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Des centaines de manifestants demandent à nouveau la démission d’Abbas

Les Palestiniens de Ramallah appellent à "la chute du régime" ; contrairement aux rassemblements précédents, les forces palestiniennes se sont abstenus de disperser la foule

Des centaines de manifestants appellent à la fin du règne de 16 ans du dirigeant de l'AP Mahmoud Abbas lors d'un rassemblement à Ramallah, le 3 juillet 2021. (Crédit : Aaron Boxerman/The Times of Israel)
Des centaines de manifestants appellent à la fin du règne de 16 ans du dirigeant de l'AP Mahmoud Abbas lors d'un rassemblement à Ramallah, le 3 juillet 2021. (Crédit : Aaron Boxerman/The Times of Israel)

Des centaines de manifestants palestiniens ont appelé à la fin du règne de 16 ans du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, samedi, lors de la dernière manifestation déclenchée par la mort du critique de l’AP Nizar Banat.

« Abbas, dissous l’AP, et dégage de notre vue ! », ont lancé les manifestants en se frayant un chemin dans le centre-ville de Ramallah.

Alors que la manifestation s’échauffait, des centaines de manifestants ont commencé à scander : « Le peuple veut la chute du régime » et « Partez », des slogans associés aux révolutions arabes de 2011.

« Nous sommes pris entre l’Autorité palestinienne et l’armée [israélienne] », ont déclaré les manifestants.

Le rassemblement faisait partie d’une série de protestations déclenchées par la mort de Banat, un opposant de premier plan à l’Autorité palestinienne, alors qu’il était détenu par les forces de sécurité palestiniennes le mois dernier. Les manifestations s’étaient interrompues à la suite d’une répression sévère des forces de sécurité de l’AP au début de la semaine dernière.

Les Nations unies et les groupes de défense des droits des Palestiniens ont accusé les forces de l’Autorité palestinienne d’avoir attaqué les manifestants lors de rassemblements précédents. La manifestation de samedi s’est toutefois dispersée dans le calme, sans qu’aucune violence ne soit signalée.

Si les manifestations ont été déclenchées par la mort de Banat, la frustration à l’égard de l’Autorité palestinienne ne cesse de croître depuis des mois. En avril, Abbas a annulé le premier vote national palestinien prévu depuis plus de 15 ans. Ensuite, pendant le conflit de 11 jours entre Israël et le groupe terroriste du Hamas en mai, l’AP s’est largement abstenue de s’impliquer, une position que de nombreux Palestiniens ont perçue comme une faiblesse.

L’AP, y compris Abbas, est largement considérée par les Palestiniens comme autocratique et corrompue. Les sondages révèlent régulièrement qu’une majorité de Palestiniens demandent la démission d’Abbas.

La mère de Nizar Banat porte une photo de son fils lors d’une marche appelant à la démission du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le 3 juillet 2021. (Crédit : Aaron Boxerman/The Times of Israel)

Lors de la manifestation de samedi, les manifestants ont parcouru en boucle le petit centre-ville de Ramallah avant de se diriger vers les bureaux présidentiels d’Abbas. Des rangées de policiers anti-émeute blindés se tenaient derrière une barricade, les empêchant d’avancer davantage.

Les manifestants se sont assis dans la rue, chantant et demandant la démission d’Abbas, avant de se disperser pacifiquement.

La mère de Banat a participé à la manifestation, brandissant une photo de son fils décédé alors qu’elle défilait dans les rues de Ramallah. Lorsqu’elle est arrivée, accompagnée d’autres membres de sa famille, les manifestants ont applaudi à tout rompre.

« Le sang de Nizar ne se négocie pas », a-t-elle déclaré aux journalistes.

Mohammad, un homme de 37 ans qui travaille à Ramallah, a déclaré qu’entendre les manifestants appeler à la chute de l’AP « [le] rend heureux, il n’y a pas d’autre façon de le dire ».

« Je suis membre du Fatah, et j’ai voté pour Abbas en 2006, mais à ce stade, Abbas devrait soit organiser des élections, soit simplement partir », a déclaré Mohammad en marge de la manifestation. Il a demandé que son nom de famille ne soit pas divulgué par crainte de représailles de la part de la police de l’AP.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles la manifestation était relativement calme, Mohammad a cité la crainte suscitée par la répression exercée la semaine dernière par les forces de sécurité : « Les gens ont très peur de sortir dans la rue. »

Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne empêchent les manifestants de s’approcher des bureaux du président de l’AP Mahmoud Abbas, le 3 juillet 2021. (Crédit : Aaron Boxerman/The Times of Israel)

Banat, un militant d’Hébron bien connu pour ses vidéos cinglantes critiquant les dirigeants palestiniens, est décédé fin juin à la suite d’une descente d’agents de l’Autorité palestinienne à son domicile. Selon sa famille, les forces de sécurité l’ont violemment battu et l’ont traîné au loin. Deux heures plus tard, ils ont été informés qu’il était mort.

En réaction, des manifestations éparses ont éclaté à Hébron et à Ramallah pour demander la fin du régime d’Abbas. À Ramallah, les forces de sécurité ont dispersé les premiers rassemblements avec des gaz lacrymogènes. Lors d’un rassemblement dimanche dernier, des officiers en civil ont battu des manifestants et pris pour cible des journalistes, selon des groupes de défense des droits des Palestiniens.

Les Nations unies ont condamné la répression et ont exhorté l’AP à permettre aux manifestants pacifiques de manifester librement.

« Le week-end dernier, nous avons été témoins de l’utilisation de la force par les forces de sécurité palestiniennes contre des manifestants initialement tout à fait pacifiques, notamment en les frappant avec des matraques et en tirant des gaz lacrymogènes et des grenades paralysantes », a déclaré jeudi Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.

L’enquête sur la mort de Banat, menée par le ministère de la Justice de l’Autorité palestinienne et ses services de renseignement militaire, s’est achevée mercredi soir. Ses conclusions n’ont pas encore été rendues publiques, bien que 14 personnes aient été déférées au ministère de la Justice la semaine dernière, a déclaré un porte-parole des services de sécurité de l’AP.

La famille Banat a déjà déclaré qu’elle n’accepterait pas les résultats de l’enquête officielle de l’AP, qu’elle qualifie d’illégitime et de partiale. Un représentant de la famille et un important groupe palestinien de défense des droits de l’homme se sont tous deux retirés du processus.

La mort de Banat a suscité de vives réactions de la part de la communauté internationale. L’envoyé des Nations unies au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a déclaré que les « auteurs de cet acte doivent être traduits en justice », tandis que les États-Unis se sont dits « profondément troublés » par sa mort.

« La violence sous toutes ses formes à l’encontre d’opposants politiques pacifiques, de militants, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme est inacceptable », a déclaré l’envoyé de l’Union européenne, Sven Kuhn von Burgsdorff, dans une déclaration faisant suite à une visite à la famille Banat pour lui présenter ses condoléances.

Nizar Banat, un critique de l’Autorité palestinienne, parle aux journalistes dans la maison familiale, dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, le 4 mai 2021. (Crédit : AP/Nasser Nasser)

Les responsables de Ramallah se sont hérissés des condamnations internationales.

« Le peuple palestinien a besoin d’être protégé de l’occupation, pas de la tutelle de qui que ce soit », a tweeté un haut responsable de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, un proche conseiller d’Abbas, faisant référence à Israël.

Le Fatah, le parti au pouvoir dirigé par M. Abbas, a organisé un contre-rassemblement à Hébron pour exprimer son soutien au président. Des milliers de personnes se sont rassemblées dans la métropole de Cisjordanie, brandissant les drapeaux jaunes distinctifs du mouvement.

Des milliers de militants du Fatah se rassemblent lors d’un rassemblement de soutien au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, le 3 juillet 2021. (Crédit : WAFA)

La télévision officielle de l’AP a couvert le rassemblement d’Hébron et a ignoré celui du centre-ville de Ramallah.

« Le Fatah a son mot à dire à Hébron, pour défendre notre projet national, l’unité de notre peuple et sa force nationale », a déclaré al-Sheikh.

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