Démission d’Alon Ushpiz aux Affaires étrangères ; un ancien du Shin Bet lui succède
Le ministère des Affaires étrangères nomme Ronen Levy, l'ancien responsable du Conseil national de sécurité pour le monde arabe et l'Afrique ; certains diplomates ne sont pas ravis
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Alon Ushpiz, directeur général du ministère des Affaires étrangères, a annoncé dimanche qu’il quittait son poste.
« Je consacrerai les semaines à venir à une passation de pouvoir complète et ordonnée, et à la conclusion d’un certain nombre de questions à l’ordre du jour », a écrit Ushpiz dans une lettre adressée au personnel du ministère des Affaires étrangères.
Ushpiz cédera ses responsabilités à Ronen Levy, un ancien de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et du Conseil de sécurité nationale, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen.
Le nom et la photo de Levy, 48 ans, qui a passé deux décennies au Shin Bet à s’occuper de la bande de Gaza, ont été publiés officiellement pour la première fois dans l’annonce faite dimanche par le bureau de Cohen.
Levy a gravi les échelons du Shin Bet, passant d’agent de terrain à chef de la zone de la bande de Gaza, avant d’être intégré au Conseil de sécurité nationale par son patron Meir Ben-Shabbat, un haut responsable du Shin Bet dans le sud d’Israël, devenu conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2017.
Sous Ben-Shabbat, Levy a dirigé le bureau des relations spéciales du Conseil de sécurité nationale, qui s’occupe des pays avec lesquels Israël n’a pas de relations officielles au Moyen-Orient et en Afrique. Connu sous le nom de code « Maoz » – ou forteresse – Levy a travaillé dans les coulisses en préparant le terrain pour les Accords d’Abraham de 2020.
Parlant couramment l’arabe, Levy a également été un acteur clé dans la relation de sécurité avec l’Égypte et l’établissement de liens personnels avec les hauts fonctionnaires marocains. Il a aussi développé des liens étroits avec des responsables au Soudan et au Tchad.
Dans une déclaration, Cohen a décrit Levy comme « l’une des personnes les plus expérimentées et les plus créatives en matière de connexion et de renforcement des liens internationaux pour Israël ».
« Il a fait ses preuves dans d’innombrables réalisations, dont toutes ne peuvent être rendues publiques », a déclaré Cohen.
La nomination de Levy ne manquera pas de susciter une certaine opposition au sein du ministère des Affaires étrangères et d’autres agences gouvernementales. Dans la période qui a précédé les accords d’Abraham, des hauts fonctionnaires anonymes du Mossad ont déclaré à la Treizième chaîne qu’ils en avaient assez des initiatives indépendantes du Conseil de sécurité nationale dans le monde arabe.
« Le Mossad n’aime pas les initiatives de Meir Ben-Shabbat et de Maoz visant à maintenir des liens avec les pays de la région tout en contournant le Mossad », a déclaré un responsable en 2019.
En représailles aux efforts de Levy, les responsables du Mossad se sont tenus à l’écart des réunions du Conseil de sécurité nationale dirigées par Ben-Shabbat pendant près d’un an.
De nombreux médias ont écrit sur les tensions que Ben-Shabbat et Levy avaient avec le chef du Mossad de l’époque, Yossi Cohen.
Certains fonctionnaires anonymes du ministère des Affaires étrangères ont eu une vision tout aussi sombre de Levy après l’annonce de sa nomination. « Il était coincé et ne tenait pas compte du ministère », a déclaré un fonctionnaire au site d’information Ynet. D’autres ont critiqué ses compétences interpersonnelles.
Dans le même temps, certains diplomates étaient plus optimistes quant à cette évolution. Ils considèrent la nomination de Levy comme un signe que Cohen a l’intention de confier au ministère des Affaires étrangères – et non au bureau du Premier ministre ou aux agences de renseignement – la direction des efforts visant à étendre les accords d’Abraham.
Ushpiz, ancien envoyé d’Israël en Inde, avait été nommé directeur général par l’ancien ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi en juin 2020.
Depuis que Cohen a pris ses fonctions au début du mois, certains signes indiquaient qu’Ushpiz ne resterait pas en poste. Lors de la réunion inaugurale de Cohen avec le personnel du ministère des Affaires étrangères le 2 janvier, Ushpiz a prononcé un discours laconique et s’est assis avec une expression nettement amère pendant que Cohen faisait ses remarques.