Des femmes privées d’abri sous les missiles du Hamas à Ashdod
L’Administration des Tribunaux rabbiniques dénonce et retire les panneaux au Tribunal rabbinique d’Ashdod indiquant les zones seulement pour les hommes

A la suite d’une plainte déposée mercredi par le député travailliste Stav Shaffir, l’Administration des Tribunaux rabbiniques a ordonné d’enlever les panneaux au Tribunal rabbinique d’Ashdod précisant que les abris bombes étaient uniquement réservés aux hommes.
« L’idée que des femmes qui cherchent un abri de sécurité sous le feu des roquettes et trouvent une porte close juste parce qu’elles sont des femmes est impensable », a déclaré Shaffir dans un communiqué de presse publié aujourd’hui.
Shaffir a formulé sa plainte au Département religieux du ministre Naftali Bennett et à l’assistant du procureur Dina Zilber, exigeant qu’ils fassent le nécessaire pour que la ségrégation de genre n’ait pas lieu en ce qui concerne les abri bombes et les chambres de sécurité partout dans le pays.
Selon les informations médiatiques, l’Administration des Tribunaux rabbiniques a réagi rapidement et ordonné de retirer les panneaux. Elle a rejeté la responsabilité des panneaux sur « les initiatives privées d’un employé ignorant la gestion » et déclaré qu’elle prendrait les sanctions disciplinaires contre ceux impliqués.
« Dans la pratique, la ségrégation de genre n’était pas mise en place, et ne le sera pas lorsqu’il s’agit des abris », a déclaré l’administration.
La présence de panneaux au Tribunal rabbinique d’Ashdod a été attirée à l’attention de Shaffir grâce à Sefi Shalem, une volontaire dans son bureau qui était allée visiter l’immeuble.
« Il y avait le panneau montrant la direction de l’espace protégé, et en dessous ce panneau, il y en avait un autre indiquant que c’était seulement pour les hommes », a déclaré Shalem. « Il y avait également des panneaux à l’entrée de la zone de sécurité précisant que l’accès était réservé aux hommes ».
Selon Shalem, la zone de sécurité pour les femmes n’était pas du tout renforcée. Elle était située parmi les salles normales du tribunal, ses portes étaient verrouillées par un code. « Cela ne ressemblait pas à une zone de protection du tout », explique-t-elle.
« Il y a toutes sortes de ségrégation et de discrimination de genre en Israël, mais cet exemple est particulièrement frappant à cause de danger de mort direct de la situation », souligne Elana Maryles Sztokman, une universitaire féministe orthodoxe, auteure du livre à paraître bientôt, La guerre contre les femmes en Israël.
« On ne peut pas dire que cela fait partie de notre culture. Comment pourrions-nous être d’accord d’exposer des femmes aux tirs de roquettes ? » dit-elle.
Shaffir est d’accord que des préoccupations de pudeur ne doivent pas piétiner les obligations de sécurité.
« Tout le monde a le droit de défendre ses croyances ou ses habitudes, mais pas quand c’est aux dépens de la sécurité personnelle des autres », déclare-t-il. « La discrimination contre les femmes est incorrecte dans tous les cas, mais lorsque cela les empêche de se protéger, c’est plus qu’incorrect, c’est aussi dangereux ».
Ce n’est pas la première fois qu’il y a eu des cas où des femmes n’ont pas été autorisées à entrer dans les abris. Selon Sztokman, la ségrégation des abris n’est qu’un seul exemple des efforts pour créer des espaces totalement interdits aux femmes en Israël.
« Avec d’autres personnes, nous essayons de recenser toutes ces éléments, mais c’est impossible de tous les connaître. Il faudrait des yeux et des oreilles partout et une volonté de recenser tous ces incidents. On n’en parle que lorsque les gens sont vraiment choqués, » explique-t-il.
Sztokman, qui apprécie la réaction rapide et sans équivoque de l’Administration des Tribunaux rabbiniques, attend de voir si ce dernier incident provoquera un électrochoc général dans l’opinion publique.
« Le fait qu’un bureaucrate mette un panneau sans y penser montre simplement à quel point les gens sont devenus désensibilisés et à quel point la ségrégation de genre est développée ici. C’est tellement banal, cela m’effraie ».