Démission d’un professeur juif de Columbia pour préjugés anti-Israël « systématiques » sur le campus
Le professeur de l'école de commerce Avi Friedman reproche à l'université d'avoir donné un cours sur Israël à un professeur qui s'est réjoui du pogrom du 7 octobre
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

NEW YORK – Un professeur juif de l’Université Columbia à New York a démissionné en raison de préjugés anti-Israël « systématiques » sur le campus.
C’est la semaine dernière qu’Avi Friedman, professeur adjoint à l’école de commerce de Columbia, a envoyé sa lettre de démission à la direction de l’université, a-t-il confirmé au Times of Israel.
La lettre était adressée à la présidente de Columbia, la Dre Katrina Armstrong, le professeur Costis Maglaras, doyen de l’école de commerce, et le professeur Tano Santos, directeur du Centre Heilbrunn, qui fait partie de l’école de commerce.
Dans cette lettre, Friedman explique démissionner en raison du climat qui règne sur le campus depuis le pogrom perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
La réaction de l’université à l’attaque du Hamas et aux manifestations qui ont eu lieu sur le campus « font qu’il est pour moi impossible, en toute conscience, de trouver une raison de rester à Columbia », a-t-il écrit.
« Au début, j’ai tout fait pour trouver des excuses : ces étudiants étaient mal conseillés et exerçaient après tout leur droit à la libre expression », a-t-il écrit. Mais cet effort de rationalisation ne suffit plus à masquer ce qui est devenu inexcusable et systématique. »
Friedman reproche à l’université d’avoir demandé à Joseph Massad, un professeur qui s’est ouvertement réjoui de l’attaque du Hamas contre Israël, de donner un cours sur Israël, ce qui représente pour lui un
« abandon total de toute forme d’intégrité universitaire et d’impartialité dans la connaissance ».
Le 8 octobre 2023, Massad, militant antisioniste de longue date, a applaudi l’attaque du Hamas, qu’il a qualifiée de « victoire stupéfiante » et
« impressionnante », reléguant les victimes au rang de « cruels
colonisateurs ».
Massad a été titularisé à Columbia en 1999 et enseigne depuis maintenant longtemps sur les questions liées à Israël et au Moyen-Orient.
Son cours sur Israël, intitulé « Politique et sociétés palestiniennes et israéliennes », s’est attiré de nombreuses critiques avant le début du second semestre de cette année universitaire. Ritchie Torres, membre du Congrès de New York, a déclaré : « Quelle est la prochaine étape à Columbia ? David Duke va donner un cours sur la lutte contre le
racisme ? »
Un autre professeur, Lawrence Rosenblatt, a annoncé sa démission en décembre dernier à cause de la programmation de ce cours. Quelques jours plus tard, Columbia publiait une déclaration disant que les propos de Massad sur l’attaque du Hamas avaient « suscité de la peine parmi la communauté et contribué à la profonde controverse sur le campus ».

Friedman a qualifié la déclaration d’ « inappropriée et fallacieuse ».
« Ses propos ne sont pas de simples dérapages », a-t-il écrit. « Ils représentent sa vision du monde, qu’il continue de promouvoir. »
« Il est une figure emblématique du mouvement pro-Intifada, ce que Columbia continue de laisser faire », a déclaré Friedman en expliquant être resté tout ce temps sur le campus afin de donner à entendre une « voix sioniste ».
« Mais l’université a clairement fait état de sa position en confiant à un antisémite radical connu de tous les moyens d’endoctriner des esprits impressionnables », a écrit Friedman. « Columbia est ni plus ni moins complice de ce programme idéologique. »
Friedman a ajouté que le rôle de Columbia en tant qu’« épicentre du mouvement pro-Intifada » aux États-Unis n’était pas un accident, mais le résultat d’« années de laisser-faire institutionalisé ». (L’un des leaders de la manifestation étudiante auteur de la phrase « Les sionistes ne méritent pas de vivre » a affirmé dans un récent document judiciaire que cette déclaration lui avait été inspirée par des lectures universitaires.)
« Les valeurs de Columbia sont désormais totalement incompatibles avec les miennes. Je ne peux plus associer mon nom à celui de cette
institution », a déclaré Friedman.
Friedman dispense un cours connu sous le titre « Credit Superhighway » : il a reçu un prix de l’école de commerce l’an dernier.
Columbia n’a pas souhaité s’exprimer au sujet de la démission de Friedman.
Les manifestations liées au conflit entre Israël et le Hamas ont plongé Columbia dans la tourmente, l’an dernier, jusqu’au campement non autorisé sur le campus, la prise de contrôle violente, par des manifestants, d’un bâtiment du campus et des dizaines d’arrestations. Selon des étudiants israéliens et juifs, les manifestations et discours, à commencer par ceux des professeurs, avaient créé un environnement hostile et dangereux pour eux sur le campus.
Les autorités universitaires ont eu du mal à faire revenir le calme et ont dû imposer des contre-mesures, dont un groupe de travail sur l’antisémitisme. Ces dernières semaines, le Service des affaires publiques de l’université a condamné à plusieurs reprises les infractions commises par les manifestants.
Au début du second semestre, le mois dernier, des manifestants masqués ont recommencé à manifester et perturber le cours d’un professeur israélien sur l’histoire israélienne – une alternative au cours de Massad.
Le sénat de l’université envisage d’interdire le port du masque sur le campus en réaction aux manifestations durant lesquelles il est largement porté.
La semaine dernière, l’alliance de protestation anti-Israël de Columbia a publié une vidéo « anonyme » montrant des militants en train de bloquer les égouts du campus et de vandaliser un bâtiment universitaire.
Le mois dernier, une professeure anti-Israël a quitté la faculté de droit de Columbia suite à une enquête des autorités universitaires ayant révélé qu’elle avait fait preuve de discrimination envers des Israéliens.
L’administration Trump a demandé aux universités de prendre des mesures contre l’antisémitisme sur les campus.