Découverte d’un demi shekel bimillénaire datant de la révolte contre les Romains
La pièce, frappée par les rebelles et servant à payer la taxe au Temple de Jérusalem, a été trouvée dans une grotte lors d'une recherche de rouleaux de la Mer morte
Des inspecteurs à la recherche de rouleaux de la Mer morte ont récemment découvert une rare pièce d’un demi-shekel datant de 66 ou 67 de notre ère, la première année de la révolte juive contre les Romains. Cette pièce faisait partie de l’économie juive clandestine, a annoncé mardi l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA).
La pièce est gravée des mots « Sainte Jérusalem », en caractères hébraïques anciens plutôt qu’en grec vernaculaire de l’époque, un geste de défi en hommage à leur identité juive et à la décision de frapper les pièces de manière indépendante, a expliqué Yaniv David Levy, numismate à l’IAA.
« Pendant près de 200 ans, les fidèles ont effectué le pèlerinage à pied et ont payé la taxe appelée ‘taxe du demi-shekel’ avec des pièces d’argent », explique Levy. « Ces pièces semblent avoir été utilisées pour payer la taxe au Temple et soutenir l’économie parallèle pendant la révolte ».
La décision de frapper des pièces de manière autonome pendant la rébellion était un geste politique et une expression de l’identité nationale, selon l’IAA. À l’époque, seul l’empereur romain était habilité à frapper des pièces de monnaie, sur lesquelles figuraient presque toujours l’image de l’empereur au pouvoir et des animaux.
Les pièces frappées par les rebelles juifs présentent trois grenades sur une face et sur l’autre, un calice, semblable à celui qui aurait pu être utilisé par les prêtres dans le Temple, les mots « demi-shekel » et la lettre aleph, une datation en référence à la première année de la révolte contre les Romains.
« Cette pièce a peut-être été perdue par un rebelle qui parcourait les falaises du désert. Nous avons la chance de l’avoir retrouvée 2 000 ans plus tard et de pouvoir la restituer au public », explique Hagay Hamer, archéologue de l’Institut d’études sur le désert de Judée, un département de l’IAA. « La coutume de verser un demi-shekel de taxe au Temple a été préservée jusqu’à aujourd’hui par certaines personnes, qui l’accomplissent comme une mitzvah », autrement dit comme un commandement.
Les inspecteurs de l’IAA ont découvert la pièce dans la région de l’oasis d’Ein Gedi au cours d’une étude intensive de toutes les grottes d’Israël dans le désert de Judée, dans le but de découvrir et de documenter les découvertes archéologiques avant qu’elles ne soient volées par des pillards. Les inspecteurs ont passé les six dernières années à explorer les grottes, à pied et en descendant en rappel le long de falaises abruptes pour atteindre des grottes nichées à flanc de montagne. L’enquête est une initiative conjointe de l’Autorité israélienne des Antiquités, du ministère de l’héritage culturel et de l’unité d’archéologie de l’administration civile en Judée et Samarie.
« Au cours des six années qu’a duré le projet, nous avons recensé plus de 800 grottes et découvert des milliers d’objets importants », a indiqué Amir Ganor, directeur du projet d’étude et d’excavation du désert de Judée. « Sans cette étude, la pièce aurait pu être trouvée par des pilleurs d’antiquités pour être revendue sur le marché des antiquités au prix le plus élevé. »
Avant la révolte et leur décision de frapper leurs propres pièces, les anciens Juifs payaient la taxe du demi-shekel avec des pièces d’argent fin frappées à Tyr, au Liban », explique Levy. Pendant la révolte, les Juifs ont créé des pièces d’argent et de bronze représentant des shekels, des demi-shekels et des quarts de shekels, sur lesquelles était inscrite l’année de la révolte.
L’année dernière, des archéologues ont découvert d’autres pièces d’un demi-shekel datant de la même période à Jérusalem et en Cisjordanie. Des fouilles menées par l’Université hébraïque ont permis de découvrir une pièce sur le site de l’Ophel, dans la Vieille Ville de Jérusalem, une zone où avaient déjà été retrouvées plusieurs pièces de bronze datant de la dernière partie de la révolte.
Des archéologues de l’université Bar-Ilan ont découvert une autre pièce d’un demi-shekel, datant de la deuxième année de la révolte contre les Romains, sur le site archéologique de Khirbat Jib’it, juste au sud de la ville de Douma, en Cisjordanie.
L’IAA a annoncé la découverte de la pièce alors qu’Israël s’apprête à commémorer Tisha BeAv, un jour de jeûne juif, qui commence mercredi soir. Ce jour de deuil, l’un des plus sombres du calendrier juif, commémore, entre autres, la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains, ainsi que les dissensions internes et la haine au sein de la communauté juive qui ont contribué à cette destruction, selon la tradition.
« La découverte de cette pièce aujourd’hui nous rappelle ce qui s’est passé dans le passé et nous enseigne l’importance pour nous de faire des efforts pour rester unis », a déclaré Eli Escusido, directeur de l’Autorité israélienne des Antiquités.