Des ados des communautés évacuées seront sur scène au Festival d’Israël
Dans le cadre du projet Music People, ces jeunes amateurs vont interpréter et enregistrer leurs morceaux avec des musiciens célèbres, tels Berry Sakharof ou Karolina
A l’occasion du festival d’Israël, en septembre prochain, de jeunes amateurs vont interpréter leurs compositions, accompagnés de musiciens israéliens de renom comme Berry Sakharof ou Karolina, dans le cadre de l’événement « The Music People » [NDLT : « Musique populaire »].
Cet événement tire son nom d’un projet de musique populaire lancé par le producteur Yuval Shafrir dans les semaines qui ont suivi le pogrom mené par le Hamas le 7 octobre, dans le but d’aider, avec l’appui de professionnels de l’industrie musicale, les jeunes talents musicaux dont la vie et le foyer ont été décimés ce jour-là.
Il s’agit d’une expérience professionnelle on ne peut plus salutaire en des temps difficiles pour ces adolescents, dont certains sont originaires de communautés du sud ou du nord évacuées depuis le 7 octobre. Se trouve par exemple parmi eux la petite-fille d’un otage qui a été tué en captivité à Gaza.
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Ce qui les unit, c’est leur talent musical, découvert et développé durant leur adolescence : C’est aussi ce qui les aide à tenir aujourd’hui.
« Ce groupe de jeunes — ce sont des jeunes, des enfants — est très talentueux », explique Shafrir, batteur et producteur de musique israélien à l’origine du projet The Music People en octobre dernier.
La musique a aidé ces jeunes à tenir bon, ces 10 derniers mois, explique Shafrir.
« Il y a cette génération de musiciens de la périphérie – pas de Tel Aviv – qui vit dans l’Israël d’hier et écoute Yoni Rechter. La musique qu’ils aiment est celle des années 1970 : cela a quelque chose de très pur, d’unique », poursuit-il.
Par le passé, le batteur et producteur Shafrir a joué avec Rechter et Arik Einstein. Il a même joué avec Sakharov et Rami Fortis pendant plus de 30 ans et, plus récemment, avec Gidi Gov. Il a aussi produit la bande-son du film de 1997 « Afula express », entre autres succès d’une carrière longue de plusieurs dizaines d’années.
Depuis 10 mois, il est aussi le fer de lance de The Music People, lancé dans les semaines qui ont suivi le pogrom du Hamas du 7 octobre en compagnie d’autres professionnels de l’industrie musicale dans le but d’aider les jeunes talents dont la vie et le foyer ont basculé ce jour-là.
« Nous avons fait de notre mieux pour comprendre et réagir à la situation », explique Shafrir. « Mes enfants ont plus ou moins leur âge : cette génération a vécu le coronavirus il y a de cela quatre ans, et maintenant ça. On les a privés d’un précieux moment de leur vie. »
Shafrir et Chaim Shemesh, lui aussi producteur de musique, ont lancé The Music People après s’être mis en contact avec les coordonnateurs d’éducation musicale du nord et du sud d’Israël. Ce sont eux qui se chargent de l’organisation des cours de musique dont bénéficient les élèves du secondaire ainsi que les conservatoires des zones les plus touchées.
Ils ont fini par découvrir ces quatre jeunes filles, qui ne les avaient pas attendus pour donner la pleine mesure de leurs talents musicaux.
Yaara Cohen, 16 ans, est une toute jeune chanteuse qui a dû quitter le moshav Ein Habesor, où elle vivait avec ses proches, dans le sud. Le professeur de musique qu’elle adorait, Shlomo Mathias, a été tué le 7 octobre.
Il y a aussi Talia Dancyg, 18 ans, autrice-compositrice-interprète dont le grand-père, Alex Dancyg, a été kidnappé et tué en captivité. Sa chanson, « Dragon of War », composée dans les 100 jours suivant l’enlèvement de son grand-père, comporte ce refrain : « Et plus le temps passe / Plus tu nous manques / Et plus le temps passe / Plus c’est dangereux. »
Il y a encore la chanteuse et pianiste Imri Sharif, âgée de 17 ans, qui a dû évacuer en octobre, avec ses proches, leur maison du kibboutz Gesher HaZiv, en Galilée occidentale, et vit depuis à Tel-Aviv. Elle a écrit sa chanson « Buried » avec son grand-père, Aaron Sharif.
Leur quatrième découverte s’appelle Agam Jeremy Bitton : âgée de 18 ans, elle est originaire du Moshav Gilat, dans le Neguev occidental, qu’elle n’a pas évacué suite au 7 octobre, car ses parents ont décidé de rester et d’aider leur communauté, qui a subi ses propres pertes.
Shafrir a rapidement mis sur pied un premier atelier après avoir rencontré les chanteuses à Tel Aviv puis produit leurs chansons avec l’appui d’autres musiciens, qui ont mis leur studio d’enregistrement à disposition.
Certaines ont enregistré leur titre avec leur propre groupe, et notamment ce tout jeune batteur qui a vécu le massacre du 7 octobre au kibboutz Nir Oz, mais qui « est bien là », explique Shafrir.
Ils ont travaillé très vite, souligne Shafrir, qui en est déjà à sa deuxième série d’ateliers avec six jeunes musiciens, dont cinq se produiront au Festival d’Israël.
C’est une expérience unique pour les jeunes musiciens, explique-t-il, en rappelant que cela leur permet de bénéficier d’une production musicale de qualité professionnelle et de se produire en direct, un très joli cadeau en somme, au moment où ils vivent les pires moments de leur jeune vie.
« Avoir 15 ans, venir d’un moshav du sud du pays et avoir l’opportunité de se produire à la Bibliothèque nationale avec Berry [Sakharov], c’est un rêve pour eux », confie Shafrir, en faisant allusion au concert déjà donné par Cohen en mai dernier et celui qu’elle donnera lors du prochain Festival d’Israël.
Et pourtant, souligne Shafrir, c’est aussi le 10ème mois de chagrin et de désespoir pour leur famille et leur communauté.
« Nous faisons maintenant un peu partie de leur famille », confie Shafrir, qui a rencontré les parents des jeunes musiciennes après la sortie de leur album.
« L’atelier sera toujours leur deuxième maison, pas pour gagner de l’argent mais pour leur apporter de l’affection et les soutenir. »
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