que leur objectif était d’effacer les Juifs du Moyen-Orient. « Aucun peuple ne s’est montré aussi moralement corrompu que les Palestiniens », avait-il déclaré en 2011 au Brooklyn College.

David Horowitz, directeur exécutif du Center for Popular Culture, sponsor du Wednesday Morning Club, s’entretient avec un journaliste après un discours du gouverneur du Texas George W. Bush lors d’une réunion du Club, le 23 avril 1998 au Beverly Hills Hotel à Beverly Hills, en Californie. (Crédit : Reed Saxon/AP)

Figure polarisante, il était célébré par ceux qui voyaient en lui un penseur visionnaire, et conspué par ceux qui le considéraient comme un propagateur de haine.

« David a été une ressource précieuse pour moi et pour de nombreux étudiants juifs confrontés à la haine sur les campus bien avant que cela ne fasse la une des journaux », a écrit sur X la journaliste Hannah Grossman, du Manhattan Institute, un think tank conservateur.

Le Southern Poverty Law Center classe son Freedom Center parmi les groupes haineux, affirmant qu’il « offre une plateforme à des discours antimusulmans et à des idéologies extrémistes qui propagent haine et désinformation ».

Horowitz a signé ou coécrit des dizaines de livres à forte charge idéologique, dont The Shadow Party: How George Soros, Hillary Clinton, and Sixties Radicals Seized Control of the Democratic Party (2017), BLITZ: Trump Will Smash the Left and Win (2020) et Dark Agenda: The War to Destroy Christian America (2018).

Il a été marié quatre fois et laisse derrière lui trois enfants issus de son premier mariage. Une de ses filles, Sarah, est décédée en 2008 à l’âge de 44 ans des suites d’une maladie cardiaque. Il lui a rendu hommage dans son livre A Cracking of the Heart, publié en 2009.

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