Des activistes déposent un mandat d’arrêt contre Saar lors de sa visite à Londres
Le ministre des Affaires étrangères est visé par 2 ONG pour une intervention militaire dans un hôpital de Gaza et la mise en détention de son directeur ; selon Jérusalem, il ne raccourcira pas son séjour

Deux ONG juridiques britanniques ont demandé mercredi la délivrance d’un mandat d’arrêt contre Gideon Saar, le ministre des Affaires étrangères, lors de sa visite à Londres. Elles accusent le plus haut diplomate israélien d’avoir commis des crimes dans la bande de Gaza pendant la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Saar ne peut pas se promener librement à Londres alors que des civils palestiniens innocents sont ensevelis sous les décombres. Il doit rendre des comptes pour son rôle dans le massacre des civils de Gaza », a déclaré Dyab Abu Jahjah, fondateur de la Fondation Hind Rajab (HRF), basée en Belgique, qui a déposé la demande d’arrestation aux côtés du Global Legal Action Network (GLAN), dont le siège est au Royaume-Uni.
Le ministre des Affaires étrangères « n’a aucune intention de raccourcir son voyage ni de modifier ses plans de quelque manière que ce soit », a déclaré le ministère des Affaires étrangères au Times of Israel en réponse au mandat d’arrêt, qui a été déposé auprès du procureur général et du directeur des poursuites publiques du Royaume-Uni, selon un communiqué conjoint des deux ONG.
« Les accusations portent principalement sur le rôle [de Saar] dans le siège de l’hôpital Kamal Adwan à Gaza », a écrit GLAN sur le réseau social X, qui a déclaré que cela avait conduit à « l’enlèvement et à des actes de torture » à l’encontre du directeur de l’hôpital, le Dr. Hussam Abu Safiya.
Israël avait arrêté Abu Safiya et près de 240 autres personnes lors d’un raid au sein de l’établissement hospitalier du nord de Gaza au mois de décembre 2024, alléguant que le Hamas l’utilisait comme centre de commandement.
L’armée a fait savoir qu’elle soupçonnait Abu Safiya d’être un membre du Hamas.

En février, le Centre Al Mezan pour les droits de l’Homme, une organisation palestinienne de défense des droits humains représentant Abu Safiya, a affirmé qu’il avait été victime de violences physiques répétées pendant sa détention en Israël.
Lancée en septembre 2024, la HRF identifie les soldats de Tsahal grâce aux contenus qu’ils sont amenés à diffuser sur les réseaux sociaux depuis leur service à Gaza. Elle alerte les forces de l’ordre locales lorsqu’ils se rendent à l’étranger afin de tenter de les faire arrêter et de les poursuivre en justice pour crimes de guerre.
Au cours d’une « visite privée » à Londres mardi, Saar a rencontré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy pour discuter du programme nucléaire iranien et des négociations visant à libérer les otages retenus à Gaza, selon un communiqué israélien.
La nature de cette visite pourrait avoir une incidence sur l’obtention de mandats d’arrêt, car selon le droit britannique, les Israéliens sont protégés contre de telles mesures s’ils sont en voyage officiel.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de libérer les otages.
Tsahal affirme prendre « de nombreuses mesures » pour minimiser les atteintes aux civils et souligne que le groupe terroriste viole systématiquement le droit international. Le Hamas exploite ainsi les institutions civiles et la population en les utilisant comme autant de boucliers humains pour ses activités terroristes, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
Il y a déjà eu des tentatives d’arrestation de responsables israéliens lors de voyages au Royaume-Uni, notamment contre l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni en 2009, lorsqu’un tribunal britannique avait émis un mandat d’arrêt à son encontre pour crimes de guerre présumés commis par l’armée israélienne lors d’un conflit de trois semaines à Gaza, avant une visite prévue. Finalement, Livni n’avait pas effectué son voyage et la menace d’une arrestation l’avait empêchée de se rendre au Royaume-Uni jusqu’à ce que les autorités accordent en 2011 l’immunité automatique à tous les Israéliens en visite officielle dans le pays.

Le Royaume-Uni a modifié sa législation afin de rendre plus difficile l’obtention de mandats d’arrêt contre des personnalités israéliennes en exigeant le consentement du directeur des poursuites publiques. Cette loi protège les personnes se rendant au Royaume-Uni dans le cadre de leurs fonctions officielles. Ceux qui voyagent à titre personnel restent vulnérables.
En 2015, Livni, alors membre de l’opposition à la Knesset, s’était à nouveau rendue au Royaume-Uni pour assister à un sommet des femmes. Des militants anti-Israël avaient demandé qu’un mandat d’arrêt soit délivré, car ils estimaient que cette visite était personnelle. Anticipant ce problème, Livni avait pris des dispositions pour rencontrer de hauts responsables du gouvernement britannique, ce qui avait permis au président de la Knesset d’approuver son voyage comme visite officielle, comme l’avait alors rapporté Yedioth Ahronoth.
L’année suivante, Livni était de retour au Royaume-Uni pour assister à une conférence. La police britannique l’avait convoquée pour un « entretien volontaire » au sujet de son implication dans la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza en 2008. Une demande qui aurait été abandonnée après un échange entre les diplomates israéliens et les diplomates britanniques qui lui avaient accordé l’immunité diplomatique.
En 2015, Shaul Mofaz, l’ancien ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée israélienne, avait failli être arrêté lors d’une visite à Londres. À l’époque, il avait été accueilli à l’aéroport par deux diplomates israéliens. Son arrestation avait été évitée grâce à l’intervention rapide de l’ambassade d’Israël à Londres et de l’ambassade britannique en Israël.