Des boîtes appartenant à un médecin nazi découvertes à Strasbourg
Les boîtes portant le nom d'August Hirt contiennent des préparations anatomiques de tissus humains et animaux
Des boîtes contenant des préparations anatomiques ayant appartenu à August Hirt, un médecin nazi, ont été récemment découvertes à l’université de Strasbourg dans le cadre des travaux d’une commission d’enquête scientifique, a-t-on appris lundi auprès de l’université.
Semblables à des mallettes, « une vingtaine de boîtes » portant le nom d’August Hirt et contenant des préparations anatomiques avec des prélèvements de tissus humains et animaux ont été découvertes à l’institut d’anatomie pathologique, a indiqué à l’AFP Mathieu Schneider, vice-président de l’Université de Strasbourg.
Les chercheurs veulent établir si ces préparations sont liées aux activités criminelles du médecin nazi pendant son séjour à Strasbourg entre 1941 et 1944.
« Ces boîtes appartenaient à August Hirt. L’analyse est en cours. Nous n’avons pas encore pu identifier la provenance de toutes ces lames », a précisé Schneider, s’exprimant au nom de la commission scientifique.
August Hirt voulait se constituer une collection de squelettes. Les restes de 86 personnes avaient été découverts à l’institut d’anatomie le 1er décembre 1944, après la libération de Strasbourg. Les victimes étaient des Juifs déportés et tués à Auschwitz. Les corps avaient été ramenés pour être disséqués sur ordre du professeur Hirt.
« Une partie de ces lames ne proviennent pas de l’époque nazie », certaines datent d’avant 1931, « des lames classiques qu’on faisait en anatomie, pour la diffusion des connaissances », a ajouté Schneider.
« Certes on a trouvé ces boîtes, certes elles sont notées Hirth, sinistre médecin nazi. Ce n’est pas pour autant qu’elle datent du nazisme et [qu’elles seraient] nécessairement liées à une activité criminelle », a souligné Schneider.
Durant l’Occupation, l’Université de Strasbourg, ses enseignants et ses étudiants s’étaient réfugiés à Clermont-Ferrand. Plusieurs dizaines avaient été raflés et assassinés.
« Ce que nous voulons, c’est la transparence, la prudence et l’indépendance du travail des chercheurs. Nous ne pouvons dire que ce dont nous sommes sûrs », a souligné l’universitaire.
160 thèses de médecine qui venant s’ajouter à 127 thèses déjà connues, certaines liés avec les thèses raciales et les expérimentations nazies, ont aussi été découvertes qui montrent que « l’université en place était une Reichsuniversität au service de l’idéologie nazie et d’un système politique absolument abominable » avec « une recherche intensive », a expliqué Schneider.
Il s’agit des premières découvertes d’une commission d’historiens mise en place à l’automne dernier pour dresser un inventaire des activités de la Reichsuniversität de Strasbourg sous l’Occupation.
Cette commission a été créé à la suite de la découverte inattendue à Strasbourg de restes de victimes juives de Hirth, en juillet 2015 à l’institut de médecine légale.