Des femmes juives américaines manifestent devant le bureau de la cheffe d’UN Women
Des centaines de femmes ont manifesté dans le centre de Manhattan dans la matinée de la Journée internationale des droits des femmes, réclamant le retour des otages et la reconnaissance des violences sexuelles des terroristes du Hamas

NEW YORK — Plus de 200 femmes – et quelques hommes – ont passé la matinée de la Journée internationale des droits des femmes à manifester devant le bureau de la directrice d’UN Women, Sima Bahous, qui se trouve dans le centre de Manhattan. Les protestataires ont brandi des drapeaux israéliens et les photos des 19 femmes qui sont encore retenues en otage par le Hamas dans la bande de Gaza, depuis le massacre qui a été commis par le groupe terroriste sur le sol israélien, le 7 octobre.
Aux cris de « Ramenez-les à la maison maintenant ! » et « Honte !, » l’assistance a écouté les discours prononcés par des intervenants – rabbins, proches des otages et célébrités – qui ont tous interpellé le bureau d’UN Women, mis en cause son inaction en faveur de la libération des femmes otages qui sont encore retenues en captivité dans la bande de Gaza.
« L’organisation UN Women ne considère pas qu’il est de son devoir de se préoccuper de la sécurité des femmes israéliennes », a clamé l’organisatrice du rassemblement, Shany Granot-Lubaton, aux participantes, utilisant un mégaphone. « Pas de problème si nous sommes violées, si nous sommes assassinées. Pas un mot de la part de la dirigeante d’UN Women sur ce qui est arrivé à nos sœurs ».
« Croire toutes les femmes, c’est une promesse féministe à l’égard de toutes les femmes », a ajouté Granot-Lubaton. « Nous nous soucions de toutes les femmes, chacune d’entre elles, et nous demandons à cette organisation de s’inquiéter des Israéliennes ».
Merav Mor Raviv, la nièce de l’otage Avraham Munder, a indiqué au groupe qu’en tant que libérale, elle trouvait particulièrement difficile « de voir le monde nous ignorer, nous nier tous, de voir le monde nous faire porter le chapeau quand nous signalons des viols brutaux et des violences sexuelles ».
« C’est pourtant encore la réalité que vivent les femmes israéliennes en captivité », a-t-elle noté. Se tournant en direction du siège d’UN Women, derrière elle, elle a interrogé : « Où étiez-vous ? Où êtes-vous en ce moment ? Nous nous sentons seules dans ce combat ».

Il y a eu de nombreuses informations portant sur des viols et sur des crimes sexuels commis à l’encontre des survivants, des survivantes et des victimes du massacre du 7 octobre – ce jour-là, des milliers de terroristes avaient franchi la frontière et ils avaient semé la désolation dans le sud d’Israël, tuant 1200 personnes, des civils en majorité. Des violences sexuelles qui ont aussi été subies par les otages conservés en détention à Gaza – 253 personnes avaient été kidnappées – et qui seraient encore exercées contre les 134 captifs qui se trouvent entre les mains du Hamas.
Si UN Women, le groupe de défense des droits des femmes des Nations unies, avait émis un communiqué, le 13 octobre, condamnant le meurtre des civils israéliens lors de l’attaque, l’agence avait ensuite concentré tous ses efforts sur la situation critique des Palestiniens à Gaza, oubliant de mentionner les violences sexuelles commises par le Hamas pendant presque 50 jours. Le post où UN Women dénonçait ces abus sur les réseaux sociaux avait, par ailleurs, été rapidement supprimé.
Le père de l’otage israélien Tal Shoham, Gilad Shoham, qui portait un tee-shirt à l’effigie de son fils, s’est brièvement exprimé, implorant UN Women de se battre « pour la libération immédiate des femmes ».
Marisa Shemi, dont une proche, Naama Levy, est en captivité à Gaza, a lu une lettre de la mère de l’otage, Ayelet Levy Shachar, devant la foule.

« Vous connaissez tous ma Naama », a-t-elle lu, évoquant la vidéo de triste mémoire montrant la jeune femme emmenée en captivité dans la bande de Gaza, le pantalon taché de sang. « Ce sont des moments horribles qui ont fait de ma fille Naama notre fille à tous ».
« Nous devons être sa voix – la voix interdite d’une jeune fille conservée en détention par le Hamas depuis cinq mois », a continué Shemi, alors que les femmes, dans l’assistance, hochaient la tête en signe d’assentiment et s’essuyaient les yeux.
Deux rabbins, Diana Fersko and Avi Weiss, ont prononcé deux allocutions distinctes.
Le cri de ralliement « Ramenez-les à la maison », a dit Fersko, « est devenu comme la ‘Shema’ pour notre peuple », en référence à la prière fondatrice du Judaïsme qui est omniprésente. « C’est notre mantra, c’est notre demande et c’est notre espoir désespéré ».
« Nous sommes scandalisées par les violations des corps qui continuent et nous demandons à ce que les femmes juives soient protégées », a-t-elle ajouté.
Weiss a sollicité l’assistance, lui demandant de dire, après le nom de chaque femme gardée en otage, « ani omed/omedet itach, » ce qui signifie « Je suis avec toi » en hébreu.
« Ils sont tombés au niveau le plus bas – nous ne savons même pas qui est en vie et qui est mort », a-t-il ajouté.

L’activiste juive Lizzi Savetsky, qui est aussi influenceuse sur les réseaux sociaux et qui a brièvement participé à l’émission « Real Housewives of New York », a dit à la foule réunie qu’elle revenait tout juste d’une visite en Israël et qu’elle s’était rendue, à cette occasion, au kibboutz Nahal Oz où elle a eu un aperçu direct de l’horreur du 7 octobre.
« Il y a eu 154 jours de silence, de déni, d’hypocrisie, de lâcheté », a-t-elle affirmé. « C’est immonde. Je n’ai jamais été aussi scandalisée ».
« Votre antisémitisme apparaît au grand jour et nous n’allons pas prendre votre défense », a crié Savetsky à l’aide d’un mégaphone vers le bâtiment hébergeant les locaux d’UN Women.
Savetsky a confié au Times of Israel que « chaque jour qui passe dorénavant, mon cœur se brise davantage ».
« Comment puis-je continuer à vivre comme si tout était normal ? », s’est-elle interrogée, disant que son déplacement récent au sein de l’État juif « a fait naître une flamme plus puissante en moi qui me détermine à me battre au nom de ces femmes ».
Des camions qui passaient occasionnellement ont klaxonné pour soutenir les manifestantes présentes dans la 42e rue, alors que l’écho des slogans du groupe résonnait sur les immeubles adjacents.
Les personnes présentes ont indiqué que même si le rassemblement avait été organisé au début d’une journée de travail, elles avaient eu le sentiment qu’il était important d’être là.

« Depuis le 7 octobre, c’est tellement difficile de trouver un moyen d’être utile », a déclaré au Times of Israel Michele Alexander, qui habite New York. « J’espère que notre présence ici, aujourd’hui, apportera ne serait-ce qu’une once de réconfort aux familles des otages en leur faisant savoir qu’elles sont soutenues ».
Estimant qu’il était « incroyable » que la crise des otages entre dans son 154e jour, Alexander a évoqué « une crise humanitaire ».
Arianne Storch, qui habite elle aussi New York, a dit qu’elle était venue à la manifestation pour s’opposer au silence des Nations unies.
« Toutes ces organisations des Nations unies et féministes ont gardé un tel silence », a-t-elle indiqué. « C’est même pire, elles ont nié les violences sexuelles de manière active. C’est dur de vivre en Amérique et d’être si loin. Et c’était donc très important pour moi d’être ici aujourd’hui, de m’exprimer. Les Juives, y-compris moi-même, nous avons défendu les droits des femmes et les mouvements de justice sociale en permanence, et il est réellement décevant de constater que toutes ces organisations, tous ces mouvements ont gardé le silence au moment où nous avions besoin qu’ils nous aident. »
« Je suis ici pour afficher mon soutien aux Israéliens et aux familles des otages », a continué Storch. « Ils ne sont pas seuls ».