Décès de Léa Rohatyn, survivante de la Shoah
De toute la famille, seules Suzanne et Léa, les deux filles aînées, sont revenues de déportation ; elle repose désormais en Israël
Léa Rohatyn, née Schwartzmann, rescapée d’Auschwitz-Birkenau, est décédée dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 septembre 2022 à l’âge de 97 ans, ont rapporté le Mémorial de la Shoah de Paris et le CRIF. Elle avait beaucoup témoigné et milité pour la mémoire de la Shoah.
Elle était née le 20 mars 1925, à Tinqueux, près de Reims, dans une famille juive française très patriote.
Sa mère Henriette était née à Reims en 1898 et son père, Michel, originaire de Ouman alors situé en Russie, a été naturalisé français en 1916. Il s’est engagé dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale.
Le couple a fondé une famille très nombreuse comptant 13 enfants : André, Suzanne, Léa, Simone, Robert, Antoinette, Jeanne, Pierre, Marcel, Maurice, Madeleine, Ginette et Marie-France.
Pendant la Seconde Guerre mondiale et l’occupation nazie en France, la situation s’est vivement tendue dans la petite ville de Tinqueux et le père de Léa s’est vu contraint d’abandonner son métier d’artisan-ébéniste et de travailler comme ouvrier. Surtout, la famille Schwartzmann, nombreuse, ne passe pas inaperçue, et est plusieurs fois dénoncée.
La Fondation a appris avec tristesse le décès de Léa Rohatyn, née Schwartzmann, déportée à 18 ans, le 3 février 1944, vers Birkenau. Seule survivante, avec sa sœur ainée, des 12 membres déportés de sa famille, elle a témoigné toute sa vie.
Toutes nos condoléances à sa famille. pic.twitter.com/Q7a7Avm7oI— Fondation pour la Mémoire de la Shoah (@Fondation_Shoah) September 20, 2022
Le 27 janvier 1944, aux aurores, la rue dans laquelle vivait la famille Schwartzmann a été bouclée par des Feldgendarmes. Ce matin-là, parents et enfants ont été arrêtés (à l’exception d’André, résistant, emprisonné en Espagne). Cette rafle a été l’une des plus importantes recensées dans tout le département de la Marne.
D’abord conduits à la prison de Reims, où ils ont été internés pendant deux jours, ils ont ensuite été transférés en autobus au camp de Drancy.
Cinq jours plus tard, la famille Schwartzmann a été déportée de Drancy vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n°67, datant du 3 février 1944. Léa avait alors 18 ans.
Les deux sœurs ont survécu au travail forcé à Birkenau, puis à la marche de la mort. Le 18 janvier 1945, elles ont été évacuées par les SS vers Ravensbrück, lors d’une marche terrible en raison du froid. Elles ont finalement été libérées en avril 1945 par les troupes américaines.
De toute la famille, seules Suzanne et Léa, les deux filles aînées, sont revenues de déportation.
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Après la guerre, Léa est revenue s’installer en France où elle a fondé sa famille, et travaillé dans la fourrure avec son mari. Sa sœur Suzanne est partie en Australie.
Léa a longuement témoigné et milité pour la mémoire de la Shoah, surtout auprès des élèves des écoles juives. Elle est aussi devenue une figure tutélaire de sa communauté, celle de la synagogue Rachi à Paris.
Sioniste, juive pratiquante, Léa Rohatyn « transmettait à chacun un enseignement de vie », a écrit le Mémorial de la Shoah. « Quel que soit l’âge de la personne à laquelle elle s’adressait, elle savait trouver les attentions, les mots justes pour qu’ils habitent ceux qui les écoutaient. Malgré les tourments, malgré la souffrance, Léa était porteuse d’une force incommensurable, d’une intelligence extraordinairement profonde. Sa beauté, sa pudeur, son élégance frappante et sa dignité infaillible l’ont accompagnée jusqu’à son dernier souffle. Le témoignage de son expérience qu’il ait été donné entier où par bribes persiste en ceux qui l’ont connue. »
Elle repose désormais en Israël.