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Décès de Françoise Rudetzki, inlassable porte-parole des victimes d’attentats

Elle même victime, la juriste avait créé SOS Attentats en décembre 1985, date marquant le début d'une vague d'attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient

Sur cette photo d'archive prise le 18 février 2011, Françoise Rudetzki, alors responsable de "SOS attentats", une association d'aide aux victimes du terrorisme, pose à Paris. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 18 février 2011, Françoise Rudetzki, alors responsable de "SOS attentats", une association d'aide aux victimes du terrorisme, pose à Paris. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)

« Femme d’exception » ayant mis sa vie au service des victimes du terrorisme après avoir été elle-même grièvement blessée lors d’un attentat en 1983, Françoise Rudetzki est décédée dans la nuit de mardi à mercredi à Paris, à 73 ans, a-t-on appris mercredi auprès de sa famille.

« Jusqu’au bout, elle aura milité pour la reconnaissance et la prise en charge des victimes d’attentats », a déclaré sa fille Deborah Rudetzki, contactée par l’AFP.

Le président de la République Emmanuel Macron a salué sur Twitter la « vie de douleurs, de combats et de victoires » d' »une figure tutélaire pour toutes les victimes d’attentats », qui puisait « sa sensibilité de son histoire personnelle ».

Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d’actes de terrorisme, en décembre 1985, date marquant le début d’une vague d’attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient.

Dès 1986, elle avait obtenu la création du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme, financé par un petit prélèvement sur chaque contrat d’assurance de biens, une garantie étendue en 1990 à l’ensemble des victimes d’infractions pénales (viols, agressions, braquages).

Elle était restée « membre du conseil d’administration » de cet organisme « jusqu’à son décès », a indiqué sa famille dans un communiqué.

Autres avancées, elle avait fait reconnaître aux victimes du terrorisme le statut de victimes civiles de guerre et la possibilité pour les associations de se porter partie civile lors des procès.

Françoise Rudetzki avait également œuvré pour qu’un mémorial soit érigé pour toutes les victimes du terrorisme. Ce monument, une femme anonyme décapitée, sera inauguré par Jacques Chirac aux Invalides, à Paris, en 1998.

En 2018, elle avait défendu la création d’un Centre national de ressources et de résilience (CN2R), destiné à améliorer la prise en charge des victimes d’évènements traumatiques.

« Pugnacité »

Née à Neuilly-sur-Seine en 1948, de parents rescapés de la Seconde guerre mondiale, Françoise Rudetzki avait été victime le 23 décembre 1983 d’un attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour, sous les arcades du Palais-Royal, à Paris, où elle fêtait ses dix ans de mariage avec son mari. L’explosion avait projeté une porte métallique qui avait écrasé les jambes de la jeune femme d’affaires.

Sur cette photo d’archive prise le 18 février 2011, Françoise Rudetzki, alors responsable de « SOS attentats », une association d’aide aux victimes du terrorisme, pose à Paris. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)

Opérée à des dizaines de reprises pour soigner ses blessures, elle avait contracté le VIH et le virus de l’hépatite C lors d’une transfusion. Elle avait raconté cette épreuve dans une biographie parue en 2004, « Triple peine » (Calmann-Lévy), allusion à l’attentat, à sa contamination, longtemps tue, et à la disparition d’une partie de sa famille dans la Shoah, drame remonté à la surface pendant son hospitalisation.

« A cette époque, on ne parlait jamais des victimes », avait plus tard confié à l’AFP Françoise Rudetzki. « Le mot ‘victime’ était un peu comme un mot qu’il ne fallait pas prononcer et seuls les médecins s’occupaient des victimes ».

Par la suite, les chroniqueurs judiciaires auront souvent croisé cette femme élégante aux boucles brunes aux audiences du palais de justice de Paris, où elle se déplaçait à l’aide de béquilles, puis en chaise roulante électrique.

« Nous mesurons la perte que cela va représenter pour les victimes », a souligné Frédéric Bibal, avocat de plusieurs dizaines de victimes des attentats du 13 novembre 2015, en annonçant son décès au procès de ces attaques, qui se déroule en ce moment à Paris.

L’association Life for Paris, qui rassemble de nombreuses victimes de ces attentats, a elle salué dans un communiqué la « grandeur d’âme unique » de cette « femme d’exception », qui « a permis de faire de la France un exemple de la prise en charge des victimes » et apporté une « aide fondamentale » à l’association à ses débuts.

Femme à l' »énergie inépuisable » malgré « ses difficultés physiques », « sa dernière grande cause » était « que les victimes de catastrophes naturelles puissent elles aussi être bien indemnisées », a indiqué à l’AFP le président de cette association, Arthur Dénouveaux.

Elle était aussi membre de la mission de préfiguration du musée-mémorial du terrorisme qui doit voir le jour en 2027 et qui « lui tenait particulièrement à cœur », a-t-il ajouté.

« Sa voix ne s’éteindra pas », a assuré sur Twitter le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, tandis que Frédérique Calendra, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, a salué sa « pugnacité » et son « enthousiasme » dans ses combats. « Son ambition doit être notre héritage et notre boussole », a-t’elle ajouté.

Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale, ont indiqué ses proches.

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